Superfrancofête : Goût du Québec
Les délégations étrangères rapportent dans leurs bagages le « goût du Québec ».
Québec. – Le premier festival international de la jeunesse francophone a pris fin samedi, 24 août 1974, par une journée d’adieu qui a mobilisé des foules considérables, et soulevé une dernière fois l’enthousiasme et l’émotion.
Dix mille personnes, selon la Sûreté du Québec, ont assisté samedi soir au spectacle de clôture – moins « international »que prévu, mais néanmoins assez sensationnel.
Entre quinze et vingt mille personnes ont cassé la croûte sur les Plaines d’Abraham, avant le spectacle, en compagnie des délégués de 25 pays.
Plus tôt, à compter de 16 heures, les délégations nationales (à l’exception de celle du Dahomey), ont défilé dans les rues du Vieux-Québec pour saluer la ville hôte. Quinze mille jeunes Québécois se sont joints au défilé, selon la police municipale de Québec, tandis que 50,000 spectateurs massés sur les trottoirs ont rendu aux marcheurs leurs saluts d’amitié.
Merci, merci
À l’hôtel de ville, les autorités ont remis à chacun des délégués inscrits au festival une médaille- souvenir pour les remercier de leur « fantastique contribution » au succès de la Superfrancofête. La foule tapait frénétiquement des mains au rythme de ces tam-tams qui ont fait partie pendant douze jours de la vie quotidienne à Québec.
« Merci, merci », criaient les Québécois aux visiteurs étrangers qui défilaient une dernière fois dans leurs rues. Échaudée, la délégation canadienne, c’est-à-dire ontarienne, manitobaine et acadienne, défilait elle sans identification. Appuyée par les marcheurs-manifestants qui se pressaient derrière, la délégation québécoise eut droit bien sûr aux plus fortes ovations. Une grandes banderole disait : « Au revoir mon frère », « Quand tu reviendras, nous seront libres », ajoutait une autre.
Les délégations étrangères, il faut le dire, n’étaient pas au grand complet; la fatigue des spectacles et des compétitions qui se sont succédés à un rythme presque inhumain avait fait des victimes.
C’est également cette fatigue, voire cet épuisement universel qui a empêché le grand spectacle d’adieu d’être véritablement international. On avait imaginé de monter un spectacle-synthèse où on aurait réuni les meilleurs artistes de tous les pays. Trop long et trop compliqué; l’idée fut abandonnée.
Vendredi, on avait trouvé un substitut prometteur: un groupe de musique québécois serait sur la scène pour donner un « rythme d’appel » auquel, tour à tour, auraient répondu les groupes de musiciens de divers pays. Cela n’a pas marché.
Épuisés par le nombre invraisemblable de « performances’ – surtout par celles qui n’étaient pas au programme et qui leur étaient arrachées à l’improviste par les fêtards, – les formations nationales n’étaient pas en mesure de consentir à l’ultime effort que la Superfrancofête leur demandait.
Décevant, sans doute, mais personne n’avait le goût de blâmer qui que ce soit.
(Publié dans La Presse, le 25 août 1974).