Gendarmerie Royale canadienne met fin aux activités du gang Provençal
Ils sauront ce qu’ils disaient l’un de l’autre : Des surprises attendent les membres du gang Provençal grâce à l’écoute électronique.
Les neuf accusés appréhendés par la Gendarmerie Royale en rapport avec les opérations d’un vaste réseau d’importation et de vente de cocaïne ayant des ramifications jusqu’en Amérique du Sud, ont comparu hier après-midi devant le juge Guy Guérin, et tous les prévenus ont alors reçu un «pensum» d’importance pour la fin de semaine. Soit la lecture, volontaire si l’on veut, d’un bouquin grand format de 1,129 pages.
Pour se conformer aux exigences de la loi, le procureur de la GRC, Me Jacques Letellier. a en effet livré aux avocats de la défense, Mes Pierre Morneau, Frank D. Shoofey, Gary Martin et Sydney Leithman, la «somme» de toutes les conversations téléphoniques interceptées par ce corps de police, au cours de sa longue enquête dans cette affaire. La GRC veut s’en servir en preuve.
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Nombre de ces conversations contiendraient des révélations désagréables pour plusieurs des prévenus. Notamment quant au comportement de leurs complices… dans leur dos.
C’est ainsi que l’un des chefs du réseau avait enseigné à ses aides qu’il fallait toujours l’appeler «Monsieur».
C’est donc ce qu’ils faisaient lorsqu’ils l’avaient à l’autre bout de la ligne.
Mais lorsqu’ils se libéraient de son appel pour communiquer avec quelqu’un d’autre, le gentil Monsieur qui les commandait devenait alors, paraît-il, «le gros c… » , ou quelque chose du genre.
Et même au cours des premiers entretiens, Monsieur prenait des détours de Sioux pour échapper à l’identification. Pourtant ilsemble que les réactions subséquentes de ses séides seraient fortement de nature à le démasquer.
C’est donc dire que les lecteurs avides de la fin de semaine pourraient trouver prétextes à forts ressentiments dans l’un ou l’autre des «tomes» qu’on leur a remis.
Faisant tous face à une accusation unique, soit celle d’avoir conspiré pour importer une formidable quantité de cocaïne. On l’évalue à plusieurs millions. Pourtant ls frères Bernard et Pierre Provençal, Serge Leduc, Gabriel et Margot Bellini. Tout comme Armand Bellini, Michel Telmosse, Jean Tessier, Réjean Tremblay et Jean-Claude Paquin, ont tous nié leur culpabilité et choisi procès devant jury.
Seule Mme Margot Bellini a été relâchée immédiatement, la Couronne n’y ayant aucune objection.
Quant à tous lés autres, qui étaient entrés à la queue leu leu dans le box dans un étrange bruit de chaînes et de menottes, ils reviendront en cour pour leur enquête sous cautionnement mercredi prochain. Alors qu’ils auront tout « lu », personnellement ou par le truchement de leurs procureurs.
(C’est arrivé le 4 octobre 1980, samedi. Texte de Léopold Lizotte paru dans La Presse).
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