Forçats brisent leurs chaînes

Deux forçats armés brisent leurs chaînes

Évasion de deux forçats : Louis Eumène, voleur de calices, et Jos. A. Filiatrault, cambrioleur, s’évadent du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. – Le gardien Paul Blondin assommé par les deux fugitifs au moyen d’une pelle

Saint-Vincent-de-Paul – C’est la ferme du gouvernement, située sur les confins du rang Saint-François, que les forçats Filiatrault et Eumème ont choisie pour le théâtre du coup d’audace qui a eu pour eux un résultat jusqu’à présent heureux.

C’est là qu’on envoie travailler les forçats dont la conduite est bonne. Là-bas que, pour dédommager ce malheureux des jours passés au fond des sombres cachots, on leur permet d’aller, sous la surveillance de leurs gardes, travailler aux travaux rustiques de la ferme. Aussi en même temps d’aller respirer le grand air des champs. C’est une faveur que l’on n’accorde qu’aux prisonniers dont le terme d’emprisonnement est sur le point d’expirer.

Le 28 mars 1904, après midi, une trentaine de forçats étaient sur la ferme du gouvernement, travaillant aux bâtiments de la ferme. On les divisa en groupes de cinq ou six prisonniers, et chaque groupe était sous la surveillance d’un garde armé d’une carabine et d’un revolver. Le groupe dans lequel se trouvaient les forçats Filiatrault et Eumène était composé de sept forçats et était sous la surveillance du garde Paul Blondin. Ce groupe se trouvait hier (28 mars), le plus éloigné du pénitencier. Il en était éloigné d’environ un mille.

Évasion de deux forçats

Les pauvres forçats, bien que pouvant sans entrave voir autour d’eux l’horizon, n’en voyaient pas moins, à un mille de là, le sombre édifice qui leur avait caché si longtemps cet horizon et où, fatalement, ils devaient retourner. De combien de pensées leurs têtes ne s’emplirent-elles pas durant cette journée ensoleillée de printemps? Combien la liberté dût leur apparaître belle et désirable?

À cinq heures, on donna le signal du départ. Groupe par groupe, les forçats revinrent au pénitencier dans des gros traîneaux de service.

Le groupe du garde Paul Blondin fut le dernier à se mettre en route. Un à un, cinq des forçats montèrent dans la voiture sans mot dire. Vint le tour des forçats Eumène et Filiatroult. C’est que le drame commença. Ce fut là le moment choisi par les deux forçats pour recouvrer leur liberté.

Avant qu’on eût eu le temps de voir d’où partait le coup, le garde Paul Blondin tombait assommé sur le sol, il avait reçu sur la tête un coup de pelle fermement appliqué. Les autres prisonniers qui restaient dans la voiture, témoins de cet assaut meurtrier, ont senti la frappe de terreur. Les deux forcenés se ruèrent sur le pauvre garde et le désarmèrent. L’un prit la carabine, et l’autre son revolver. Eumène et Filiatrault étaient, dès lors, maîtres de la situation.

Pris de compassion, les cinq autres forçats s’empressèrent auprès de Blondin qui baignait dans son sang et lui prodiguèrent leurs soins.

Eumène et Filiatrault ne perdirent pas de temps. Ils montèrent seuls dans la voiture « et marche la grise! » En route pour la liberté… » Ils prirent la direction de Terrebonne.

(C’est arrivé le 28 mars 1904).

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Pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, photo des années 1920, libre de droits.

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