Enquête pour ressusciter les morts

Enquête pour ressusciter les morts de Saint-Jacques

Chronique judiciaire du mardi, 7 novembre 1944

On retrouve Ti’Jean mais Maître Oscar Gagnon n’était pas là!

Cette fameuse enquête pour ressusciter les « morts de Saint-Jacques » – Maître Gagnon avait promis d’en finir hier – Nouvel ajournement demandé – On tente peut-être de retracer les 73 gangsters du comité de l’honorable Omer Côté

Ti’Jean est retrouvé !

Enfin Me Oscar Gagnon, c.r., avocat en chef du ministère public, va pouvoir tenter de ressusciter les « morts de Saint-Jacques », élargis faute de preuve sous des chefs de tentative de meurtre, dans le cas de Carmini Rossi et de dommages à la propriété au magasin de tabac de sieur Adam Ciarello et au salon de barbier de sieur Savario Policeno, l’après-midi du 8 août dernier, dommages qu’auraient causés Carmini rossi, Bob Birno et Johnny Young.

Maître Gagnon, réussira-t-il ? Voilà une autre paire de manches. Si Ti’Jean est retrouvé, dame rumeur semble vouloir insinuer qu’il ne sait rien des dommages causés. Au moment de cet ouragan électoral, le petit cireur de bottes serait allé faire une course. Enfin nous verrons.

On se souvient que lundi dernier Maître Gagnon, c.r., avocat en chef du ministère public, et nommé par le cabinet des vingt-et-un (21) déclarait au juge T.-A. Fontaine, président à l’audience des enquêtes judiciaires de Rossi, Birno et Young, toujours au sujet de ces dommages.

« Cela saute aux yeux que les plaignants ont de la mauvaise volonté et ont même refusé de donner des renseignements à la pouce. Il n’y a aucune espèce de collaboration et il nous a été impossible d’obtenir même les noms des employés des établissements dévasté et qui se trouvaient là lors de la visite des inculpés. Si d’autres causes connexes ont été abandonnées, faute de preuve, il faut tenter de la trouver cette preuve et cela dans l’intérêt public. Deux de ces affaires, étaient des accusations de tentative de meurtre. Il faut une enquête complète afin de protéger les citoyens. »

Voilà qui est bien parlé! Espérons cependant, « dans l’intérêt public » et pour « protéger les citoyens », que Me Oscar Gagnon déterrera aussi les 73 supposés gangsters, la plupart des noirs, accusés de port d’arme illégal, tous appréhendés dans le comité central de l’honorable Omer Côté, secrétaire de la province, puis libérés à la demande même de Me Oscar Gagnon devant le juge C.-E. Guérin, le ministère public déclarant, avec suavité, qu’il ne pouvait offrir de preuve conter la « gang » au pétillant Omer. À l’arrivé de la Sûreté provinciale, toutes les armes de ces braves étaient sur le parquet et n’appartenaient plus à personne.

Pour revenir à Rossi et al, disons qu’hier, le ministère public demandait un autre ajournement dans cette affaire célèbre et le juge Fontaine fixait la date de l’enquête au 13 novembre. Pourtant c’est bien Me Gagnon, toujours lundi dernier, le 30 octobre, qui déclarait au tribunal :

De toute façon je disposerai de la cause la semaine prochaine.

C’est aussi Maître Oscar Gagnon qui demandait l’ajournement au 6 novembre afin de tenter de retrouver le témoiin Tj’Jean Beauséjour, le cireur de bottes qui aurait vu le sac de l’établissement, sis à l’intersection de la rue de Bullion et Ste-Catherine, et qui cache, à l’arrière, l’une des plus florissantes « barbottes » de la métropole.

Ti’Jean est enfin retrouvé. Me Gagnon n’a pas disposé de la cause. Finira-t-il par rester Gros Jean comme devant ? Autant de mystères qui s’expliqueront le 13. Dommage que ce jour-là ne soit pas un mercerdi.

Hier et pour cause, Mes Fabio Monte, c.r. Rosario Richer et Richard Robert, avocats de la défense, ne se sont pas objectés à ce « dernier » ajournement.

(Cette nouvelle nous vient du mardi, 7 novembre 1944).

L’habitude nous réconcilie avec tout (Edmund Burke). Photo de GrandQuebec.com.

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