L’Empress of Ireland

Épouvantable catastrophe de l’Empress of Ireland

Naufrage de l’Empress of Ireland : L’Empress of Ireland, filant vers l’Angleterre, est frappé par le charbonnier norvégien Storstad, à 20 milles en bas de Rimouski et coule en quelque dix minutes

Rimouski, 29 mai 1914 – Un marconigramme annonçait, ce matin, que mille passagers et hommes d’équipage de l’Empress of Ireland avaient perdu la vie. Trois cents cinquante passagers débarquent par contre à Rimouski.

Le télégraphiste de la compagnie Marconi, à Rimouski, a donné un compte rendu du naufrage. Voici son rapport :

« L’Empress of Ireland a été frappé, ce matin, à une heure et quarante-cinq minutes par le charbonnier Storstad, à vingt milles de la Pointe-au-Père. Le paquebot a coulé dans dix minutes.

On a reçu le signal de détresse SOS (Save Our Ship) à la Pointe-au-Père et on envoya les steamers du gouvernement, l’Eureka et le Lady Evelyn immédiatement au secours du paquebot en détresse. L’Empress of Ireland penchait et il fut impossible de mettre à l’eau plupart de ses chaloupes.

On a accueilli le capitaine H.G. Kendall, commandant de l’Empress of Ireland, sur une épave une demi-heure après que son navire eut coulé.

Le charbonnier Storstad, de la ligne Black Diamond, aurait recueilli 360 naufragés. »

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Rimouski, 29 mai 1914 – Le 14 avril 1912 marquait une épouvantable époque dans l’histoire de la navigation transatlantique : le Titanic s’enfonçait dans les profondeurs insondables de l’océan, avec près de 1,500 de ses passagers et membres d’équipage. Le monde maritime tout entier prit le deuil; le désastre eut un retentissement universel. On frémit encore d’horreur au souvenir des scènes dramatiques qui se sont passées sur le pont et dans les flancs du monstre marin, et dans les embarcations perdues en plein océan, lamentablement dirigées par les occupants éperdus, paralysés par l’épouvante.

Puis survint la catastrophe plus récente du Volturno, avant que le télégraphe nous apporte l’épouvantable nouvelle de la perte de l’Empress of Ireland, l’un des plus beaux vaisseaux de la Compagnie du Pacifique Canadien.

La catastrophe survint en pleine nuit, à 2 heures et demie ce matin (29 mai 1914) ; le vaisseau sombra dans l’abime, dix minutes après qu’un charbonnier le frappe, à quelques arpents seulement des côtes en bas de la Pointe-au-Père. L’Empress fut, rapporte-t-on, entrainé dans l’abime avec presque tous ceux qu’il portait, et cela avant même qu’on put mettre une seule chaloupe à la mer. Ce fut une plongée foudroyante dans plus de 100 pieds d’eau.

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L’effroyable bilan se résume ainsi : passagers, 990. Membres d’équipage, 432. Sauvés, à peine 420. Morts, probablement, plus de 1,000.

La plupart des victimes ont dû se noyer ou s’asphyxier en plein sommeil. Le commandant du vaisseau a pu se sauver. On l’a recueilli quelque temps après le désastre sur un radeau qu’entraînait le courant de la marée.

M. John McWilliams a communiqué au public la première nouvelle du désastre. Il travaille à la station de télégraphie sans fil de la Pointe-au-Père. La nouvelle se répandit à Montréal comme une traînée de poudre. Elle fut d’autant plus douloureuse que plusieurs citoyens de notre ville avaient pris passage à bord de l’Empress. Sont-ils parmi les rescapés? Espérons-le.

Les deux vaisseaux préposés au service des courriers européens et des pilotes, à Rimouski et à la Pointe-aux-Père, ont, à toute vapeur, couru au secours des naufragés. Cela sur l’ordre que leur en ont donné les autorités fédérales. Hélas ! L’épouvantable drame était accompli quand ils arrivèrent sur le lieu du désastre. Du moins ont-ils pu ramener à bon port ceux que l’collision n’avait pas été entraîné dans l’abîme.

Voir aussi :

Naufrage de l'Empress of Ireland
Pavillon de l’Empress of Ireland, site historique de Pointe-au-Père. Source de l’image : Musée de l’Empress of Ireland

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