Un Irlandais qui saigne et le coup de poing de Bisanti
Procès pour voies de fait qui ne manque pas de « punch » autour d’un service non payé
La jolie Bella
Angelo Bisanti, 847, avenue Stuart, à Outremont, accusé de voies de fait sur la personne de James Young, âgé de 50 ans, 2231, rue Coursol, inspecteur de la Montréal Light, Heat and Power, a subi son procès, hier après-midi (9 mars 1939), devant le juge Jules Desmarais.
Le tribunal a décidé d’ajourner son jugement au 16 mars 1939. Les témoignages n’ont pas manqué d’intérêt. M. Paul Mongeau, compagnon de la victime. Déclara avoir sonné au domicile de l’inculpé, l3 23 février 1939, à 11 heures du matin.
Ses chefs lui avaient ordonné d’interrompre les services du gaz et de l’électricité à cette adresse, parce qu’un compte au montant de $11.50 restait impayé depuis plusieurs mois. Admis par un joli cordon-bleu, Mlle Belle Desforges, les deux inspecteurs de rendirent dans la cuisine et c’est à leur retour dans le passage du boudoir, que Bisanti appliqua sur le net de Young un magistral coup de poing.
Monsieur Young, appelé à témoigner par Maître Charles Drury, avocat de la poursuite, déclara ce qui suit :
– Nous allions pour interrompre le service. La servante cria, après nous avoir ouvert la porte : « C’est la Montréal Light, Heat & Power. Nous sommes restés deux minutes dans la cuisine et j’ai entendu Mme Bisanti crier : « Que faites-vous dans la cuisine ? » En quittant cette pièce, je suivais Mongeu, lorsque d’une porte de chambre et retenant son pantalon d’une main, Bisanti surgit et me dit : « Je vais arranger les employés de la Montréal Light ». À ce moment, il ma frappé sur le nez. Le coup me fit tomber et je saignai pendant vingt minutes. La femme de l’inculpé me conduisit dans la chambre de bain, me donna des serviettes, et Bisanti vint s’excuser en soulignant : « C’est la première fois que je vois un Irlandais saigner tant que cela. »
En défense, Maître Rodolphe Camirand fit entendre Bella Desforges qui ouvrit aux inspecteurs pour se sauver ensuite, apeurée comme une colombe, dans la cave. Le témoin dit que les inspecteurs « ont foncé » quand même, après avoir été priés d’attendre un moment.
Le prévenu Bisanti déclara, ensuite :
– Ma femme m’a crié que des étrangers étaient dans le logis. Cela m’a réveillé ; j’ai couru vers la porte et j’ai vu deux hommes devant moi. J’en ai frappé un et l’autre m’a dit qu’ils étaient de la Montréal Light Heat and Power. Alors j’ai dit : « Excusez-moi ! Et j’ai aidé à penser celui que j’avais blessé.
Le témoin admet qu’il est le gérant du C. P. Club, à 60 est, rue Sainte-Catherine. Maître Camirand, dans son plaidoyer, parle du droit commun et des domiciles qui sont sacrés. Le cas devant le tribunal est spécial, et la violation des foyers est chose fort grave. Maître Derry demande un verdict de culpabilité, « pour donner un exemple », et prie le juge Desmarais de se montrer sévère parce que dans le passé plusieurs employés de cette grande compagnie ont été blessés par des clients du type de Bisanti. Le tribunal décide donc d’ajourner le tout au 16 mars, date où il prononcera son jugement.
Prisonnier qui soigne son juge
L’un des jurés perd connaissance au procès du docteur Léon Azoulay
Un incident sensationnel a marqué hier matin l’ouverture du procès du docteur Léon Azoulay, 1396 ouest, rue Sainte-Catherine, accusé d’avoir fait une opération illégale, entre le 15 janvier et le 8 février, 1938. Les jurés venaient d’être assermentés, lorsque le juré Henry-F. Lalonde, 1405, chemin Corona, qui venait de prendre son siège, s’affaissa. Ses compagnons s’empressèrent autour de lui. Ce fût le prévenu lui-même, qui, du vox des prisonniers, cria les premiers soins à donner au malade. Le docteur Jean-Marie Roussel, médecin légiste, averti aussitôt, ranima M. Lalonde, amis le juge en chef Greenshield, qui présidait à l’audience, ajourna l’audience.
Maître John Crankshaw, avocat du ministère public doit compléter sa preuve lundi. Le procès est à huis clos. Maître Louis Fitch occupe en défense.
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