L’électricité est québécoise
M. Jean Lesage a annonce hier, le 11 juillet 1963, à l’Assemblée législative deux nouvelles qui ont été soulignées par des applaudissements nourris et qui touchent à des sujets de la plus brûlante actualité: l’industrialisation du Québec et les négociations avec Terre-Neuve.
La direction des Wabush Mines et les partenaires de cette société ont commencé des travaux de construction en vue de l’ouverture à Pointe-Noire, d’une mine de bouletage – préparation de boulets de minerai de fer- celle-là même que M. Joe Smallwood convoitait pour le Labrador terre-neuvien. Pointe-Noire est située dans le voisinage de Sept-Iles.
Le gouvernement de Terre-Neuve, «British Newfoundland Corporation» – BRINCO, «Hamilton Falls Power Corporation», «Consolidated Edison» ont accepté définitivement deux principes fondamentaux dans leurs négociations avec Québec pour l’aménagement des chutes Hamilton et de la frontière qui sépare notre province du Labrador.
L’Hydro-Québec achètera toute l’électricité produite sauf celle nécessaires aux besoins de Terre-Neuve, et l’Hydro-Québec aura le droit de vendre hors de notre province l’électricité qu’elle n’utilisera pas.
Le premier ministre a souligné que le Québec est la province qui est le plus en mesure de profiter de l’énergie électrique de la future centrale des chutes Hamilton (ces chutes portent le nom de Churchill depuis 1965).
«Je ne connais pas de pays qui ne considérerait pas comme une bénédiction la possibilité de disposer d’une telle richesse importée à un prix aussi bas que celui que permettront les installations des chutes Hamilton.
M. Daniel Johnson, chef de l’opposition, ayant appris la nouvelle de l’ouverture de l’usine de bouletage à Pointe-Noire, l’avait saluée avec un plaisir mitigé par une certaine crainte :
«Est-ce que, après avoir reçu un lapin – (l’usine de Pointe-Noire), – le gouvernement Lesage ne donne pas à Terre-Neuve un cheval – (l’assurance que l’électricité des chutes Hamilton pourra être transportée à travers le territoire québécois) ?
Le premier ministre de Terre-Neuve, M. Joe Smallwood, a déclaré hier que son gouvernement est parvenu à un compromis très satisfaisant avec la Wabush Iron Company au sujet de l’établissement d’une usine de bouletage à Pointe-Noire, au Québec.
M. Smallwood a précisé qu’en vertu de l’entente, 600,000 actions de la Newfoundland and Labrador Corporation Limited, que le gouvernement de Terre-Neuve avait vendues à la Wabush il y a trois ou quatre ans, sont remises à Terre-Neuve.
En retour, le gouvernement a consenti à ce que la Wabush construise son usine de bouletage à Pointe-Noire plutôt qu’à Wabush, au Labrador. Le transfert des 600,000 actions redonne au gouvernement le contrôle de la NALCO.
Cette entreprise détient des droits de coupe du bois et d’exploitation minière sur près de 25,000 milles carrés au Labrador et sur l’île de Terre-Neuve.
Elle touche des redevances de 32 cents la tonne sur tout le minerai de fer produit sur son territoire du Labrador.
La prorogation des Chambres a été prononcée par le juge-en-chef André Taschereau, en l’absence du lieutenant-gouverneur Paul Comtois.
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