École de pharmacie du Québec : Un regard en arrière
En janvier 1905, un groupe de pharmaciens décidait de fonder une École de Pharmacie qui répondrait aux besoins des nombreux étudiants de langue française. En mai 1905, l’Université Laval de Québec accordait à l’École son affiliation à l’Université de Montréal et mettait même à sa disposition les locaux nécessaires dans l’édifice de l’université, sise alors rue St-Denis près de Ste-Catherine.
Enfin, le 20 septembre 1906, l’École de Pharmacie ouvrait officiellement ses portes à 50 étudiants. Le personnel enseignant comprenait les fondateurs mêmes de l’Ecole qui se partagèrent ainsi la tâche: M. Joseph Contant devint professeur de déontologie et de législation pharmaceutique ; M. J. E. W. Lecours, professeur de matière médicale et de pharmacologie; M. Alfred Laurence, professeur de pharmacie galénique et chimique et de chimie biologique ; M. S. Lachance, professeur de pharmacie galénique théorique ; M. Edmond Vadboncœur, professeur de pharmacie magistrale ; M. A. D. Quintin, professeur de physique pharmaceutique, M. Joseph Boutin, professeur de toxicologie; M. Henri Lanctôt, professeur de chimie analytique. Ils s’adjoignirent M. Henri-J. Pilon, professeur de botanique, et M. Jean Flahaut, professeur de chimie générale.
Après cet exposé bien sec et bien succinct de la naissance de la Faculté de Pharmacie, arrêtons-nous à penser à la grandeur et à l’importance du geste posé par les fondateurs. Songeons, un instant, qu’ils étaient tous des pharmaciens à peine dans la trentaine, presque des débutants dans la carrière. Pas un d’entre eux n’était riche ! C’est à peine s’ils jouissaient d’une aisance relative. Même l’un d’eux, M. Edmond Vadboncœur, était simplement gérant d’une pharmacie de succession. Qu’est-ce qui poussa donc ces sept pharmaciens à fonder une École? La soif de la gloire ? Non !
Nulle publicité ne fut faite autour de cet événement, et presque seuls les intéressés, c’est-à-dire les candidats à l’étude de la pharmacie, l’apprirent.
Du reste, les fondateurs n’en demandaient pas davantage ! Était-ce la soif de l’argent ? Non ! puisque, bien au contraire, ils en assumèrent tous les risques financiers. Qu’est-ce donc, encore une fois, qui les poussa à ouvrir cette École, à employer leurs rares heures de loisir à parfaire leurs études, à préparer des leçons et à les donner ?
Tout simplement un attachement profond à leur profession, une confiance inébranlable en son avenir, un ardent désir de la voir progresser et s’épanouir, joints à un désir généreux de procurer à la génération montante des pharmaciens les avantages qu’eux-mêmes n’avaient pas connus.
Comme les fondateurs de Ville-Marie, ils ont planté un grain de sénevé; ils l’ont entouré de leurs soins pieux ; ils l’ont arrosé de leur dévouement et de leurs sacrifices. Le grain de sénevé planté en 1905 est devenu, depuis, un arbre magnifique.
De l’humble École de 1905 est sortie toute une phalange de pharmaciens réputés par leur science et leurs succès dans toutes les sphères de l’activité sociale. Parmi nos anciens qui sont les pharmaciens d’aujourd’hui, nous comptons des professeurs éminents, des savants de renommée mondiale, des membres de l’Assemblée législative, du Conseil législatif, de la Chambre des Communes, des chefs de grandes industries pharmaceutiques, un président et des gouverneurs du Collège des Pharmaciens, des pharmaciens connus par leur science et leurs succès dans le monde des affaires.
Nous tous, anciens étudiants, bacheliers en pharmacie, nous avons contracté envers les fondateurs et la Faculté de Pharmacie une dette énorme de reconnaissance. Nous ne dirons pas que ce cinquantenaire est l’occasion de l’acquitter, car ce serait chose impossible. Disons plutôt que c’est l’occasion de reconnaître cette dette en nous réunissant pour rendre hommage aux fondateurs de la Faculté et à leurs successeurs.
Programme des Fêtes
Chacun des anciens recevra prochainement une carte d’invitation accompagnée du programme des fêtes. Nous en donnons ici les grandes lignes :
Mercredi, le 2 novembre, à 4 heures de l’après-midi, réunion des Anciens à la Faculté et visite des laboratoires et des salles ;
Jeudi, le 3 novembre, à 2..30 heures de l’après-midi, réunion de l’Association des Diplômés ; à 3.30 heures de l’après-midi, séance académique au cours de laquelle des doctorats honorifiques de pharmacie seront décernés à trois personnalités du monde pharmaceutique, en même temps que le titre de professeur émérite sera décerné à un de nos professeurs prenant sa retraite.
Enfin, tout se terminera par un diner d’honneur à l’Hôtel Windsor, ce même soir.
Nous sommes persuadés qu’à moins d’empêchement grave, tous les Anciens prendront part à ces fêtes auxquelles ils sont cordialement invités.
Émile Coderre, B.Ph. 1916.
L’Action Universitaire, Octobre 1955.