Droit de la mer : le délégué canadien critique Washington
Nations Unions, 4 avril 1980 (AFP). Le Canada a accusé jeudi les États-Unis et l’Union soviétique d’avoir négocié des accords entre eux, au détriment des intérêts canadiens, pour ce qui concerne l’exploitation des ressources des océans et des fonds marins.
M. Alan Beesley, vice-président de la délégation canadienne à la conférence de l’ONU sur le droit de la mer, a déclaré, au cours d’une conférence de presse, avoir été «surpris de constater que cette coopération s’était surtout développée ces derniers mois, et notamment depuis l’affaire d’Afghanistan».
Il a cité en particulier des dispositions prises, sans consulter le Canada, sur la production du nickel des fonds marins, qui pourraient causer, selon lui, une surproduction et nuire aux pays producteurs, et celles concernant le mandat d’une commission sur la délimitation des frontières marines et du plateau continental.
M. Beesley estime, par ailleurs, que les dispositions approuvées par les deux pays, dans un texte préliminaire du plus de 300 articles, peuvent représenter 98 pour cent du traité. «Mais les deux pour cent restant à négocier, a souligné le délégué canadien, pourraient représenter le sommet de l’Everest, et nous pourrions reglisser sur ses pentes».
Le délégué canadien s’est montré particulièrement amer devant l’attitude des États-Unis, qui avaient exprimé, il y a quelques semaines, leurs remerciements au Canada, lorsque l’ambassade canadienne à Téhéran avait réussi à faire sortir des diplomates américains d’Iran.
De son côté. M. Elliot Richardson, chef de la délégation américaine a déclaré qu’il était maintenant temps d’envisager que la prochaine session de la conférence, prévue cet été à Genève, aboutisse enfin à un traité sur le droit de la mer. Dressant le bilan de la première partie de la neuvième session, M. Richardson a estimé que celle-ci avait enregistré «des progrès substantiels» et avait réussi à réduire considérablement le nombre des problèmes demeurant sans solution.
Le délégué américain a réaffirmé l’objectif des États-Unis «d’aboutir à une formule susceptible de protéger les principaux intérêts économiques en jeu».
M. Richardson a également rappelé une proposition de son pays visant à encourager les entreprises à poursuivre l’exploration et l’exploitation des fonds marins pendant les longs délais pouvant intervenir entre la signature et l’entrée en vigueur du traité. Il s’agirait de permettre à ces compagnies d’obtenir le principe d’un accès prioritaire à un site donné dès la signature du traité.
L’espace pacifique
D’ailleurs, le Canada va saisir l’ONU du problème des engins spatiaux à propulsion nucléaire au mois de juin. Le délégué d Ottawa à une réunion de la sous-commission des Nations unies à l’utilisation pacifique de l’espace, M. Philippe Kirsch, a fait part de cette décision ces jours derniers Le Canada propose que de tels engins soient placés sous contrôle international depuis qu’au mois de février 1978 le satellite soviétique Cosmos 954 avait projeté des déchets radioactifs sur son territoire. Le Canada réclame notamment que les pays se proposant de lancer un engin à propulsion nucléaire donnent des garanties de sécurité avant le lancement L’initiative canadienne a été favorablement accueillie par la majorité des pays dotés de programmes spatiaux mais s’est jusqu’à présent neutre à l’hostilité soviétique.
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