
Deux cérémonies d’ouverture, deux mondes bien différents
À 28 ans d’intervalle, les fervents de l’olympisme auront, le même jour, un 19 juillet, vu le meilleur et le pire visage du mouvement rénové avec les meilleurs intentions du monde par le baron Pierre de Coubertin, en 1896.
Le meilleur, c’est Helsinki, le 19 juillet 1952, alors que les athlètes de 69 pays défilaient dans le stade olympique, le cœur plein d’espoir légitime (c’était bien avant l’époque des athlètes d’État surentrainés et gonflés aux stéroïdes anabolisants) de remporter une médaille olympique, qu’elle fût d’or, d’argent ou de bronze. Helsinki, c’est le symbole des Jeux olympiques comme le souhaitaient sans doute le baron de Coubertin et ceux qui l’appuyaient dans sa démarche: des Jeux simples, organisés par des gens chaleureux, avec des moyens modestes pour éviter que les générations futures fassent les frais de décisions auxquelles ils n’ont évidemment pas pu participer. Une seule ombre au tableau, la menace de boycottage de l’URSS (eh oui, déjà!), si on ne lui avait assuré un village olympique à son usage exclusive. En bons princes, les Finnois avaient cédé.
Le pire, du moins jusqu’à ce moment, c’est Moscou, le 19 juillet 1980. Le président Carter, des États Unis, avait entrepris, en janvier 1980 une campagne de boycottage afin de censurer l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Si la cause n’était pas en soi mal choisie (il est difficile d’accepter une invitation d’un pays qui impose sa présence par les armes chez un voisin), le moyen n’était pas cependant le meilleur, puisqu’il haussait d’un cran de plus la politisation des Jeux olympiques. Tous les pays occidentaux n’ont pas suivi le mot d’ordre de Jimmy Carter, et certains comités nationaux olympiques ont même ignoré le « souhait » de leur propre gouvernement en se rendant à Moscou. Mais le mal était fait, et la mauvaise graine allait se reproduire quatre ans plus tard à Los Angeles et, vraisemblablement, également huit ans plus tard, à Seul.
Jadis une fête de la Jeunesse, du combat loyal et de la fraternité, le Jeux olympiques sont devenus une arme qu’on utilise désormais à toutes les fins, même les plus inavouables.
(Texte publié dans la Presse, 19 juillet 1984).

L’athlète finlandais Paavo Nurmi allume la vasque olympique, le 19 juillet 1952.
- Voir : Sport au Québec
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