Crise du logement au Québec

Une véritable crise du logement frappe une large partie de la population du Québec

Détrompez-vous, ce texte sur la crise du logement au Québec date du mars 1990.

La Commission des droits de la personne estime qu’il y a, dans la région de Montréal, un ménage de locataires sur cinq qui alloue un minimum de 50 p. cent de ses revenus au loyer.

Un million et demi de citoyens seraient mal logés au Québec

La situation serait d’autant plus inquiétante que la hausse du coût du loyer a dépassé sensiblement celle du coût de la vie, au cours des années 80.

Chaque hausse de loyer le moindrement importante empire la situation puisque la proportion de ménages québécois qui ont des problèmes financiers croit sans cesse. Quelque 49 p. cent des ménages avaient des problèmes financiers en 1974. Treize ans plus tard, ce pourcentage est passé à 69 p. cent. Ce qui reflète une nette détérioration des conditions économiques des gens.

À ces problèmes financiers, s’ajoutent, selon la Commission des droits de la personne, la discrimination envers certains locataires, les longues listes d’attente pour avoir un logement dans un HLM (une liste 35 000 noms en 1987), le mauvais état d’une partie du parc des logements sociaux, le plafonnement des programmes de logements à loyer modique, la baisse du budget gouvernemental accordé aux coopératives d’habitation.

Devant ce triste constat, il est tout à fait normal que des organismes comme le FRAPRU (Front populaire en réaménagement urbain) demande l’intervention urgente du gouvernement Bourassa en vue d’établir un contrôle universel et obligatoire des loyers, à la grandeur de la province.

On souhaite un gel des futures hausses de loyers

Mais de là à ce que le gouvernement Bourassa s’empresse de donner suite à cette revendication il y a un monde. Le ministre responsable de l’Habitation, Yvon Picotte, a réagi indirectement à la demande du FRAPU. Il a préféré mettre sur pied une table de concertation qui regroupe tous les intervenants impliqués dans la location des logements au Québec: locataires, assistés sociaux, propriétaires, logement social, services gouvernementaux, etc. Cette table de concertation devra lui soumettre une série de recommandations en vue d’essayer de solutionner la crise du logement qui frappe la province.

Avant qu’il y ait consensus entre ces intervenants, beaucoup d’eau coulera sous les ponts de la province.

Les propriétaires de logements, il va sans dire, sont totalement contre un contrôle universel des hausses de loyer. Un tel contrôle, selon leurs représentants, aurait un effet désastreux sur la qualité du parc locatif, sur la disponibilité des logements, sur les investissements dans les immeubles locatifs.

Les associations de propriétaires sympathisent avec les familles qui éprouvent de sérieuses difficultés à assumer le coût de leur loyer. Mais, disent-elles, ce n’est pas aux propriétaires de payer la note… mais plutôt au gouvernement du Québec de prendre ses responsabilités en matière de logement social. Enfin, notons que même la Régie du logement est contre la fixation d’un taux unique d’augmentation du prix des loyers.

Les demandes des patrons

Traditionnellement, c’étaient les employés qui faisaient des demandes lors de la période de négociations des conventions collectives.
Ces dernières années, par contre, cette pratique en a pris pour son rhume. À maintes occasions, les rôles ont été inversés. Ce sont maintenant les patrons qui font les demandes…

Bien sûr, il y a eu plusieurs réouvertures de conventions collectives, à la suite de la vente, de la restructuration ou de la menace de fermeture d’une compagnie. Des baisses de salaires importantes ont frappé les employés à la suite de ces réouvertures de conventions collectives. Cela reste tout de même encore marginal.

Là où les patrons font une véritable percée avec leurs demandes c’est au chapitre de la perte de certains droits acquis chez les employés. Les employeurs exigent notamment plus de flexibilité dans le nombre d’emplois à protéger, dans l’organisation du travail, dans la rémunération.

Il est également question de polyvalences des tâches. Si les employeurs se rendent à effectuer tant de demandes c’est parce qu’ils vivent avec des réalités. Telles la mondialisation des marchés, par de là une concurrence beaucoup plus vive qu’auparavant.

Les syndicats ont beau se battre… n’empêche qu’il est difficile d’aller à contre-courant de cette réalité qu’est la concurrence mondiale. La situation les oblige donc de faire des concessions, surtout s’ils veulent préserver le plus grand nombre d’emplois possible.

Auteur : Michel Girard, La Presse, 16 mars 1990. Questions d’argent – cette chronique fait le point sur des sujets traites lors de l’émission Questions d’argent, diffusée a Radio-Québec le jeudi, 20h30. Reprise le dimanche à 17h30. L’émission est animée par Lise LeBel, avec la participation de Michel Girard, de LA PRESSE, et Diane Bellemare, de l’UQAM.

Pour en apprendre plus :

Rue St-Jacques et St.Pierre
Rues Saint-Jacques et Saint-Pierre. Photo de GrandQuebec.com.

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