Le deuxième pont de Québec ne sera pas prêt avant 1968
Le deuxième pont de Québec ne sera pas ouvert à la circulation avant l’automne de 1968
L’ingénieur en chef des Travaux publics. M. Lucien Martin, a déclaré, au cours d’une entrevue, que c’était la date qui figurait au programme d’exécution. Il n’a pas écarté la possibilité que le pont soit inaugure « un peu avant » mais il semble bien certain qu’il ne sera pas prêt pour le début de l’exposition universelle de 1967. À moins d’un miracle, certaines promesses politiques ne se réaliseront donc pas et les Québécois anxieux de voir une amélioration dans les communications entre les deux rives devront s’armer de beaucoup de patience.
Au cours de 1963, des forages préliminaires ont été faits dans le lit du Saint-Laurent, non loin du pont actuel. Ils ont servi de bases aux études de l’avant-projet.
Récemment, les ingénieurs-conseils Georges Demers et Gilles Vandry, de Québec, ont reçu la mission de préparer les plans. Pour les faire, ils se sont associés à une maison américaine qui a à son crédit la construction de grands ouvrages, la firme Stemmann, Boynton, Gronquist & London, de New York.
Les ingénieurs ont mis huit mois à s’entendre
Les conflits d’ingénieurs retardent-ils la construction du pont de Québec ? Si l’on en croit un informateur haut place au gouvernement provincial, les ingénieurs auraient mis huit mois à s’entendre avant de signer les contrats.
La construction du deuxième pont de Québec, s’expliquerait aussi par la difficulté technique du projet de $35,000.000. Un pont suspendu est quelque chose qui demande beaucoup de calcul et d’attention.
Deux ministères concernés, celui de la Voirie et celui des Travaux publics, ont fait savoir qu’ils accentuaient leur pression sur les ingénieurs canadiens et américains qui ont la responsabilité du projet.
« On pousse, mais ils mettent beaucoup de temps … ! » Les Travaux publics fort occupés par toutes sortes de projets devraient remettre l’exécution de celui du pont entre les mains de la Voirie, nous a-t-on dit au cours de nos entrevues. Dans les milieux gouvernementaux, on signale une certaine impatience en considérant comment les choses marchent rondement au pont-tunnel de Boucherville et au pont de Trois-Rivières.
D’autres ont allégué une question de budget. L’ouvrage nécessitera des déboursés de $50.000.000 une fois le pont et le réseau routier réalisé autour du nouveau pont.
Les ingénieurs des Travaux publics, ceux de Québec et de New York, ont tenu des réunions mensuelles pour élaborer le projet d’un deuxième pont, à Québec, qui coûtera $35,000 000. Il s’agit d’un pont suspendu de 3,600 pieds qui pourra écouler entre 5.000 et. 9,000 véhiculés â l’heure, selon le genre de circulation La travée centrale sera longue de 1.948 pieds, soit, 148 pieds de plus que le tablier du pont actuel, entre ses deux piliers.
M. Martin a déclaré que des appels d’offres seront faits pour commencer la construction des blocs d’ancrage aux extrémités du nouveau pont au début de l’été de 1966. Il s’agit de caissons en ciment de 100 par 150 pieds qui retiendront sur les escarpements les câbles du pont suspendu.
M. Martin prévoit que les soumissions pour le début des travaux sur les piliers seront remandées au cours de l’été 1965. D’ici ce temps, d’autres forages seront nécessaires pour préciser les données, obtenues il y a un an, sur le lit du Saint-Laurent.
Quant à l’érection de la partie métallique, des structures, les appels d’offres ne seraient pas faits avant le début de 1966.
Un fait apparaît, certain: il sera impossible dans les circonstances actuelles d’avoir le 2e pont de Québec pour 1967. L’ampleur du projet suppose trois ans de travaux. Le pont de Québec sera situé à 650 pieds du pont actuel. Ce dernier deviendra cinquantenaire dans deux ans.
Le pont sera le petit Verrazano québécois
Le deuxième pont de Québec sera « le petit Verrazano québécois ».
En plus petit, le nouveau pont de Québec ressemblera au pont suspendu que les Américains ont construit à l’entrée du port de New York. Il a été inaugure il y a un mois. Il est le plus grand des ponts suspendus au monde.
Long de 7,200 pieds, il a coûté $350,000.000 Le tablier entre les piliers mesure 4.260 pieds. Celui du pont suspendu de Québec sera de 1,940 pieds
Le pont Verrazano appelé ainsi en l’honneur d’un explorateur Italien du 16e siècle permet de nous fixer sur la façon dont on pourra construire le pont suspendu de Québec.
Il est à six voies, comme le futur pont de Québec. Le pont Verrazano conserve cependant la possibilité de recevoir un deuxième tablier doublant ainsi son efficacité. Avant d’ériger les deux tours, on lit des assises en plastiment qui sont l’équivalent d’un édifice de dix-sept étages. Les tours de 693 pieds exercent une pression de 132,000 tonnes à la base.
Aux extrémités, les ouvrages servant à ancrer les câbles ont 230 pieds par 345 pieds. Ils sont bourrés de ciment.
Les câbles du pont Verrazano ont trois pieds de diamètre. Ceux de Québec auront deux pieds environ. Chaque câble du Verrazano contient 26.108 fils.
II est possible que la technique de construction du tablier du pont Verrazano soit celle du pont de Québec. Elle connaît une popularité de plus en plus grande. Le tablier du pont est apporté par sections sur des barges. On assemble les parties en les hissant â partir des câbles géants qui suspendent le pont.
Grâce aux computateurs électroniques et â toutes sortes de techniques modernes, on a réussi à construire le pont Verrazano en quatre ans et demi. Pour le pont de Québec, on prévoit trois ans. Il a été inauguré six semaines plus tôt qu’on l’avait prévu.
Les automobilistes ont a débourser 50 sous pour l’emprunter.
Il faudra encore beaucoup de patience
« Bonne et heureuse année… et beaucoup de patience au pont de Québec! » C’est, le vœu que pourront se souhaiter les dizaines de milliers d’automobilistes qui empruntent chaque jour le pont de Québec.
Le nouveau pont ne sera pas ouvert à la circulation avant 1968.
Un relevé du trafic sur le pont de Québec a montré qu’en 1963, il est passé jusqu’à 30.000 véhicules par jour.
En 1965, le mouvement de la circulation s’accentuera comme le veut la progression normale des choses.
En 1966, ce sera la même chose! Il faut se rappeler ici que la route transcanadienne est devenue une réalité qui invite les conducteurs de véhiculés à emprunter davantage cette voie rapide.
Et voici 1967 le centenaire de la Confédération et l’Exposition universelle… toujours le même pont. « Fiat voluntas tua…! » Comment le pont actuel pourra-t-il tenir le coup?
S’il est permis d’ajouter un nouveau poids dans la balance, mentionnons que la construction d’un deuxième pont se fera a moins de 700 pieds du pont actuel. Le chantier supposera un nombre accru de véhicules lourds Ce problème suscite déjà des inquiétudes au ministère de la Voirie et la possibilité d’obliger les entrepreneurs à n’utiliser le pont que la nuit et à certaines heures durant le jour a été évoquée à quelques reprises…
Chances très minces d’améliorer le pont terminé en 1917
Y a-t-il possibilité d’améliorer la circulation sur le pont de Québec qui, en 1917. était “ une merveille du monde »? Les chances -sont, ires minces, nous a-t-on dit au ministère des Travaux publics. Le ministère de la Voirie a cherché aussi une solution. Il a demande à des ingénieurs d’étudier la possibilité de le mettre à trois voies Construire une troisième voie est devenue impossible parce qu’il aurait fallu fermer le pont à la circulation pendant un certain temps. On a aussi pense a la possibilité de faire passer les véhicules lourds au centre et, les automobiles de chaque côté. Mais il y a certains risquas sous l’angle de la sécurité routière La solution la plus réaliste jusqu’ici a été celle de mettre de; agents de circulation en nombre plus grand pour diriger des voitures.
(Ce texte a été publié le 28 décembre 1964 par le journal « Le Soleil« .)
