Une offre de $10,000 pour assassiner Michel Bourdon
Un complot a été fomenté l’an dernier pour assassiner le président de la CSN-Construction, M. Michel Bourdon, mais à cause de diverses circonstances, dont la surveillance de la police, deux tueurs à gages qui avaient été engagés pour exécuter ce « contrat » ne sont pas passés aux actes.
C’est ce que les médias ont appris, hier, de sources bien renseignées dans les milieux policiers qui ont confirmé que, devant le sérieux des renseignements recueillis, le ministre de la Justice, Jérôme Choquette, et le premier ministre, Robert Bourassa avait été mis au courant de la situation.
Ces informations retiennent maintenant l’attention de la Commission d’enquête Cliche qui a déjà entendu des témoins sur cette affaire lors de ses audiences à huis clos.
Secret professionnel
Interrogé sur ce complot à la suite des audiences d’hier, le juge Robert Cliche et le procureur en chef de la commission. Me Jean Dutil, se sont retranchés derrière le secret professionnel pour ne pas répondre aux questions du journaliste de LA PRESSE.
Refusant d’infirmer ou de confirmer la nouvelle, les deux membres de la commission ont dit qu’il ne leur était absolument pas permis de discuter des sujets abordés lors des interrogatoires à huis clos.
Toutefois, LA PRESSE a appris, qu’à la suite d’une demande de la Commission Cliche, divers corps policiers ont entrepris des recherches en vue d’interroger un homme de main du « milieu », disparu depuis quelque temps.
Certains policiers croient maintenant que ce témoin aurait été « liquidé » pour assurer son silence.
Cet individu, bien connu de la police, était l’un des deux tueurs, dont les services avaient été retenus par certains personnages qui souhaitaient ardemment la disparition de Bourdon.
$10,000
Depuis quelques aimées ce syndicaliste s’était fait remarquer, notamment, par ses violentes attaques contre certains syndicats de la FTQ-Construction qu’il avait accusés d’être liés à la pègre.
D’après nos informations, c’est une somme « minimale » de $10,000 qui a été offerte aux tueurs à gages. Cette somme aurait été suivie d’un autre montant d’argent plus ou moins important « dépendant de la qualité du travail exécuté ».
C’est à cause de certaines complications que le « contrat » n’a pas été complété.
Une première fois, les tueurs n’avaient pas réussi à trouver Bourdon et, à la seconde reprise, celui-ci étant accompagné de sa femme, ils avaient remis à plus tard leur projet.
Surveillance policière
Enfin, à la troisième tentative, le coup a avorté à cause d’une surveillance étroite de la police autour de la résidence de Michel Bourdon.
La police, après enquête, a réussi à établir que ce complot auquel ont participé plusieurs personnes, dont deux sont très bien connues, avait été ourdi dans des bureaux du centre-ville.
Les enquêteurs ont aussi été informés que les revolvers qui devaient servir à cet assassinat ont été « jetés dans le fleuve ». Faute de preuve suffisante, les participants à ce complot, n’ont jamais été inquiétés, même si leurs noms sont tous connus de la police.
(Texte paru dans le journal La Presse le 12 novembre 1974).
