Pas de pétrole à Montréal ni en Alberta
La Commission Borden : Pas de pipe-line entre Edmonton et Montréal.
Ottawa. 28 août 1959. Le pipe-line de $400 millions destiné à apporter d’Edmonton le pétrole brut canadien aux raffineries de Montréal, ne sera pas construit sous peu, si le gouvernement canadien s’en tient aux recommandations du rapport de la Commission royale d’enquête Borden, rendu public hier après-midi par le premier ministre Diefenbaker.
La Commission a aussi suggéré l’élaboration d’une politique nationale dans l’utilisation des ressources pétrolières canadiennes. Elle a même parlé d’une politique continentale, en collaboration avec les États-Unis.
Au lieu de diriger leur pétrole brut vers Montréal, la Commission suggère, et ceci en termes assez impératifs, aux compagnies canadiennes, d’essayer d’écouler une plus grande partie de leur production vers un marché qu’elle trouve plus pratique, plus «naturel» pour le moment, celui du Middle-West américain.
La Commission, dont faisait partie un important financier montréalais, M. Louis Lévesque, a fixé un objectif à l’industrie canadienne: 700,000 barils par jour en 1960, ceci sans accès au marché de Montréal.
La Commission a aussi proposé que les raffineries soient bien averties d’un fait: si leurs démarches ne sont pas satisfaisantes en ce qui a trait à l’écoulement du pétrole canadien en Ontario et à l’exportation aux États-Unis, on pourrait bien reparler du pipe-line Edmonton-Montréal (un peu plus de 2,000 milles) en 1962.
Ces recommandations, qui seront vraisemblablement endossées par le gouvernement, constituent une victoire des cinq grandes compagnies pétrolières internationales qui s’opposaient à la construction d’un pipe-line jusqu’à Montréal.
Pétrole en Alberta
Peu de gens savent que c’est sur le site du Parc national du Canada des Lacs-Waterton que se trouvait le tout premier puits de pétrole au Canada. En effet, c’est ici qu’on a commencé les premières recherches de pétrole. Cela se passait quelques jours avant le début des opérations de forage dans le village ontarien de Petrolia. Petrolia est en fait le deuxième site canadien à être exploré pour extraire ce combustible.
Autour des lacs Waterton, les Amérindiens Kutenai avaient depuis longtemps découvert du pétrole. Ils utilisaient alors ses qualités médicinales. Selon certains témoignages, dans la ravine de Cameron (Cameron Creek) se trouvait une sorte de cabinet médical où exerçait un shaman qui utilisait avec succès ces huiles souterraines.
Les premiers colons blancs de Kootenai Brown ont utilisé également le pétrole comme lubrifiant pour leurs outils agricoles et pour des traitements médicaux.
C’est William Aldridge, venu de Cardston, qui commence à exploiter le pétrole sous forme d’huile et de lubrifiants qu’il vend aux fermiers. Curieusement, les fermiers apprécient beaucoup plus les qualités du pétrole en tant que substance qui éloigne les ours.
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Mais la première compagnie à faire des forages pour essayer de déterminer le volume de pétrole dans les gisements est la Rocky Mountain Development Co., fondée en 1901 par A.P. Patrick, J. Leeson et J. Lineham. Ils découvrent de grands gisements de pétrole à la profondeur de 311 mètres et commencent une production qui atteint 300 barils par jour.
Le site du premier puits nommé le Puits de la Découverte (Discovery Well) se trouve sur la route Akamina Parkway à l’intérieur du parc des Lacs-Waterton.
La découverte a provoqué beaucoup d’excitation, d’espoir, mais peu de pétrole, même si les journaux ont baptisé la région Oil City. Vers 1904, il est devenu clair que les gisements ne donnaient presque rien, qu’il ne s’agissait que de quantités marginales, pourtant stockées très près de la surface du sol. Vers 1906, la production de pétrole s’est arrêtée.
Les recherches ont continué jusqu’aux années 1930, sans beaucoup de succès.
