Comment acheter une voiture usagée

L’inspection technique, seule méthode pour éprouver la valeur d’une usagée

Le Club Automobile du Québec a inauguré depuis deux ans environ un nouveau service au public, l’inspection technique des automobiles. Utile?

Jugez-en par vous-mêmes, en nous accompagnant au centre de service du Club Automobile sur le Chemin Ste-Foy à Québec alors que nous rencontrons Claude Lepage, directeur du centre, ainsi que les membres de son équipé.

À première vue, une station service bien conventionnelle. Mais ce qu’on y fait diffère d’ailleurs. 200 points de vérification sur les véhicules.

Coût: $25 membre, $30 non membre. Pendant de 1 à 2 heures, deux spécialistes s’affairent et vérifient. Ils essaient, observent à l’œil ou à l’aide d’appareils, notent: « Servofreins: en bon état, entretien nécessaire, entretien urgent… cochant la case appropriée. Course de pédale, frein d’urgence, maître cylindre, boyaux… même chose.

Puis on passe à la direction: raccordement central, raccordements latéraux, bras de renvoi, boîtier de direction… même appréciation pour chacun. Ensuite la servodirection: pompe, boyaux, courroie, cylindre, fonctionnement… même évaluation.

Et on continue ainsi pour 200 points de vérification concernant la suspension avant et arrière, la transmission, les joints et le différentiel, l’éclairage (16 points là seulement, dont l’ajustement des phares), la visibilité et le chauffage (13 points), les instruments, la carrosserie, le système d’échappement, la section moteur, le système de refroidissement, la batterie, l’électricité, l’alimentation, l’allumage, l’antipollution et diverses observations générales.

Pour terminer, une évaluation du véhicule: bon, moyen, médiocre, quelques remarques peut-être.

Comment ça marche?

Facile. Vous voulez acheter une voiture usagée? (il serait inutile de payer pour faire ça sur une voiture neuve qui est protégée par une garantie) Qu’à cela ne tienne, demandez à la faire vérifier au Club Automobile.

Après avoir fait le tour des voitures usagées, alors que vous en êtes au choix final, il devient difficile pour vous de savoir si, en dehors de l’apparence extérieure, votre voiture est dotée d’une bonne mécanique, si la pompe à eau, l’alternateur, les freins et quoi encore ne sont pas sur le point de lâcher. Il vous faut faire appel à un spécialiste. Mais demanderez-vous aux préposés au service du garage où vous vous apprêtez à acheter une voiture? Non, et pour des raisons évidentes.

Vous n’avez donc pas d’autre choix que de l’amener à votre station service de confiance où votre garagiste fera l’inspection nécessaire ou au centre de service du Club Automobile où des spécialistes qui ne font que ça n’oublieront rien.

Votre vendeur refuse? Qu’à cela ne tienne, refusez d’acheter. Comme acheteur, vous avez le droit et même le devoir de vous assurer que votre véhicule est en parfait état et vous devez évaluer le coût des réparations pour mieux en analyser le coût réel d’achat. Si votre vendeur, que ce soit un particulier ou un garagiste, refuse l’inspection, c’est qu’il a peur du diagnostic. Ne perdez donc pas votre temps. Il peut vous accompagner s’il le désire ou encore prêter le véhicule moyennant identification et négociation sérieuse de votre part.

N’acceptez pas de réponses du genre, « je l’ai fait inspecter la semaine dernière… je n’ai plus de plaques X pour le sortir sur la route » qui sont des évasions de leurs responsabilités, et ne croyez surtout pas à ces romances bien connues que la voiture appartenait au curé, à sa servante, à la vieille fille du coin ou à quoi que ce soit du genre: ces rengaines ont été entendues des milliers de fois mais il est étonnant de constater comme toutes les voitures usagées sont toujours des
voitures de curé au moment de la revente. D’ailleurs, ce n’est pas un argument de vente car ils ont le pied aussi pesant que tout le monde et pas seulement quand les âmes sont en perdition…

L’inspection technique du véhicule est la seule façon de s’assurer la valeur réelle d’une voiture.

Vous hésitez entre deux, « amenez-les toutes deux et choisissez la meilleure, c’est ce que font souvent les automobilistes, » explique Claude Lepage.

Des exemples

Des exemples? Une Rabbit 1975, presque neuve, mais à 2000 rpm, la vitesse n’est pas stable et des troubles de carburation se manifestent à l’accélération. Ce n’est pas grave, mais à corriger.

Une Ford LTD 1971. Les anomalies: 1 pneu trop usé qu’il faut absolument remplacer, un pneu de secours aussi trop usé, un « seal » de roue arrière qui coule, des freins avant presque finis, un boyau de frein gauche qui demande un remplacement d’urgence, 2 défauts de conduites (boyaux qui coulent), 2 butées de caoutchouc à remplacer, suspension qui laisse à désirer, 1 feu de freinage défectueux, silencieux à remplacer, tous les tuyaux sont usés, filtre à air sale, réservoir d’essence qui coule un peu, manque de connexions pour le système anti-pollution… malgré tout ça, c’est une bonne voiture, mais il faudra déduire ces réparations du coût d’achat. À l’acheteur à se faire une idée et à négocier. Sur demande, le Club Automobile peut dire combien la voiture peut valoir… même que quatre concessionnaires font inspecter leurs voitures usagées sur place par le Club et affichent les papiers appropriés, un exemple qui mérite d’être suivi.

En plus des tests réalisés en garage (ils doivent être faits en garage et c’est ce qui expliquerait que beaucoup de concessionnaires ne veulent pas que le Club se rende à leur garage pour ce faire, comme cela prendrait une allée de service), le Club Automobile fait deux milles de ville et deux milles de grande route pour vérifier la voiture: on vérifie ainsi le volant, les bruits, l’accélération, la vitesse, le freinage etc…

Autre exemple: une belle grosse américaine, très propre, qui semble une excellente affaire. Après le test: freins finis et structure (frame) rouillée et percée, complètement finie. Un mauvais achat car il aurait passe a travers…

Autre cas où il peut être utile de faire effectuer une vérification par un organisme impartial: vous avez une voiture neuve dont la garantie est sur le point d’expirer. Vous avez décelé quelques anomalies, bruits, quelques ratés… mais le concessionnaire vous a toujours dit que ce n’était rien d’autre que du « rodage » etc… Ne prenez pas de chance et faites vérifier le tout par un organisme indépendant et crédible. Vous présenterez votre liste de réclamations au concessionnaire, il n’aura pas d’autre choix que de les faire corriger: un exemple cité par Claude Lepage: « J’ai déjà fait changer un bloc moteur à cause d’une fuite d’huile… » Et si on se montre récalcitrant, le service de protection du consommateur du Club n’est jamais bien loin derrière pour prendre la relève.

Pour $25 ou $30, à vous de juger si cela en vaut la peine. Même si le vendeur est votre frère, comme le cas s’est produit lors de notre visite: « C’est mon frère, mais je fais inspecter sa voiture pour savoir ce qu’il peut y avoir de défectueux. Même si c’est mon frère, c’est une affaire et je n’ai pas de chances à prendre en affaire. »

(Le Soleil, 12 avril 1976).

Une voiture ancienne à vendre. Photo de Boris Sebiakin.

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