Collision avec la comète Perrine

Pas de collision entre la Terre et la comète Perrine

La frayeur causée par l’annonce que la comète Perrine produirait une catastrophe se dissipe et fait place à de meilleurs sentiments. Les astronomes de presque tous les pays ont déclaré qu’il est peu probable que la comète s’entrechoque avec le globe terrestre et qu’il y ait collision; ils disent même qu’il a 50 millions de chances contre une que cette bousculade n’aura lieu.

Il paraît qu’en 1893, la Terre a été menacée, mais depuis ce temps-là, tout va comme sur des roulettes. La comète Perrine est encore à 25,000,000 de lieues de nous, et il est peu probable qu’elle s’approche davantage de la Terre. L’on est plutôt à la veille de la perdre dans l’espace.

M. Flammarion, le célèbre astrologue français, a télégraphie ce qui suit au Herald de New York :

« Même si une collision était probable, il n’y aurait pas de raison de craindre un désastre pour la Terre ou ses habitants. Il n’y a jamais eu, que nous sachions, de collision de cette nature depuis que la Terre promène son orbite autour du Soleil, et on ne fait que créer du malaise en prédisant un événement aussi incertain que celui dont on parle. Les meilleurs télescopes qui ont été braqués sur la comète Perrine n’ont fait que révéler une pâle nébulosité, avec une condensation centrale très prononcée, brillante comme une étoile de septième grandeur. La queue est délicate, longue de quatre minutes seulement, se bifurquant distinctement, suivant, comme d’ordinaire, une direction opposée au Soleil.

Voici donc les risques que nos courons ce soir :

  • Si la queue de la comète est assez longue ;
  • Si elle est projetée dans notre direction ;
  • Si elle content des gaz asphyxiants ;
  • Si ces gaz se mêlent à notre atmosphère.

En bien, dans ce cas-là, on ne sait pas ce qui peut arriver.

Mais la plupart des savants sont d’opinion que même si les trois premières hypothèses se réalisent, les matières qui composent la queue de la comète sont si légères, si ténues, qu’elles ne pourraient pénétrer notre atmosphère et que tout ce que nous en ressentirions, ce seraient quelques aurores boréales.

D’aucuns, d’ailleurs, prétendent que cette soi-disant queue de la comète n’est qu’un rayonnement de la lumière solaire et n’est, en conséquence, qu’un phénomène d’optique.

Et en fin de compte, l’humanité, en ce vingtième siècle, semble prendre assez gaiement son parti de cette menace atténuée par quatre SI plus incertains les uns que les autres; et, au lieu des épouvantements des foules qui causaient les comètes des siècles passés, nous ne constatons guère d’émoi que parmi les gens qui organisent des « soupers de la comète » ou autres parties de plaisirs dont la contemplation de la comète et de sa queue serait la raison ou plutôt le prétexte.

*

Dieu merci, l’humanité est assez vieille aujourd’hui pour savoir par expérience que la mais qui a dessiné les orbites elliptiques des comètes a prévu aussi leurs « conjonctions », leurs « oppositions », etc., c’est-à-dire la proximité de leurs relations avec les autres mondes qui voyagent dans l’univers sur des routes tracées depuis la création, et ça fait longtemps. De sorte que le sentiment que produit aujourd’hui la céleste et erratique voyageuse parmi les habitants de la Terre, n’est qu’une simple curiosité à peine aiguisée par la pensée de ce qui pourrait nous arriver si elle « déraillait » pour se jeter sur nous.

Car nous avons foi en la puissance et la science et en la prévoyance de Celui qui la conduit.

(C’est arrivé en septembre 1909).

la comete Perrine
A mythical being. Image : Copyright © Megan Jorgensen et GrandQuebec.com.

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