Chronique judiciaire amusante

Notre histoire : Chronique judiciaire le 31 juillet 1968 (c’est plutôt amusant)

Le voleur déguisé en prêtre était un ex-policier

Un ancien policier de la Sûreté de Hampstead, Richard Flowers, 35 ans, a été arrêté hier (le 30 juillet 1968) par deux agents de la police de Montréal. Il devait comparaître ce matin sous l’accusation d’un vol à main armée commis le 19 juillet à la succursale de la Banque Royale du Canada, du 1800 ouest, rue Sainte-Catherine.

L’ancien policier, qui avait été congédié de la Sûreté de Hampstead pour avoir vendu son revolver à un inconnu dans un débit d’alcool clandestin, a été appréhendé à son domicile du 4366 ouest, ru Dorchester, app. 2. Les policiers ont trouvé chez lui un col romain ; le vol à main armée avait été précisément commis par un individu déguisé en prêtre, qui s’était enfui avec une somme de $2,672.

D’après les employés de la banque, l’individu s’était présenté à la caisse avec la note suivante : « Ne vous effrayez pas, j’ai besoin d’argent pour mon église ».

Un drôle de « gardien » est cité à son procès

Découvert à l’intérieur de la Bijouterie Beaupré, au 6606, de l’avenue Papineau, un peu après six heures du matin, le 22 juillet 1968, bijouterie où un vol de $12,000 de montres venait d’être commis, un individu de 37 ans, Claude Legault, de la rue Foucher, inculpé du vol et du recel de ces montres, a été cité à son procès aux Assises.

Le juge Jacques Trahan, qui a présidé l’enquête préliminaire du prévenu, a pris cette décision, hier après-midi, après avoir entendu les dépositions d’agents de police.

L’agent Jean-Pierre Miner a déclaré au tribunal qu’en faisant sa ronde avenue Papineau et « sondant » les portes, comme on le dit dans le métier, des établissements commerciaux de la dite avenue, il entendit un bruit insolite dans la Bijouterie Beaupré.

Le témoin a ajouté avoir vu deux hommes près d’un comptoir tout vitré. Il frappa à la porte et leur ordonna d’ouvrir.

Pour toute réponse, les deux individus lui dirent qu’ils étaient des gardiens contre les voleurs parce que le patron en avait été la victime une semaine auparavant.

Priés de s’identifier, Legault s’exécuta mais l’autre que la police recherche toujours refusa d’obtempérer à l’ordre de la police.

Le policier a ajouté qu’il a cru presque Legault jusqu’à ce que le fils du patron, âgé de 21 ans et prénommé Claude, se fût amené sur les lieux et eut déclaré qu’il n’avait jamais vu cet homme de sa vie.

J’ai menotté Legault, a ajouté le témoin, et je me mis en frais de rechercher l’autre homme qui avait réussi à prendre la poudre d’escampette.

Les montres volées auraient été trouvées en possession de Legault qui, lors de sa comparution, s’était vu accorder un cautionnement en espèces de $3,000, cautionnement qu’il n’avait pas encore pu fournir hier.

Mme Sydney Leithman, avocat de la défense, en fit part au tribunal et celui-ci fixa un nouveau cautionnement, celui-là de $5,000 sur immeuble, peut-être plus facile… à trouver.

Pour avoir tué son enfant, une Esquimaude écope de trois mois

Le juge Peter-V. Shorteno, de la Cour Supérieure mais siégeant comme juge des Assises a imposé une peine de trois mois de prison, hier après-midi, à une Esquimaude de 28 ans, qui, il y a quelques semaines, s’était reconnue coupable d’homicide involontaire par suite de la mort de son enfant de 27 mois, Sammy.

Le tribunal a décrété que la coupable venant de Fort Chimo, à deux mille milles de la métropole (Fort Chimo est toutefois dans le district judiciaire de Montréal) devra purger la peine à la prison des femmes sise rue Tanguay dans le nouveau Ahuntsic, dans le nord-ouest de la métropole.

Lizzie Gordon a accepté sans broncher la sentence qui venait de lui être imposée. Plus tôt. Me Bernard Grenier attaché au Bureau d’assistance judiciaire avait réclamé la clémence du tribunal en faveur de sa cliente qui, a-t-il soumis, n’avait pas voulu tuer son enfant.

C’est le 8 juin 1968 que Lizzie Gordon avait battu son enfant d’une manière si forte, si violente, qu’il avait succombé à une fracture du crâne.

Avant d’imposer sentence, le juge Shorteno a déclaré qu’en, effet la preuve avait révélé que la jeune mère n’avait pas voulu tuer son enfant mais que les coups qu’elle lui avait administrés l’avaient été au moment où elle était, semble-t-il, dans un état d’ébriété assez avancé et alors qu’elle était en colère.

Le tribunal fit aussi remarquer que la coupable avait un tempérament très violent et était jalouse par surcroît.

Amos et Martel sont libérés

François Amos et Guy Martel, deux individus dans la trentaine, qui avaient été inculpés du vol d’appareils stéréophoniques pour un montant global de $18,000, vol qui aurait été commis le 21 juin dernier, sur les quais du port de Montréal, ont été libérés avant leur enquête préliminaire, hier après-midi, devant le juge Marcel Gabottry.

Représentés tous deux par Me Jean Salois, ils n’ont pas eu à subir cette instruction pour la simple raison que Me Réjean Paul, un des procureurs du ministère fédéral de la Justice à Montréal, a déclaré que la poursuite se voyait dans l’obligation de retirer la plainte vu que les témoins n’avaient pu être repérés en Allemagne.

Les « stéréos » disparus faisaient partie d’une cargaison venant de ce pays outre-atlantique.

Inculpé d’un vol de $35,000 de mercure

Roland Dubé, âgé de 30 ans, du 3601 est, de la rue Ontario, chauffeur de camion de son état, a été conduit en Correctionnelle, hier après-midi, devant le juge Paul Hurteau, pour répondre à l’accusation d’avoir volé et gardé en sa possession du mercure, 81 bonbonnes en tout, d’une valeur de plus de $35,000, mentionne la plainte.

Représenté par Me Jean-Guy Bollard, il a choisi un procès devant jury avec enquête préliminaire fixée au 7 août. Il a obtenu un cautionnement immobilier de $2,000 pour lui permettre de recouvrer sa liberté et de garantir sa présence future en Cour.

Me Réjean Paul occupant pour la poursuite ne s’est pas opposé à la demande de cautionnement que son confrère du Barreau venait de formuler, mais il a tenu à déclarer qu’il fallait que ce cautionnement fût élevé.Il avait été mis en chasse après que des témoins eurent déclaré l’avoir vu, vers 9 h. 30, lundi soir, au moment où il aurait déchargé un wagon dans la section « B » du port de Montréal et aurait amassé les bonbonnes de mercure dans son camion.

Une bonne affaire

Une bonne vieille scène de ménage se termine souvent en Cour.

Preuve en est qu’un soir M. Chapdelaine est rentré un peu plus tard qu’a l’accoutumée, vers 3 heures du matin, après une longue soirée en compagnie de Bacchus. Et sa femme l’attendait…

S’informant si la soirée avait été intéressante, le juge a appris de la bouche du prévenu que « l’affaire avait été bonne ».

« Que s’est chicané et il m’a suite ? » de demander le juge Primeau.

« On s’est chicané et il m’a lancé un briquet sur un pied », de reprendre la plaignante, la femme de l’accusé.

« Et, c’est pour cette petite affaire que vous êtes ici, ce matin? » de dire le juge.

« Vous voyez, monsieur le juge, tout va mieux maintenant et je ne suis venue que pour retirer la plainte » a répondu la plaignante.

Bon juge, il a retiré la plainte sans aucuns frais. Et le couple repartit.

Un mois pour retrouver la parole

« Vous avez l’air d’un homme en santé! » « Pourquoi ne faites-vous pas vivre votre petite famille? » « Que faites-vous avec votre argent? » « Quand ou pense que tous les citoyens de Montréal, par l’intermédiaire du Bien-Être Social font vitre votre femme et votre petite fille pendant que vous sortez avez les « chums »! « Vous n’avez rien à dire? »

Ce monologue, c’est le juge Herman Primeau qui l’a prononcé à une jeune homme de 24 ans qui avait décidé de vivre sa vie ailleurs, et qui n’avait rien à ajouter aux remarques du juge.

« Bon! Comme vous n’avez rien à dire, allez réfléchir un mois en prison! » Le juge venait alors de condamner Robert Boyer, 24 ans, qui, au cours des quatre derniers mois n’a pas donné d’argent à sa femme même s’il possède une automobile et que le Bien-Être Social devait, par conséquent, subvenir aux besoins de la famille.

Pour compléter la lecture :

Agneau
Chaque année vous devenez pires. Photographie de GrandQuebec.com.

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