
De choses et d’autres
Chronique policière de l’an 1965
Voici quelques causes qui ont retenu momentanément l’attention, au cours de 1965, et qui reviendront forcément à la surface au cours de l’an qui vient :
L’affaire Larrivière : la spectaculaire incursion de la police dans le cabinet de consultation du « psychanalyste » de Notre-Dame-de-Grâce, après avoir jeté la consternation chez ses clientes, va probablement soulever un débat judiciaire d’importance sur ses méthodes de traitement. Et on pourrait bien voir défiler devant nos cours, à cette occasion, les plus hautes sommités du monde médical.
L’affaire Banks : Condamné à cinq années de prison pour voies de fait sur un capitaine de navire, le « boss » de l’Union des marins a laissé en plan une quinzaine de dirigeants de son union, accusés d’avoir incité les marins à déserter leurs navires, et il a fui aux États-Unis. Les faux certificats : Même si le dernier accusé, dans cette affaire, a été acquitté des principales accusations portées contre lui, d’autres demeurent pour lesquelles il reviendra en cour incessamment. Et cette sensationnelle affaire entame ainsi la quatrième année de sa rebondissante carrière. Si l’on peut dire.
Fonctionnaires infidèles : Pour la première fois depuis nombre d’années, quelques fonctionnaires du Palais de justice ont dû eux-mêmes faire face à cette même justice pour l ’ avoir quelque peu mal servie. Le procès le plus important, celui d ’ un commis qui aurait été mêlé à un certain racket de cautionnement, e. i encore à venir.
Le camion postal : Alors que le policier qui avait aidé quelques-uns des voleurs à regagner leur domicile, le soir do ce vol gigantesque, a été con damné à huit années de pénitencier, les sept autres prévenus vont revenir en cour le 13 janvier pour la quatrième semaine de leur procès. Qui pourrait en durer encore plu sieurs autres.
Mépris de cour : Alors que la cour d’appel fait toujours at tendre sa décision sur la con damnation du journaliste Jacques Hébert, une décision du juge Dorion en marge d’une accusation de mépris de cour portée contre certains scribes indépendantistes a apparemment fait tomber à l’eau les poursuites engagées contre d’autres. Mais, en fin d ’ année, un chroniqueur judiciaire a été condamné à $200 d’amende, en cour d’assises, pour les commentaires qu’il avait faits sur les aveux d’un meurtrier. Et l’on parle de modifier la procédure, dans les cas semblables.
Précédents : En toute fin d’année, une jeune femme de la métropole crée un précédent assez bizarre en accusant son mari de l’avoir violée. (Sic). En septembre, un jeune marié américain, en voyage de noces dans la métropole, avait pour sa part été accusé du viol d’une jeune Montréalaise qu’il avait apparemment contribué à kidnapper dans une maison do la rue De Bullion.
La police fait dégringoler une … « pyramide d’achats »
Un entreprenant jeune homme de 24 ans, Renneth Rahal, du 3440 Durocher, a été confiné aux cellules par le juge Redmond Roche après avoir comparu devant ce dernier sous l’accusation d’avoir commis cinq fraudes d’un peu plus de cent dollars, ces dernières semaines, aux dépens de clients trop crédules.
Selon Me Philippe Gélinas, qui représentait la Couronne au moment de la comparution, le prévenu aurait mis sur pied, peu après sa libération de prison, en juin dernier, une véritable « chaîne d’achats » qui devait apporter la fortune aux clients de son établissement fantôme.
Pour chaque achat de cent dollars, en effet, les clients de Rahal devaient non seulement recevoir les pièces de vêtement qu’ils désiraient, mais, encore des timbres qui étaient placés dans un livret qui leur était remis.
Par la même occasion, toutefois, ils devaient remettre au vendeur les noms de cinq clients possibles, et c’est là que commençaient la chaîne qui, pour un simple achat de cent dollars, pouvait leur valoir un maximum de $2,048.
Et, en quelques années, de cette façon, Rahal aurait réussi à distribuer, selon son « plan », quelque $56 millions à sa chanceuse clientèle.
Le malheur, toutefois, c’est que ses clients n’auraient pas reçu la marchandise commandée, et encore moins quelque ristourne promise.
Il y a plus.
Devant le tribunal, M. Gélinas a affirmé que l’inculpé n’avait même pas de compte de banque, et qu’il n’était en compte avec aucun manufacturier de vêtements.
Mais, avec la justice, par contre, il avait déjà eu deux « rencontres ».
$50 d’amende au député Gérard Duquel
QUÉBEC. Le député fédéral du comté de Québec-Est, M. Gérard Duquel, libéral, a été condamné hier à une amende de $50 plus les frais ou à huit jours de prison après qu’il eut été trouvé coupable d’avoir enfreint un règlement municipal de la cité de Québec en octobre 1965. Selon la preuve présentée par le procureur de la cité de Québec, le député Duquet a en freint les règlements municipaux en aménageant dans le sous-sol de sa maison un loge ment. D’après l’article 18 du règlement 849 de la ville de Québec, un individu ne peut aménager un logement dans son sous-sol, c’est-à-dire « à l’étage le plus bas d’un édifice quelconque et dont la moitié ou plus de la hauteur mesurée à partir du plancher jusqu’au plafond est au-dessous du niveau le plus élevé du sol adjacent ».
Certains témoins, des employés de la cité de Québec, sont venus témoigner que le sous-sol de la maison de M. Duquet avait été transformé en loyer de 5 pièces depuis plus d’un an, que ce loyer était ha bité par trois personnes et que plus de la moitié du sous-sol en question était située sous le niveau du sol. Un témoin a même affirmé que d’un côté il n’y avait que huit pouces au-dessus du sol. Rejoint au téléphone, le député libéral a déclaré qu’il ira vraisemblablement en appel. Il doit cependant consulter son avocat à ce sujet au préalable.
Ennemi des antennes ?
Accusé d’avoir brisé quatre antennes da radio, sur des autos, at d’avoir tenté da voler un sac de main, un jeune vendeur da 25 ans, Robert Bibeau, da la rua James Morrice, a nié toute culpabilité, devant le juge Rémond Roche. Comme il an était à ses premiers délits du genre (selon les plaintes portées, en tout cas), il a obtenu de reprendre sa liberté sous un cautionnement de $950 en attendant son enquête.
Destruction de 20,000 livres de viande saisie à Québec
QUÉBEC. Le directeur du Service de santé de la vieille capitale, le Dr Jacques Roussel, a annoncé que les autorités municipales avaient saisi 20,000 livres de viande impropre à la consommation.
Le Dr Roussel a précisé que la viande de porc saisie faisait partie d’un arrivage de 40,000 livres en provenance des États-Unis et portant l’estampille « United States Inspected ». Selon les déclarations faites à la presse, l’arrivage aurait tout d’abord été refusé à Montréal et le tout aurait été dirigé sur Québec. Il a ajouté qu’on espérait mettre la main sur 10,000 autres livres tandis que la dernière partie aurait été écoulée à l’extérieur de Québec.
La viande a été confisquée chez des grossistes québécois à la suite d’appels de citoyens qui se sont plaints que le porc avait une curieuse odeur. On a vite fait de déterminer qu’il s’agissait d’une catégorie de porc appelée verrat, c’est-à-dire d’un porc mâle utilisé pour la reproduction. D’après un porte-parole du ministère provincial de l’Agriculture, cette viande n’est pas condamnée comme telle au pays, mais elle doit cependant avoir subi certains tests lors de l’abattage.
Les grossistes exonérés
Par ailleurs, le Dr Roussel a exonéré les grossistes de la vieille capitale chez qui la viande a été saisie car à son avis ceux-ci ont été victimes de leurs fournisseurs. En terminant il a déclaré : « Québec ne doit pas être le déversoir des rebuts de viande et de toute viande impropre à la consommation que l’on ne peut vendre ailleurs. »
Ces expériences sont de nature à déterminer si le porc dégage certaines odeurs dites d’urine. Si tel est le cas, la viande est impropre à la con sommation. Le porte-parole a aussi précisé que toute viande inspectée par le gouvernement américain est en général acceptée au Ca nada sans autre formalité. « On ne fait que vérifier les papiers qui accompagnent le charge ment et s’ils sont en règle, tout se termine là ». Toute la viande saisie sera détruite sous la surveillance d’un médecin vétérinaire à l’emploi de la ville.

Je me demande si aujourd’hui on peut suivre les chroniques policières. Avec les non-publications, non-appellations et non-illustrations, tout se passe en sourdine.