Chirac réitère l’appui de la France au Québec
Le président Jacques Chirac a réitéré l’appui de la France au Québec, quelle que soit la décision que sa population prendra à la suite du nouveau référendum que le gouvernement Bouchard prévoit déclencher quelque temps après les prochaines élections générales.
« Quel que soit le chemin que le Québec choisira, la France l’accompagnera. Le Québec peut compter sur l’amitié et la solidarité de la France », a en effet déclaré le président de la République française à Lucien Bouchard, lors d’un entretien dont la majeure partie a porté sur la question constitutionnelle et la reconnaissance par la France d’un éventuel État québécois.
Cette déclaration, lue par M. Bouchard à la sortie du palais de l’Élysée, est la même qu’a déjà faite l’ex-premier ministre français Alain Juppé, lors de sa visite officielle au Québec, en 1996. Elle s’inspirait de propos dans le même sens exprimés par le président de l’Assemblée nationale sous Mitterrand, Philippe Séguin.
Bouchard dit comprendre
M. Bouchard qui, sans le dire explicitement, comprend de cette déclaration que la France reconnaîtra le Québec comme pays advenant que la population en fasse le chois lors du prochain référendum, avait une autre raison de se réjouir : en matinée, le président du Conseil national du patronat français, Jean Gandois, avait affirmé que la situation politique du Québec ne suscitait pas d’inquiétudes chez les investisseurs français qui sont intéressés à faire des affaires au Québec.
Le premier ministre du Québec a donné cette interprétation du mot du président Chirac : «Ça veut dire ce que ça veut dire. Ça me paraît très clair. Ça veut dire que le Québec va faire des choix et quel que soit le choix du Québec, le choix démocratique du Québec, de son avenir, la France sera à ses côtés pour reconnaître son choix».
Interviewé en fin d’après-midi, le vice-premier ministre Bernard Landry, qui pilote la portion économique de la mission, a réagi ainsi : Je pense que la langue française est une langue extrêmement claire. C’est la langue de la diplomatie. Et celui qui dit qu’il va vous accompagner avec amitié et solidarité n’est pas celui qui s’apprête à vous décevoir. Il me semble que c’est bien évident. »
Ambassadeur du Canada et appui de la France
L’ambassadeur du Canada, Jacques Roy aura aujourd’hui en entretien privé avec Lucien Bouchard. M. Roy a suivi ses déplacements par le truchement de deux observateurs. Il fera rapport au premier ministre du Canada, Jean Chrétien. Entre-temps, il n’a pas paru s’inquiéter de la déclaration du président français.
Dans une entrevue, il a minimisé la déclaration de M. Chirac en disant que la France n’en respectait pas moins sa politique de « non-ingérence et de non-indifférence » à l’égard de cette question. Pour lui, cette déclaration d’amitié et de solidarité « ne change en rien la politique de la France vis-à-vis de l’unité nationale canadienne ». Selon M. Roy, les propos tenus par la suite par le porte-parole de l’Élysée l’inclinaient à croire que « la France ne répondait pas à des questions hypothétiques ». « Cela nous satisfait’, a-t-il dit.
Bouchard et Chirac
M. Bouchard a été accueilli personnellement par Jacques Chirac, dès son arrivée à la porte du palais de l’Élysée. «J’ai eu une première rencontre en tête-à-tête avec le président. Ces rencontres se sont poursuivies ensuite avec des ministres Bernard Landry, Louise Beaudoin et Sylvain Simard pour le Québec, puis avec un déjeuner de travail où il y avait les délégations et l’entourage du président », a précisé M. Bouchard.
« Nous avons eu l’occasion de faire un tour de piste de toutes les questions qui intéressent la relation entre le Québec et la France », a-t-il expliqué. Il a ajouté que les deux pays projetaient d’intensifier leurs liens économiques. La question de l’amiante a été abordée, e même que le dossier du doublage de films. Deux dossiers qui n’évoluent pas beaucoup mais à propos desquels la porte n’est pas fermée à la discussion, estime M. Bouchard.
(Cela se passait le 30 septembre 1997).
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