Le célibat ecclésiastique ne sera pas abandonné par le Concile oecuménique
Québec – « Le célibat ecclésiastique abandonné par le prochain Concile oecuménique ? » – « Non! », répond le R.P. Hilaire, de l’ordre des Capucins, dans la dernière édition de la Semaine religieuse de Québec. Le père Hilaire répondait ainsi brièvement aux plusieurs chrétiens catholiques, à propos de la possibilité, énoncée, semble-t-il, par certains journaux à sensation, d’enlever l’obligation du célibat pour les prêtres, à l’occasion du prochain concile. Les raisons alléguées par ceux qui croient que le prochain concile prendra cette décision sont les suivantes : 1 – Cette loi ecclésiastique, qu’est le célibat des prêtres, n’est pas d’institution apostolique et a été promulguée en 206 dans un but politique ; 2 – L’abolition de cette loi faciliterait énormément l’union de l’Église orthodoxe à l’Église catholique en enlevant le principal obstacle à cette union ; 3 – Finalement, les prêtres mariés comprendraient mieux les difficultés du mariage chez leurs fidèles.
À ces suppositions, le Père Hilaire répond de façon catégorique. Sa réponse débute par des considérations d’ordre général sur l’esprit qui semble régner actuellement chez le pape Jean XXIII à ce sujet. « Si l’abolition du célibat ecclésiastique est à l’ordre du jour du prochain concile oecunémique, écrit le Père Hilaire, le pape Jean XXIII ne semble pas au courant, lui, qui dans son encyclique sur le curé d’Ars exaltait la chasteté de celui-ci et disait : « … Cet ascèse nécessaire de la chasteté, loin de renfermer le prêtre dans un stérile égoïsme, rend son cœurs plus ouvert et plus disponible à tous les besoins de ses frères. Quel bienfait pour la société humaine d’avoir ainsi au milieu d’elle des hommes qui, libres des sollicitudes temporelles, se consacrent entièrement au service de Dieu et donnent à leurs frères leur vie, leurs pensées et leurs forces. »
C’est encore le pape Jean XXIII qui déclarait, en s’adressant à un groupe de curés de Bologne, « qu’il était naturel ce détachement nécessaires du prêtre de toute affection terrestre, et expliquait par là la voie royale et sûre qui a laissé dans l’histoire de l’Église une empreinte lumineuse, car il y a va d’un élément essentiel pour la vigueur du clergé catholique dans le monde entier. » Plus tard, le même Jean XXIII déclarait : « Il nous attriste de voir que pour sauver un lambeau de leur dignité perdue, certains puissent envisager favorablement la possibilité pour l’Église catholique de renoncer, à ce qui fut et reste, depuis des siècles et des siècles, une des gloires les plus nobles et les plus pures de son sacerdoce. La loi du célibat ecclésiastique et le souci de le faire prévaloir restent toujours un rappel aux batailles des temps héroïques, lorsque l’Église du Christ dut se battre et réussit à faire triompher son trinôme glorieux, qui est toujours emblème de victoire : Église du Christ, libre, chaste et catholique.
Pour ce qui est de l’influence politique qui aurait forcé l’Église à instituer la loi du célibat ecclésiastique, « on la chercherait en vain », déclare le Père Hilaire, après avoir retracé l’histoire de cette loi, apparue pour la première fois au début du Ive siècle, au concile d’Elvire. En 386, le pape Sirice entreprend de la faire prévaloir dans l’Église latine. « Elle s’imposa peu à peu, en effet, écrit le Père Hilaire, non sans difficultés dans certaines régions, ni surtout, aux heures de décadence de la civilisation occidentale, dans des éclipses parfois générales. »
L’argument qui veut que l’abolition de cette loi rendrait possible l’union des deux Églises, orthodoxe et catholique est enfantin.
« La loi du célibat ecclésiastique ne peut être considérée comme un obstacle à la réunion des Églises. » Le Père Hilaire écrit à ce sujet : « L’Église orientale catholique jouit d’un statut particulier sur ce point. Si la plupart des Orientaux ont fini par accepter la loi du célibat, beaucoup suivent encore l’ancienne coutume grecque : les prêtres mariés avant leur ordination restent mariés. » Ce n’est donc pas ce point qui peut empêcher l’union.
Quant à l’argument qui veut que les prêtres mariés comprendraient mieux les problèmes des fidèles en mariage, il est également enfantin. Marié, le prêtre ne pourrait s’occuper aussi pleinement des fidèles, et d’ailleurs, comme le déclare en terminant le Père Hilaire : « Depuis quand chirurgien doit-il se faire opérer pour savoir ce qu’est une opération ».
(Cette nouvelle a paru le 8 octobre 1960).
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