Fred Rose accusé

Comparution du député de Cartier, Fred Rose, accusé sous cinq chefs d’espionnage

Arrêté à Ottawa, ramené à Montréal durant la nuit et traduit ce matin. La liberté sur parole est déniée; le juge en chef Perreault fixe le cautionnement de Rose à $10 000

Arrêté le soir 14 mars 1946 à son domicile d’Ottawa, Fred Rose, député du parti ouvrier-progressiste (communiste) pour la division de Cartier, à Montréal, a comparu ce matin à 10 heures 30, devant le juge en chef Gustave Perreault, sous diverses accusations ayant trait à la loi des secrets officiels, statuts de 1939.

La première chambre de la Correctionnelle était bondée de curieux de même que le spacieux couloir des pas perdus du nouveau palais de justice.

On avait pressenti, dès hier midi, qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire au Palais, surtout lorsque l’honorable Philippe Brais, C.R., conseiller législatif, a fait une apparition accompagné par des agents de la gendarmerie royale.

Dès ce moment les journalistes furent aux aguets. Ils se rendirent au 3e étage mais y trouvèrent toutes les portes closes. La plainte portant la signature du sergent René-J. Noël, sergent d’état-major de la gendarmerie royale, avait été autorisée par le juge en chef Gustave Perrault qui a aussi lui-même signé le mandat d’arrestation contre Rose.

Rose veut se coiffer

Ce matin, l’honorable M. Brais est revenu devant le juge en chef. Le juge monta sur le banc à 10 heures mais l’accusé se fit attendre. Quelques minutes plus tard, on le vit apparaître dans le box des accusés, flanqué de deux agents de la police provinciale. Aussitôt s’agitèrent les nombreux appareils photographiques braqués depuis longtemps dans la direction du box. Rose sourit, fit un geste élevé des deux mains, essaya de se coiffer de son chapeau. Le gardien lui rabaissa les mains.

M. Roger Hétu, greffier, lut ensuite l’acte d’accusation. Les avocats de l’accusé, Mes Joseph Cohen, C. R., Albert Marcus et Abraham Feiner qui avaient reçu une copie de la plainte des mains de l’honorable m. Brais s’entretinrent quelques instants avec ce dernier.

Me Cohen déclina la juridiction du tribunal en soulignant qu’en ce faisant il désirait protéger les doits de citoyen et les droits de représentant du peuple de son client. Il accepta toutefois que l’enquête préliminaire fût fixée « pour la forme » au 22 du courant.

Rose voulait-il fuir?

Il fut ensuite question d’un cautionnement. Me Cohen déclara que son client était une personnalité bien connue et un mandataire du peuple, et qu’en raison de toute la publicité faite autour de l’affaire, il n’a aucun intérêt à se sauver. Il réclama donc un cautionnement personnel, voir même la liberté sur parole.

L’honorable M. Brais ne fut pas du même dire. « Il n’y a aucune publicité de faite par le comité d’enquête. Depuis trois mois la police recherchait Rose qui ne se montrait pas. De plus, après enquête, nous avons appris que le véhicule qui avait conduit l’accusé à Ottawa portait des plaques de l’État du Michigan. L’automobile en question fut trouvée en arrière de son domicile hier soir. Un autre accusé à Ottawa a obtenu sa liberté sous un cautionnement de $ 10 000 et je ne vois pas pour quelle raison on se montrerait moins sévère pour Rose qui est devant les tribunaux sous une accusation très grave.

À la fin, le juge fixa un cautionnement de $10 000.

Le Dr. Raymond Boyer va, tout comme Fred Rose, comparaître en Correctionnelle de Montréal sous l’accusation d’avoir conspiré au profit de la  Russie avec le député communiste de Cartier.

Fred Rose
Fred Rose, photographie de l’époque, image libre de droits.

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