Un incendie détruit le chantier Davie à Lauzon
Les résidents sont atterrés
La petite municipalité de Lauzon, au sud de Québec, se souviendra longtemps du 27 octobre 1955. Ce jeudi là, à 21 h 30, alors que, dans la majorité des foyers, on se préparait à aller se coucher, un gigantesque incendie éclatait au chantier naval Davie, le plus vieux du Canada.
Pour la majorité des résidents de Lauzon. ce fut un véritable cauchemar pendant les huit heures qu’il brûla. Pour les plus infortunés, ce fut la catastrophe, car ils perdirent non seulement leur emploi pendant quelques semaines, mais aussi leur foyer. En effet, le feu s’attaqua également à une dizaine de maisons, dont trois furent complètement rasées, jetant cinq familles sur le pavé.
On ne déplora heureusement aucune perte de vie, mais deux pompiers ont été blessés, dont un grièvement.
Malgré le courage des pompiers de Lauzon et de leurs collègues de Lévis et de Québec, il était bien évident qu’ils n’avaient pas l’équipement nécessaire pour combattre l’élément destructeur.
L’incendie prit naissance à 21 h 30 dans la fonderie. Les flammes se propagèrent avec la rapidité de l’éclair aux autres bâtisses du chantier et aux maisons avoisinantes, rue Saint-Joseph.
Après la fonderie, ce sont écroulés la boutique de menuiserie, l’entrepôt de bois, le garage, l’atelier de peinture, l’atelier de charpente et l’atelier de gabarits. La douzaine de bâtisses détruites par les flammes couvraient une étendue de 1 200 pieds de longueur par 200 pieds de largeur.
Plusieurs explosions se sont produites, dont une très violente qui a semé la panique dans le voisinage vers 22 h 05.
Dans les ruines fumantes des édifices qui s’étaient déjà effondrés, des flammes basses couraient à travers les décombres, cherchant encore quelque chose à dévorer. Ailleurs, de grandes traînées de feu léchaient des charpentes encore debout, d’énormes poutres d’acier tordues comme des jouets d’enfants s’enchevêtraient petit à petit, formant la plus grotesque image d’un jeu de « meccano » gigantesque brouillé par des enfants. Un ciel rougeâtre reflétait à des milles à la ronde cet affreux spectacle.
Même si les bureaux ont été épargnés par le feu, les ouvriers n’ont pris aucun risque : ils ont sauvé des flammes les plans des navires en cours de construction. Au moment de l’incendie, un seul navire, qui n’a pas été touché, attendait d’être lancé. L’incendie est d’ailleurs survenu la veille d’une visite du premier ministre fédéral, M. Louis Saint – Laurent, qui devait présider au lancement d’un navire d’escorte de la marine canadienne, le Bluenose. Et il devait profiter de l’occasion pour accorder officiellement un contrat pour la construction d’un brise-glace. Par ailleurs, trois autres navires étaient en construction ou en réparation, soit un destroyer d’escorte, un dragueur de mines et une frégate.
Au moment de l’incendie, le chantier employait 1 000 ouvriers, dont 60% étaient résidents de Lauzon, sur une capacité de 2 500. On craignait la mise à pied générale, mais le travail ne devait pas être complètement arrêté, les cales sèches, les quais et les bâtiments les plus rapprochés du fleuve ayant été épargnés. menacés par le fléau. Fait remarquable, écrit La Presse, aucune des maisons de la rue Bourassa, la plus exposée, n’a de dommages à déplorer. Pas même un vitre cassée.