Bilinguisme au sein des agences gouvernementales

Certaines sociétés d’État pourront annoncer leurs produits dans les deux langues

Agences gouvernementales : bilinguisme. Les sociétés gouvernementales qui offrent des produits de consommation, telles Loto-Québec, Hydro-Québec ou la Société des alcools, pourront dorénavant annoncer dans les deux langues officielles du Canada.

« Attirerons-nous les Américains dans les casinos québécois avec du miel ou du vinaigre», a commenté hier le ministre responsable de la Charte de la langue française, M. Claude Ryan.

La signalisation routière aux différentes frontières québécoises, sur une distance de 15 kilomètres, pourra également se faire
en français et en anglais.

C’est ce qui ressort des projets de règlements devant encadrer la Loi 86, modifiant l’actuelle Charte de la langue française, rendus publics hier par le ministre responsable.

La réglementation est diffusée au compte-gouttes, au fur et à mesure que les parlementaires étudient le projet de loi, en deuxième lecture. Les libéraux espèrent procéder à l’adoption de la loi avant l’ajournement des travaux pour l’été.

Les règlements publiés hier précisent également que les lieux touristiques, les musées, les jardins zoologiques ou botaniques, pourront également utiliser les deux langues officielles dans leurs communications avec le public.

L’utilisation de l’anglais dans les réclames demeure prohibée dans les transports publics. La situation est cependant beaucoup plus nébuleuse pour les grands panneaux. Ceux-ci devront n’utiliser que le français, mais leur taille reste indéterminée.

«Il nous reste encore des mois de discussion avant l’entrée en vigueur de ces mesures. Ceux qui voudront se faire entendre seront les bienvenus», a soutenu le ministre Ryan.

Les règles à mesurer

Le ministre Ryan soutient qu’il ne faut pas s’en tenir qu’à la lettre de la loi mais également à son esprit. «Il ne s’agit pas de se rendre dans les magasins de fer pour acheter des règles à mesurer, mais il faut que le français soit prédominant. »

C’est ainsi qu’il introduit sa réglementation sur l’affichage extérieur, où le caractère du message devra être au moins deux fois plus gros que celui d’une autre langue.

Le projet de règlement sur l’affichage extérieur précise également les conditions devant prévaloir lorsque l’affichage se fait sur des affiches distinctes et de même dimension. C’est à y perdre notre latin.

Agences gouvernementales : bilinguisme. Voyons de quoi il en retourne:

  • Les affiches sur lesquelles figure le texte rédigé en français, doivent alors être deux fois plus nombreuses que celles sur lesquelles figure le texte rédigé dans l’autre langue.
  • Les caractères utilisés dans le texte rédigé en français doivent être au moins aussi grands que ceux utilisés dans le texte rédigé dans l’autre langue.
  • La distance entre les affiches et la répartition de ces dernières ne doit pas avoir pour effet de réduire l’impact visuel du texte rédigé en français.
  • Lorsque l’affichage est fait sur des affiches distinctes mais de dimensions différentes, le texte rédigé en français doit avoir un impact visuel beaucoup plus important.

L’application de ces règlements apparaît impossible aux yeux de l’opposition péquiste, qui y voit un « feu vert à la bilinguisation du Québec ».

(La Presse, 12 juin 1993).

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