Autour du fascisme

Autour du fascisme

Par Rolande Provencher

(Texte paru dans le numéro de la revue L`Action Universitaire, publiée par l’Association des diplômés de l’Université de Montréal, volume 1, no 5, avril 1935. Un an plus tard, l’Italie fasciste occupera l’Éthiopie où plus d’un million de personnes seront tuées par les fascistes. La Seconde guerre mondiale commencera dans moins de dix ans et vers sa fin, Mussolini sera pendu par les Italiens).

Le 13 mars 1935, M. Giuseppe Brigidi, consul d’Italie, donnait, à l’Université de Montréal, sous les auspices de l’Association des Anciens élèves de l’École des sciences sociales, économiques et politiques, une conférence intitulée « L’Éthique du Fascisme et son application dans l’ordre social ». Le texte in-extenso paraîtra dans le prochain numéro de la Revue Trimestrielle.

M. Jean Bruchési, qui présidait, remercia le conférencier et conclut en citant Mussolini: « Dans le fascisme, il y a des ferments de vie que l’on doit reconnaître universellement ». « Il donne au monde – ajoutait le président – une splendide leçon d’énergie et de volonté ».

Au sortir de la guerre (il s’agit de la Première guerre mondiale, note de GrandQuebec.com), l’Italie se trouvait dans une situation économique et sociale ne pouvant être comparée avec celle d’aucun pays allié. Les soldats, rentrés dans leur famille sans avoir été indemnisés, étaient sans emploi et ne pouvaient trouver de travail dans des usines, qui, elles-mêmes démobilisées, renvoyaient leurs ouvriers. Le pays n’avait aucune organisation, aucune direction, aucun programme, à un moment où un gouvernement fort aurait été plus que jamais nécessaire.

Le bolchévisme menaçait, faisant des progrès tous les jours. Les grèves, les émeutes succédaient aux assassinats et aux attaques à main armée. Le président du conseil, Giolitti, « laissait passer ». Cependant, dès mars 1919, Mussolini réunissait à Milan les premiers faisceaux de combat pour répondre au défi du drapeau rouge.

La bataille fut violente. Les chemises noires en sortirent victorieuses. Qu’était-ce donc que le fascisme? À cette question de la presse italienne, Mussolini répondait: « Le fascisme est une mobilisation des forces matérielles et des forces morales ». Son but ? « Gouverner la nation ».. . « Le fascisme n’est pas une chapelle, il est plutôt une palestre. Il n’est pas un parti, il est un mouvement ».

En octobre 1922, Mussolini marche sur Rome. « Non pas contre la monarchie, – remarque M. Brigidi – mais contre le gouvernement qui résignait ». Son accession au pouvoir n’a rien eu de contraire à la constitution du pays, puisque le roi l’a appelé comme étant le chef du parti le plus fort. Mussolini était prêt, il accepta et exigea du parlement les pleins pouvoirs. « Il est – continue le conférencier de l’ASEP, – le dictateur qui a la force morale et qui a la confiance absolue du peuple; mais il n’agit pas contre la confiance nationale ».
« Le fascisme est une doctrine opposée au positivisme en fonction de sa conception générale spirituelle, mais positive et opposée au libéralisme négatif. Il veut la haute culture. il méprise la vie commode et facile du XIXe siècle… il est anti individualiste, mais il veut que l’individu cherche sa place dans la liberté de l’état. Le Fascisme est totalitaire. Nul groupement, nul syndicalisme, en dehors de l’État ».

Ceci nous conduit au corporatisme, régime auquel nul régime ne peut être comparé dans l’histoire. Il n’a rien de commun avec les corporations du moyen-âge, qui étaient fermées. Les corporations de l’Italie moderne sont ouvertes. Remède au bolchévisme, le corporatisme ne veut pas la lutte, mais la coopération des classes.

Dans l’Actualité Économique de novembre 1934, M. Brigidi écrit: « Le syndicalisme fasciste reconnaît la fonction historique du capital. – le capital et le travail sont indispensables. L’un ne peut se passer de l’autre; ils doivent collaborer sincèrement. En Italie, les syndicats ne sont plus considérés comme de simples associations professionnelles poursuivant un intérêt limité de groupe ou de classe. Ce sont des organisations de droit public ».

violon mussolini
Le violon de Benito Mussolini. Photographie de l’époque, image libre de droit.

« Les organes sur lesquels l’organisation corporative s’appuie, sont au nombre de trois: les corporations, le conseil national des corporations, le ministère des corporations.

« La corporation est distincte de l’Association syndicale. Elle constitue plutôt un conseil, c’est-à-dire un organisme où les représentants des forces de la production sont appelés par l’état à collaborer avec lui pour la sauvegarde des intérêts de l’économie nationale, mais sans qu’au sein de cet organe, les associations, qui en fournissent la structure, soient soumises à des devoirs et à des obligations de hiérarchie, de discipline ou de dépendance.

« Des corporations on monte vers le conseil national des corporations. Dans le conseil national des corporations s’établit le contact entre les représentants des différentes administrations centrales de l’État, les différents ministères et les représentants des confédérations syndicales, des œuvres nationales et de la direction nationale du parti fasciste. Par conséquent, bien loin d’être un ensemble d’organisations surtout économiques, le conseil national des corporations est la synthèse des modes les plus variés de la vie nationale.

« Le ministère des corporations est, comme l’a dit Mussolini, un organe grâce auquel, au centre et loin du centre, s’établissent les équilibres nécessaires entre les intérêts et les forces du monde économique et social ».

À côté de l’organisation corporative, le fascisme a entrepris des travaux non moins importants: augmentation de la production du blé, et par là, diminution des importations, embellissement et assainissement de Rome, conciliant le respect de la ville antique et les nécessités de la vie moderne, œuvres en faveur de la maternité et de l’enfance, organisation des loisirs ouvriers, éducation soignée et attentive de la jeunesse, organisation de bibliothèques, de colonies de vacances, éducation sportive et artistique.

Des travaux publics ont servi de remède au chômage: ce sont des routes, des bassins, des canaux, des travaux de drainage, d’urbanisme ou encore d’énergie électrique. Dans cet ordre d’idées, l’œuvre qui frappe davantage est l’assainissement des Marais-Pontins. Cette partie du Latium était fertile à l’époque de la république romaine. Un savant dispositif de canaux drainait les eaux de son sous-sol. Mal entretenus, ces canaux devinrent hors d’usage. Dès le temps d’Auguste, le secret en était perdu.

« Deux mille cinq cents ans de luttes – écrit M. C. Alvaro dans son livre Terra Nuova – ont laissé, dans ces quatre-vingt mille hectares de terres, les traces de l’effort humain ; Volsques et Étrusques, empereurs et papes se sont attaqués à cette entreprise mémorable ».

L’énergie et l’esprit d’organisation de Mussolini ont réussi là où tous avaient échoué. À la place des anciens marais, causes de fièvres, se trouvent maintenant de riantes et saines campagnes, propres à l’agriculture. Les communes de Littoria et de Sabaudia ont déjà été inaugurées. Pontinia le sera le 28 octobre prochain. On estime, qu’à cette date, le pays pourra nourrir cinquante mille colons. Un crédit agraire est accordé par l’État. Toute la colonisation est organisée autour de la famille, dont un des membres doit être un ancien combattant.

Cependant, le chef-d’œuvre du fascisme réside dans les accords de Latran. C’est pour avoir compris l’autorité, l’influence et le rôle du pape, que Mussolini a réalisé le vœu de Cavour, par l’instauration, en vertu d’un consentement réciproque, de l’Église libre dans l’État libre. Le traité de Latran est un des événements les plus importants de l’histoire de l’Italie et même de l’histoire tout court. À l’occasion du premier anniversaire de ces signatures, l’Osservatore Romano en attribuait l’honneur « à la charité d’un père, à la sagesse d’un roi et au génie d’un homme d’état ».

Voilà, en un résumé bien incomplet, l’œuvre accomplie, en douze ans, par le fascisme ; l’étudier ne peut être vain, dans les temps tourmentés que nous traversons, à l’heure où il n’est question que d’économie dirigée.

Pour conclure, je ne puis que répéter après Mussolini: « L’homme d’état doit chercher à réaliser l’équilibre des intérêts économiques et techniques avec les intérêts matériels, souvent en conflit. Mais de plus et par-dessus tout, il devra tenir compte des intérêts moraux, des sentiments, des passions et des idéaux du peuple dans le passé, le présent et l’avenir.

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Mussolini et sa femme. Le dernier jour. Photo de l’époque.

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