
Un autocar dans un ravin : 43 morts
Le week-end de l’Action de grâces s’est conclu tragiquement dans Charlevoix, par un des pires drames qu’ait connu le Québec : 43 personnes âgées ont perdu la vie quand l’autocar qui les amenait vers l’île aux Coudres s’est précipité dans un ravin, effectuant un vol plané de plusieurs mètres après avoir manqué un virage particulièrement serré sur la route de Saint-Joseph-de-la-Rive.
L’autocar de la compagnie Mercier, qui transportait 47 membres du club de l’âge d’or de la petite localité de Saint-Bernard-de-Beauce, a vraisemblablement manqué de freins au sortir de la pente extrêmement abrupte qui mène des Éboulements à Saint-Joseph-de-la-Rive.
Probablement incapable de négocier le virage particulièrement corsé qui conclut la pente, le chauffeur a défoncé le garde-fou et l’autocar s’est échoué sur le côté, dans un précipice profond d’une dizaine de mètres, à quelques pas du fleuve.
La Sûreté du Québec procédera d’ailleurs à une reconstitution minutieuse des événements. Trois hypothèses sont considérées par la police : un bris mécanique, un excès de vitesse de la part du chauffeur ou la surchauffe des freins, un phénomène qui se produit fréquemment parmi les 800 autocars qui arpentent cette côte chaque année.
Les ambulances sont arrivées en 15 minutes sur les lieux et les secours ont immédiatement commencé à dégager les corps des cinq seuls passagers encore vivants. En fin de soirée, les blessés, acheminés à l’hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec, étaient dans un état stable.
« Trois ou quatre personnes ont été éjectées : c’était les seules vivantes. C’était affreux à voir », témoigne Albert Tremblay, un hôtelier qui est rapidement arrivé sur les lieux du drame. Et dans l’autocar, il n’y avait pratiquement aucun signe de vie. « II n’y avait pas un son. Personne en état d’appeler au secours », raconte Gaston Gagnon, un des premiers agents de la sécurité civile à avoir pénétré dans l’autocar. Le curé de Saint-Joseph, Jean Moisan, s’est lui aussi rendu à l’intérieur du véhicule et a donné, en désespoir de cause, l’absolution aux mourants. « J’ai l’impression qu’il n’y a absolument personne là-dedans qui m’a compris », dit-il.
Ce n’est pas la première fois que Saint-Joseph-de-la-Rive est éprouvé par un tel drame. Il y a 22 ans, un autobus s’était précipité dans le même ravin, entraînant ses quinze passagers dans la mort. II faut dire que la pente qui mène au petit village, voie d’accès à l’île aux Coudres, est particulièrement abrupte sur deux kilomètres, puis effectue une dernière descente vertigineuse sur les derniers mètres, amorcée par un virage très serré. « Ici, l’été, ça sent pas les fleurs. Ça sent les brakes », résume Julienne Desgagnés, qui habite juste en face du lieu du drame.
(Texte publié dans La Presse le 13 octobre 1997)

Fleurs pour les victimes. Photo de GrandQuebec.com.
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