Audacieux vol de 16 millions à Dorval
Du travail de professionnels, répètent en cœur les policiers chargés de l’enquête sur l’audacieuse attaque tôt le matin, du 1 décembre 1990, à l’aéroport de Dorval, d’un avion nolisé par la Brinks, que des cagoulards ont délesté de 15,6 millions en lingots d’or, bijoux et valeurs négociables.
En deux minutes, vers 3h45, les bandits, que l’on croit au nombre de cinq à huit et qui pourraient bien avoir tenu un exercice il y a un mois, ont ajouté un nouveau chapitre dans l’histoire des plus grand vols au Canada, en dérobant plus d’une demi-tonne en lingots et près de 10 millions en valeurs mobilières. Aujourd’hui, ces professionnels sont recherchés partout au pays.
Vers 3.45, une explosion à l’ouest de l’aéroport de Dorval. Du côté de la rue Stewart-Graham, attire l’attention des policiers de la Gendarmerie royale du Canada, chargés de la surveillance des pistes et des hangars.
Trois minutes plus tard, un bimoteur à hélices de type Metroliner en provenance de Toronto se pose à l’extrémité est, à trois ou quatre kilomètres du lieu de l’explosion, avec à son bord, en plus du pilote et de son assistant – des Montréalais, un gardien de la sécurité de la compagnie Brinks.
L’avion loué par la Brinks à la Jet All Holding de Toronto roule jusqu’en face du hangar d’Air Texaco au 9788 Ryan, et le pilote coupe les moteurs. Soudainement, un camion de vidange fait irruption devant l’appareil et poursuit sa route. Les passagers l’ignorent encore mais le camion, qui avait été volé la journée précédente à Lachine, vient de défoncer la clôture donnant sur la piste.
Il est suivi d’une camionnette de type Econoline bleue qui s’arrête devant l’avion. Un cagoulard, armé d’un fusil d’assaut russe Kalachnikov en sort. Il tient en joue l’équipage.
Au même moment, la porte latérale de l’appareil s’ouvre et un homme ordonne en anglais au pilote et à ses compagnons de ne pas se retourner et ne pas toucher la radio. On présume que l’homme est sorti d’une autre camionnette, grise celle-là, qui s’est placée derrière l’appareil.
Selon les témoins, trois suspects masqués, qui entre eux parlaient français, ont ensuite délesté l’appareil d’une partie de trésors qu’il transportait. Ils y sont parvenus avant l’arrivée du camion blindé de la compagnie Secur qui devait en prendre livraison. L’opération n’a pas duré plus de deux minutes.
(Texte paru dans La Presse, le 2 décembre 1990).

Voir aussi :
- Crime et châtiment au Québec (l’index thématique)
- Aéroport de Dorval (PET)