Bombe dans l’avion : Les 23 personnes tuées pour une femme dont son mari aurait voulu se défaire
Un jeune bijoutier de Québec, Jean-Albert Guay, doit comparaître en cour aujourd’hui (24 septembre 1949). On le met alors en accusation à la tragédie dans laquelle sa femme et 22 autres personnes ont perdu la vie. Cela s’est passé dans l’écrasement d’un avion, le 9 septembre 1949. La police provinciale laisse entendre que se sera une accusation de meurtre.
La police provinciale a annoncé tard hier soir qu’elle détient Mme Arthur Pitre, comme témoin important de même que J. – A. Guay, bijoutier de Québec, dans l’affaire de l’accident d’avion survenu le 9 septembre dernier à Sault-au-Cochon.
Mme Pitre a admis qu’elle a transporté elle-même un mystérieux colis – de la dynamite apparemment, – à l’aéroport de Québec. Elle a placé le colis par la suite à bord de l’avion en partance pour Baie-Comeau cinq minutes seulement avant l’heure de l’envol. La police précise cependant que Mme Pitre a déclaré qu’elle ne connaissait pas le contenu du colis, qu’elle pensait que s’était une « statue ».
En même temps que la police a annoncé les aveux de Mme Pitre, elle a révélé qu’elle a interrogé une troisième personne en cette affaire. Il s’agit d’une jolie serveuse de restaurant de 26 ans, connaissance intime du jeune et svelte bijoutier.
La femme de 28 ans de Guay est morte dans l’accident d’avion. Selon la police, on est en face d’un drame d’amour assaisonné d’une police d’assurance de $10,000.
Jean-Albert Guay était recherché en rapport avec la chute de l’avion de la Quebec Airways. Des témoins oculaires ont déclaré qu’ils ont vu tomber l’avion après une explosion survenue dans les airs. L’avion a été plus tard localisé sur un flanc du cap Tourmente, à 52 milles de Québec.
Aveux signés de Mme Pitre
L’inspecteur René Bélec a déclaré que Mme Pitre a signé une confession. Elle raconte qu’elle porta un colis à l’aéroport à la demande de Guay, bijoutier de Québec et ancien employé des Canadian Arsenals (fabrique des munitions). Des morceaux de cet engin furent retrouvés dans les débris de l’avion. Le colis a été adressé à un nom fictif à Baie-Comeau.
La police explique que la bombe, à en juger par les restes, se composait de sciure de bois, de bouts de ruban gommé, de parties d’horloge et de morceaux de deux bâtons de dynamite. Elle croit que le paquet contenait un autre explosif disparu, probablement de la nitroglycérine.
Assurance de $10,000
La police considère que Mme Pitre n’était pas en mesure de préparer la bombe elle-même. Cependant, la police fait observer que Guay est un horloger autrefois à l’emploi d’une fabrique de munitions. Par ailleurs la dynamite provenait d’une quincaillerie locale.
Guay et sa femme, – celle-ci était au nombre des passagers de l’avion, – avaient connu des difficultés de ménage, selon la police. Ils avaient vécu plusieurs semaines avant de se réconcilier peu de temps avant l’accident du 8 septembre. De source policière, on apprend également que Guay et sa femme se rendirent acheter billet d’avion pour Baie-Comeau, deux jours avant la date du départ. Mme Guay prit une assurance de $10,000 payable à son mari en cas d’accident. Le déboursé par cette assurance fut de 50 cents.
Tentative de suicide
La police a consacré des heures à interroger Mme Marie Pitre, à l’hôpital, où elle se remet d’une dose excessive de somnifères. Jeudi soir, cette femme avait essayé de se suicider, à ce qui prétend la police.
Madame Pitre a admis, toujours d’après la police, l’achat d’explosifs en vue de la fabrication d’une bombe. Elle a admis aussi son transport dans une boite de carton à aéroport de Québec.
(Les médias ont publié cette nouvelle le 24 septembre 1949).
Pour compléter la lecture :
- Réserve faunique du Cap Tourmente
- Ligne du temps – 1949
- Forêt ancienne du Sault-au-Cochon
- Cause du désastre aérien : une explosion