Arrêter la pollution des eaux

L’industrie canadienne du papier dépenserait plus de $250,000,000 pour faire échec à la pollution des eaux

Baie-Comeau. Il est difficile d’évaluer avec précision ce qu’il en coûtera à l’industrie des pâtes et papiers car, d’une part, il n’existe pas de législation uniforme à travers le Canada et, d’autre part, nous manquons de techniques éprouvées quant à certains aspects du contrôle de la pollution. Toutefois, on estime à plus de $250,000,000 les capitaux requis par l’industrie canadienne du papier pour faire échec à la pollution des eaux, et à $.10,000,000 le coût des dépenses annuelles affectées à celte fin.

Selon M. Robert M. Schmon, président de l’Ontario Paper Company, de Thorold. Ontario, et de la Québec North Shore Paper, de Montréal et Baie-Comeau, ces chiffres n’incluent pas les sommes imputées au traitement préliminaire tels les procédés d’évaporation et de combustion. Ces frais s’ajouteraient aux déboursés importants mentionnés déjà.

De telles dépenses, soutient M. Schmon, pourraient affaiblir considérablement la position concurrentielle de l’industrie canadienne sut le marché mondial. « La plupart de ces dépenses ne serviront qu’à une seule fin: le maintien et l’amélioration du milieu ambiant. Elles n’auront pas pour effet d’accroître la productivité et dans presque tous les cas, elles ne rapporteront rien sur le plan financier ».

Publié dans une brochure bilingue, le texte du discours de M. Robert M. Schmon est intitulé : « L’industrie des pâtes et papiers s’inquiète de la pollution des eaux », et est adressé à toutes les Chambres de commerce de lu province de Québec. Cette allocution a été donnée à la Conférence nationale des chefs d’entreprise sur la réduction de la pollution de l’eau, tenue à Washington, sous les auspices du ministère de l’Intérieur des États-Unis.

RESPONSABILITE À LA SOCIETE

Je dis que c’est la société tout entière qui a contribué à la pollution des eaux. C’est la société tout entière qui doit assumer la responsabilité d’y remédier. Il n’est personne que je sache, de l’industrie, du gouvernement ou du public, qui puisse en accuser son voisin. C’est le problème de tous.

« L’industrie des pâtes et papiers du Canada reconnaît à la fois sa responsabilité et le besoin d’un programme soutenu destiné à réduire ou à supprimer les effets nocifs des résidus industriels sur l’« environnement ».

Des relevés précis recueillis par des équipes spéciales démontrent que, de 1960 à 1966, un certain nombre d’usines, représentant 75 p.c. de la production totale canadienne, se sont dotées d’appareils de récupération au coût total de plus de $64 millions et qu elles ont réussi à réduire appréciablement les facteurs de pollution. Ceci représente environ 5 p.c. du capital total employé au cours de cette même période. Me ne tente aucunement de démontrer que notre industrie a fait tout ce qui lui était possible de faire mais j’essaie de souligner qu’elle a fait beaucoup qu’on ne lui en donne crédit ».

RÔLE DES GOUVERNEMENTS

Le président de Québec North Shore Paper souligne que l’industrie des pâles et papiers occupe un rang de première importance dans l’économie du Canada.

Elle est responsable de un septième de la totalité des exportations du pays. Fin outre, elle est l’un des principaux employeurs au pays. Son expansion, sa position concurrentielle, son rôle important de fournisseur d’emplois et de change étranger seraient compromis, si on devait lui faire porter le fardeau entier de l’énorme coût du contrôle de la pollution.

« Des représentants de nos gouvernements fédéral et provinciaux nous ont informés que le coût de la lutte à lu pollution devrait s’ajouter à notre prix de revient, et je présume qu’ils impliquent qu’il soit refilé à nos clients. Pour être réalistes, il ne nous sera pas possible d’inclure tous ces coûts dans notre prix de vente. C’est donc pourquoi, mes collègues de l’industrie et moi-même, tentons d’obtenir l’aide des trois niveaux de gouvernements canadiens.

De l’avis de M. Schmon, les gouvernements pourraient prendre plusieurs mesures légitimes et justifiables d’encouragement.

«Je pense particulièrement aux taxes de vente sur l’outillage requis pour contrôler la pollution. Pourquoi les payerions nous ? D’autre part, pourquoi les municipalités augmenteraient-elles notre évaluation foncière alors que précisément nous investissions des sommes au bénéfice du public ? Le gouvernement fédéral nous donnerait un appui appréciable qui allégerait le fardeau de nos dépenses en nous accordant des taux de dépréciation plus avantageux et en mettant à la disposition de l’industrie des fonds à bas intérêt pour la mise en œuvre de programmes approuvés de réduction de la pollution.

(Cette nouvelle date du 2 février 1970).

Arrêter la pollution des eaux ! Photo de Megan Jorgensen.

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