Les Canadiens détiennent plus de 50% des titres de leurs entreprises
Les États-Unis ont placé plus d’argent au Canada que l’Angleterre – Près de six milliards nous viennent de l’étranger
Le Bureau Fédéral de la Statistique vient de publier une étude de la position financière du Canada dans laquelle il est révélé que les Canadiens possèdent entre 55% et 66% des actions de toutes les entreprises situées dans leur pays.
Notre richesse nationale se chiffre entre 28 et 30 milliards, dont un cinquième provient des pays étrangers.
Un fait intéressant mais auquel on doit s’attendre à cause de notre voisinage immédiat, c’est que l’arent américain placé au Canada est supérieur au capital anglais. Le capital canadien investi aux États-Unis est dix fois plus considérable que celui placé en Angleterre.
L’argent placé aux États-Unis par le Canada en 1928 fut augmenté de $166,00,000, tandis que le capital canadien investi en Angleterre durant la même année diminua de $17,000,000. Le capital que le Canada a placé à l’étranger se chiffrait, le premier janvier 1929, à $1,745,815, 977.
Naturellement, de tels estimés sont toujours plus ou moins approximatifs. La compilation a cependant été faite avec beaucoup de soin et les informations reçues sont de plus en plus précises.
On estime qu’au premier janvier 1929, le capital investi an Canada se chiffrait à $5.904.169,000. Sur cette somme, $2.197.682.000 provenaient des capitaux anglais, $3,470.087 étalent fournis par les Etats-Unis et $236,400.000. avaient été fournis par d’autres pays. Comme on l’a déjà dit, notre richesse nationale peut être évaluée entre $29,000,000,000. et $30,000,000.000. Il s’ensuit donc que ce capital étranger placé au Canada forme un cinquième de ce total.
En plus, le Bureau Fédéral des Statistiques estime que les Canadiens détiennent entre 55% et 65% des titres de toutes les compagnies localisées au Canada. Ils ont en outre investi à l’étranger la somme de $1,745,815,977, ce qui forme près de 30 p.c. Du capital étranger placé dans notre pays. L’on calcule que les Canadiens ont placé $95,025,848 en Angleterre, $991,651,727 aux États-Unis et $658,247,401 dans les autres pays.
Quelle est la tendance actuelle de la bourse?
Contre-courants à observer – L’optimisme éternel de certains spéculateurs – La prudence est conseillée – Facteurs encourageants à l’horizon
Il n’y a aucun signe dans le moment qui puisse faire croire que le public reviendra à la spéculation avec enthousiasme. Il faudrait qu’un mouvement nettement ascendant se manifeste pour inciter les amateurs à acheter des valeurs en grand nombre.
Apparemment, la plus grande partie des ventes de mai paraît écoulée. Le marché subira sans doute une série de contre-courant assez curieux pendant un certain temps encore.
Depuis trois ou quatre semaines, le marché de Wall Street était incontestablement aux mains des professionnels. Il semble que ceux-ci se soient retirés en partie la semaine dernière, comme l’indique la tranquillité relative de la Bourse. Dans ce cas ces professionnels doivent observer l’attitude du public et celle des compagnies de fiducie, avant de se décider à agir. Ils déclencheront ensuite, comme suite à leurs observations, un mouvement de hausse ou de baisse.
Naturellement, cette explication n’est pas la seule qui soit vraie, mais elle explique sûrement les agissements de certains « pools » récemment.
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L’optimisme de la plupart des spéculateurs est éternel. Ceux qui achetèrent un grand nombre de titres au mois de mars, en prétendant que la Bourse serait très à la hausse en avril payèrent cher leur erreur. Cela n’empêche pas ces mêmes spéculateurs de prétendre que la réaction viendra sans faute au mois de mai. S’ils se sont trompés, on peut s’attendra à une nouvelle régression violente du marché au début de juin.
Mais même si cela arrive, on ne manquera pas de voir un autre groupe d’optimistes acheter encore, en prétendant que la hausse des cours ne manquera pas d’avoir lieu vers la fin de juin. Ils finiront évidemment par avoir raison un jour ou l’autre.
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Certaines grosses maisons de courtiers conseillent une grande prudence à leur clientèle. Les prix semblent avoir une égale tendance vers la hausse et vers la baisse. Un financier célèbre à Wall Street déclarait être convaincu, il y a quelques jours, que certains stocks sont encore surévalués, ce qui attirera encore de la liquidation.
D’un autre côté, certaines grandes entreprises sont évidemment sous-estimées. La seule méthode à suivre serait alors de ne guider nos achats que vers des compagnies qui résistent victorieusement à la dépression actuelle des affaires et qui peuvent cumuler des profits sur ceux de 1929.
Le risque augmente à mesure qu’on s’éloigne de cette règle.
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Cependant, l’argent est si bon marché dans le moment que la léthargie actuelle ne peut pas durer longtemps. Le moindre signe de progrès dans les affaires servira sûrement au marché pour se rétablir complétement, surtout en ce qui concerne les compagnies dont les profits sont considérables en 1930.
On a justement remarqué il y a quelques jours qu’une légère augmentation dans la production des automobiles a immédiatement stimule les titres de compagnies engagées dans cette industrie. Les pétroles seront probablement en vedettes également, car la demande de ce produit sera grande. La position technique des stocks fiduciaires est certainement améliorée, car toutes les mauvaises nouvelles ont été escomptées. Les cuprifères sont spéculatives dans le moment, et cela se comprend facilement. La demande pour les compagnies de produits alimentaires est très accentuée.
On a observé d’autres facteurs encourageants ces jours passés. Les statistiques révèlent une légère amélioration du commerce au Canada. Aux États-Unis, la situation est meilleure aussi, d’après le rapport basé sur les observations d’agents canadiens chez nos voisins. Le mouvement du blé au Canada s’est grandement amélioré depuis l’ouverture de la navigation.
Notre vie économique devrait refléter bientôt ces facteurs encourageants.
Sommes-nous menacés par une disette d’or?
Un grand nombre d’économistes et de financiers envisagent avec inquiétude la possibilité d’une disette d’or dans le monde entier.
Les opinions sont contradictoires. Il est certain d’après les uns que si la réserve du métal précieux cesse d’augmenter, ou si elle diminue, le monde est menacé par un manque de monnaie et par conséquent par une chute dangereuse des prix de tous les articles. Cette baisse sera d’autant plus accentuée que le volume mondial des affaires aura augmenté.
D’un autre côté, on ne peut nier que l’usage courant de l’or diminue avec une grande rapidité. On ne s’en sert guère maintenant que pour le règlement des dettes internationales. L’or n’est plus répandu aux mains d’un grand nombre de personnes, mais il est centralisé et tenu en réserve dans quelques grandes banques. C’est le crédit d’un individu ou d’une nation qui fait des progrès ou qui disparait, et le crédit est formé par une bonne réputation et par diverses richesses n’ayant qu’une relation lointaine avec la circulation de l’or.
Les méthodes d’affaires ont changé
Sans doute, une certaine réserve d’or est nécessaire pour soutenir le crédit; mais les méthodes d’affaires ont tellement changé depuis quelques années, que la somme d’or nécessaire est de moins en moins forte.
Ce qui importe avant tout, c’est la façon dont la Finance est organisée et conduite, beaucoup plus que la richesse en or. On a un très bel exemple de ceci dans le retour de l’Angleterre à l’étalon-or, même avec une réserve très limitée de ce métal, tandis que l’Argentine a dû abandonner l’étalon-or, tout en possédant une réserve qui s’élève à 80%.
On peut dire qu’il en est de la réserve d’or comme du mètre ou de n’importe quelle mesure tenue dans les coffres-forts d’un pays. On se contente de copier sur un morceau de bois cette mesure et tout le monde est content. On se contente aussi de copier sur du papier la valeur théorique du dollar en or et les affaires marchent, même si le véritable valeur en métal précieux reste à l’abri aux côtés de la mesure officielle du pays. les et les crédits.
Même en ce qui concerne les découvertes de l’or dans le monde, les possibilités sont encore immenses. Rien ne prouve qu’on ne trouvera pas de vastes dépôts aurifères dans des régions inexplorées ou même explorées souvent. Les mines actuelles peuvent même donner un plus fort rendement. Tout dépend du coût d’extraction et des profits, Les mineurs aiment beaucoup à extraire or des profondeurs souterraines, mais il est évident que le monde doit les payer pour cela. Si les mineurs n’y volent pas de profits, ils chercheront d’autres métaux.
On est satisfait de la méthode actuelle
Cette méthode est peut-être très peu scientifique et peut-être sujette à l’erreur, mais nous n’y pouvons rien. Le monde l’a adoptée après des siècles d’essai et s’en montre satisfait. Aucune grosse entreprise ne pourrait être maintenue si le public refusait de lui faire confiance; aucune nation né pourrait prospérer si les autres nations ne lui faisaient pas confiance.
Une reine de l’or
Madame J. J. Brown, veuve du fameux Leadville Johny Brown, ancien chercheur d’or, possédait dix-huit claims miniers dans le Colorado. Ces terrains étaient inactifs, lorsque de nouvelles découvertes attirèrent l’attention des experts sur ces propriétés. Madame Brown, qui habite Paris, vient de signer un contrat avec un syndicat pour l’exploitation de ses claims. On prétend qu’il y a là pour cent millions d’or au moins.
(Ces nouvelles nous vient du mois de mai 1930).
