Décès d’André Laurendeau
Le co-Président de la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, André Laurendeau, est mort à 56 ans
L’un des grands noms du journalisme et de la politique au Canada français, André Laurendeau, qui présidait depuis 1963 la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, est mort, samedi soir, le 1er juin 1968, dans un hôpital d’Ottawa où il reposait dans un état critique depuis le 15 mai dernier.
Le rédacteur en chef du Devoir s’était affaissé dans son bureau au cours d’une rencontre avec des journalistes. A l’hôpital, les médecins devaient constater que M. Laurendeau avait subi une hémorragie intracrânienne consécutive à la rupture d’un anévrisme.
Au moment où la mort l’a frappé, à l’âge de 56 ans, André Laurendeau n’avait pas eu le temps de mettre le point final à la tâche colossale qu’il avait entreprise, en 1963, en acceptant la coprésidence de la Commission d’enquête sur le bilinguisme.
«C’est ce travail qui l’a épuisé mais non avant qu’il eût indiqué au Canada la voie de son avenir», a déclaré à Terre-Neuve le premier ministre du Canada, M. Trudeau, en apprenant la nouvelle tragique.
En acceptant la coprésidence de la commission, a dit encore M. Trudeau, il a relevé l’un des grands défis de l’histoire de la fédération canadienne.
MM. Robert Stanfield, chef du parti conservateur, et Marcel Faribault, leader des conservateurs québécois, ont tous deux tenu à faire l’éloge du disparu.
L’idée d’une commission d’enquête sur le bilinguisme fut celle de M. Laurendeau. Il en demanda l’institution au gouvernement fédéral dans un éditorial du Devoir, en janvier 1962. Le premier ministre canadien d’alors, M. Diefenbaker, répond: non!
L’année suivante, M. Pearson, qui a pris le pouvoir, répond oui et confie la coprésidence de la commission à M. Laurendeau, qui se mettra aussitôt à l’œuvre en compagnie de M. Davidson Dunton.
Au moment où la Commission allait commencer son travail, M. Laurendeau avait déclaré dans une interview que le premier devoir de la Commission était d’avoir «les oreilles et l’esprit ouverts à tout ce qui lui serait dit.