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Anarchiste canadien

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Explosion d’une bombe à New York

À la poursuite des anarchistes

L’explosion d’une bombe a fait quatre morts à New York ce samedi, le 4 juillet 1914. La bombe a explosé au 1626, avenue Lexington, à New York. Il s’agit d’une maison où résidaient plusieurs ouvriers. Les noms des quatre victimes sont Arthur Caron, Charles Berg,  Carl Hanson et Marie Claves. Toute la partie supérieure de la maison a été détruite et au moins sept personnes ont été blessées. Arthur Caron était le locataire du logement détruit par l’explosion de la bombe.

Une femme de nom de Louise Berger, belle-sœur de Carl Hansen, un de ceux qui ont été tués, demeurait au même étage de la maison. Elle a prétendu qu’elle ne savait absolument rien de ce qui concerne les explosifs.

On a retrouvé une main crispée, tenant encore deux bouts de fils de fer, comme pour les faire se toucher. On croit que celui à qui cette main appartenait se préparait à faire sauter une bombe, lorsque l’explosion accidentelle se produisit et le déchira en morceaux.

Les autorités ont lancé une armée de détectives aux trousses de Michael Murphy, le jeune anarchiste, qui échappa à la mort. M. Murphy est, dans l’opinion de la police, l’homme qui peut le mieux les renseigner sur ce qu’il s’est passé exactement sur les lieux.

Recueilli comme étant une des victimes de l’explosion, Murphy fut pendant quelque temps dans les mains de la police, mais il disparut avant que son identité ait pu être établie. On lui donna des vêtements pour remplacer les siens qui étaient en lambeaux, mais aussitôt pourvu, il fila sans qu’on s’en aperçût.

Il n’est pas clair sous quelle accusation Michel Murphy pourrait être gardé. On espère pourtant pouvoir obtenir de lui des explications sur les mouvements mécaniques et autres objets employés pour la fabrication des bombes qui étaient gardées dans la maison qui a sauté.

De sa part, Alexander Berkman, anarchiste, associé d’Emma Goldman à la pulbication du Mother Earth, un journal anarchiste et adepte du mouvement de la « Libre parole » avec lequel Arthur Caron, Carl Hansen et Charles Berg, trois des victimes de l’explosion étaient identifiés, a déclaré que les partisans du mouvement croyaient que ces « victimes de la cause » avaient été tuées par une bombe qui aura été envoyée par un ennemi.

La police a d’ailleurs interpellé Alexander Berkman qui a déclaré qu’aucune des victimes ne faisait partie des Inudustrial Workers of the World (I. W.W). M. Berkman a déclaré que plusieurs sociétés anarchistes se préparent à faire aux victimes d’imposantes funérailles publiques.

Le mouvement de la « Libre parole » a promis de faire à leurs amis des funérailles solennelles sur l’Union Square de New York. D’après Berkman plusieurs organisations ouvrières faisaient des préparatifs pour tenir ces funérailles. Il y aurait des discours par Berkman lui-même, par Leonard Abbott, par Rebecca Eddelson et Charles Plunkett. Les corps de leurs amis morts seraient soumis à l’incinération.

On croit qu’il s’agit d’un complot d’anarchistes. Sur place, la police a confisqué une grande quantité de dynamite qui servirait pour fabriquer des bombes. Ces explosifs seraient amassés par des membres du groupe Industrial Workers. L’enquête conclut que Caron, Berg et Hanson ont été victimes de l’explosion prématurée de la bombe qu’ils destinaient à détruire la propriété de l’homme d’affaires John D. Rockefeller.

Dans les ruines de la maison détruite, on a découvert des preuves confirmant que l’appartement d’Arthur Caron était le centre de la distribution de littérature révolutionnaire, et que, au moment de l’explosion cette chambre s’était transformée en manufacture d’engins de mort. On y a retrouvé une presse à imprimerie des pamphlets révolutionnaires, des circulaires, une dynamo électrique, des cartouches, des morceaux de fer.

Notons que deux des victimes de l’explosion étaient des agitateurs de renom qui devaient être amenés le 6 juillet 1914 devant les tribunaux, sous l’accusation de mauvaise conduite, lors de la campagne contre John D. Rockefeller, jr, au sujet de son attitude lors de la grève des mineurs au Colorado.

Quant à Charles Berg, c’était un associé de Caron, connu sous le nom de « Big Swede ». La dernière victime, Mary Claves, il semblerait qu’elle ne faisait pas partie de les associations terroristes.

Âgé de 29 ans au moment de son décès, Arthur Caron était natif du Canada, était âgé de 29 ans. Veuf exerçant la profession d’ingénieur, il  était le fils de Marie Ross et Joseph Caron, mariés à Beauport, Québec, en 1877. Le 3 juillet 1905, à Fall River, Massachussets, Arthur Caron a épousé Elmina Reeves, fille de Jeremy  et de Almina Cardin.  Son épouse est décédée à Fall River le 5 décembre 1912 quelques jours après la naissance de leur fils Reeves.

Un groupe de partisans des anarchistes tués, se rendra à Terrytown, demain, le 7 juillet 1914, pour y assister au procès des agitateurs de l’I.W.W. Aucune précaution extraordinaire n’a été prise. On ne croit pas qu’il y ait du trouble.

Notons finalement que John D. Rockefeller s’est rendu, le 5 juillet, à l’église du Pocanto Hills comme d’habitude. Il s’y est rendu en automobile, mais il est revenu à pied, accompagné par un ami. On n’a pas vu de partisans des I.W.W autour de sa propriété pour quelques temps et les gardes n’ont rien eu à faire.

La Patrie, 6 juillet 1914

arthur caron

Le Canadien français Arthur Caron. Photographie de l’époque.

bombe à lexington

La maison détruite par l’explosion de la bombe, au 1626, avenu Lexington, New York. Photographie de l’époque.

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