Projet de l’aéroport international de Drummondville
La décision de construire le nouvel aéroport international de la région de Montréal à Drummondville comporte plusieurs avantages qui sont de nature à accélérer le développement économique de la province et à encourager une certaine décentralisation dans les pôles de croissance. On peut donc penser que le gouvernement fédéral a eu la main heureuse en portant son choix sur Drummondville ou ses environs; cet aéroport est appelé à prendre une grande envergure et à créer autour de lui une activité qui aura des effets bénéfiques.
Parmi les premiers avantages que comporte Drummondville ou ses environs pour la construction de ce vaste aéroport on peut noter la décentralisation de l’activité économique. Ces dernières années, l’activité économique dans la province n’a cessé de se faire en faveur de Montréal. Il y a là-dedans des facteurs naturels qui sont prédominants. Montréal représente un vaste marché de consommation, à vrai dire le seul de taille véritablement importante dans la province. La consommation appelant la production, surtout à une époque où elle s’effectue à haute échelle, on constate que la prospérité de Montréal ne cesse d’engendrer de nouvelles prospérités.
Ainsi, dans le domaine de l’aviation, surtout internationale, on ne peut voir d’autre centre que celui de la région de Montréal susceptible d’être desservi par un aéroport international. Le seul aéroport international existant au Québec est d’ailleurs situé à Dorval, dans la banlieue de Montréal. Comme cet aéroport est devenu insuffisant, le gouvernement d’Ottawa a dû songer à un autre endroit où l’on disposerait de terrains encore plus vastes pour les aérobus, de plus en plus rapides et lourds, qui seront en opération dans un proche avenir. Ainsi, tout en desservant essentiellement la région de la métropole, il fallait s’éloigner un peu plus de cette dernière pour disposer de l’espace nécessaire, Montréal devenant en quelque sorte victime de sa propre croissance.
Drummondville est située à une cinquantaine de milles de la métropole. Les moyens de communications avec celle-ci sont cependant rapides, par l’autoroute. De plus, compte tenu des progrès intervenant dans le transport aérien, il n’est pas impossible que le nouvel aéroport puisse desservir Montréal par de petits avions et des hélicoptères, dans le cas des voyageurs pressés se dirigeant à Montréal.
Quant à Drummondville et ses environs, voilà un coin de la province qui connaîtra une activité fébrile non seulement durant la période de construction de l’aéroport mais également une fois que celui-ci sera construit. Il y faudra des milliers d’employés, de techniciens de toutes sortes, des douaniers, etc.
Non seulement Drummondville et ses environs immédiats en profiteront, mais une ville de plus grande envergure comme Trois-Rivières, reliée maintenant à la rive sud par un nouveau pont, n’étant, pas tellement éloignée du vaste aéroport pourra en ressentir le rayonnement économique.
Contrairement à l’actuel aéroport de Dorval, le nouvel aéroport international sera situé entre Québec et Montréal. Il sera sans doute plus près de ce dernier que de Québec, mais pour les Québécois, il sera plus facile et plus rapide par la route numéro 20, de se rendre à l’aéroport international de Drummondville qu’à celui de Dorval. Il n’est pas mauvais non plus pour Québec qu’un début de décentralisation économique commence à se faire sentir vers l’est de la province.
À tous les points de vue le choix du gouvernement central paraît donc excellent pour la province. Reste à souhaiter que notre système d’enseignement puisse préparer comme il convient nos étudiants à répondre au besoin de techniciens qui ne manquera pas de se faire sentir au nouvel aéroport international. Il faudrait également souhaiter que d’autres initiatives viennent comme celle-là encourager une décentralisation de l’activité économique dans le Québec.
(Gilles Boyer, texte paru dans le journal Le Soleil, lundi 16 décembre 1968).
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