Un juge donne raison au militaire qui avait refusé le vaccin contre l’anthrax
L’ex-sergent Mike Kipling a été acquitté par un tribunal militaire. Il avait refusé, alors qu’il était en mission au Koweït, qu’on lui inocule un vaccin contre l’anthrax, lequel a été qualifié de dangereux par le colonel Guy Brais, juge en chef des Forces armées canadiennes.
Un ex-sergent de la force aérienne qui avait refusé de recevoir un vaccin contre l’anthrax, en 1998, alors qu’il était posté au Koweït, n’aura pas à comparaître devant une cour martiale, a décidé hier un juge militaire.
Le colonel Guy Brais a établi que le vaccin était dangereux en tenant compte de la preuve déposée, concernant plus particulièrement un lot qui avait été produit par le Michigan Biologic Product Institute et fourni aux Forces armées canadiennes.
Le gouvernement ne pourrait jamais être justifié d’imposer l’inoculation des militaires avec des vaccins dangereux, a déclaré le juge Brais.
Des témoignages ont indiqué que certains vaccins dataient d’il y a neuf ans, que des flacons ne contenaient pas les doses indiquées et que certaines fioles étaient contaminées, non stériles, et contenaient des corps étrangers.
Le juge Brais a déclaré que la Charte des droits et libertés protège les soldats canadiens contre l’obligation de recevoir un vaccin dangereux. Mike Kipling, qui a quitté l’armée depuis, était accusé d’avoir désobéi à un ordre parce qu’il avait refusé le vaccin.
« Je suis content que ce soit terminé, a-t-il déclaré à sa sortie de la cour. J’espère retrouver maintenant une vie normale. »
L’avocat de M. Kipling, Me Jay Prober, estime que c’est une victoire importante pour tout le personnel militaire. Il alléguait que le recours à une cour martiale enfreignait le droit de son client à un traitement égal, en vertu de la Charte des droits et libertés. Me Prober a expliqué que les droits de M. Kipling avaient été bafoués lorsqu’on lui avait intimé l’ordre d’accepter le vaccin contre l’anthrax alors qu’il était posté au Koweït, en 1998.
Santé Canada avait accordé une autorisation spéciale pour que l’armée puisse utiliser le vaccin.
Certains vétérans ont associé le vaccin au syndrome de la guerre du Golfe, bien qu’il existe peu de preuves scientifiques pour appuyer leurs allégations.
L’armée n’a pas encore décidé si elle en appellera de la décision.
(Cette nouvelle date du 5 mai 2000, texte publié dans le journal La Presse).
