Horreur à Yamachiche
« Le pire, c’était l’odeur », déclare Roland Lemire, envoyé sur les lieux par Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Près de Yamachiche, dans cette nuit glaciale du 30 janvier 1954, les hommes sont impuissants à lutter contre l’horreur de la tragédie qui se déroule sous leurs yeux.
Les témoins reculent repoussés par le souffle brûlant et nauséabond du feu qui dévore l’autobus de la Compagnie de Transport Provincial qui, comme chaque soir, se rendait à Québec.
Que s’est-il passé? Aucun des deux conducteurs n’a le sentiment qu’il était trop à gauche. Un camion-remorque, qui roulait à vide vers Cornwall, Ontario, a enfoncé tout le côté gauche de l’autobus, jusqu’à la sortie de secours où il s’est immobilisé.
Un témoin, A.R. Dupont, de Montréal, a déclaré que les deux véhicules lui ont « paru soulevés de terre, avant de retomber à côté de la route avec des soubresauts ».
*
Presqu’aussitôt, des flammes jaillissent. De l’autobus montent des cris déchirants, des sanglots. Puis le silence s’installe, sinistre, lugubre. Tout est fini…
Dans la ferraille tordue, les passagers prisonniers ont tenté en vain d’ouvrir la sortie de secours. Ou encore de se dégager des sièges qui les enserraient, mâchoires monstrueuses qui se referment sur eux au moment où ils s’y attendaient le moins.
Pour retirer les restes carbonisés de la carcasse écrasée de l’autobus, il a fallu la découper au chalumeau dans la morgue même, où on a transporté le tout par camion. On dénombre quatorze victimes.
(Horreur à Yamachiche : Cela arrive le 30 janvier 1954).
Municipalité d’Yamachiche
Cette municipalité de la région de Maskinongé a été implantée non loin du lac Saint-Pierre, sur les rives de la Petite rivière Yamachiche, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Louiseville. Les premiers colons, les trois frères Gélinas, s’installent en ces lieux en 1703. Ensuite, en 1723, on y dénombre une centaine d’âmes. Par la suite, habité par des Acadiens venant des États américains, plus particulièrement du Massachusetts, entre 1765 et 1790, le territoire compte déjà 636 habitants en 1766. La construction de quelques moulins et la culture de la terre assurent la subsistance de la population. On érigera civilement la paroisse de Sainte-Anne-d’Yamachiche en 1722, véritablement établie en 1758. On l’a établi alors à titre de paroisse de Sainte-Anne.
Érigée canoniquement en 1832, la paroisse ne reprendra son nom Sainte-Anne-d’Yamachiche qu’en 1852. Une chapelle avait été bâtie aussi tôt qu’en 1711. La municipalité d’Yamachiche, créée en 1845, est abolie en 1847 et sera remplacée, en 1855 par la municipalité de la paroisse de Sainte-Anne-d’Yamachiche.
*
Détachée de cette dernière en 1887, la municipalité du village d’Yamachiche fusionne en 1987 à la municipalité mère pour former l’actuelle Yamachiche. Cette appellation Yamachiche, qui figure dans le recensement de 1706, attribuée au bureau de poste en 1831, a d’abord identifié la rivière dont le lit se révèle argileux. En conséquence, ce nom, qu’on a traditionnellement tiré des mots amérindiens (cris, peut-être) iyamitaw, beaucoup, et achichki, boue, vase, aurait pour sens général : rivière vaseuse, et reflèterait une caractéristique du cours d’eau.
En abénaquis, l’endroit s’identifie comme Namasis, petit poisson et Obamasis. C’est un petit poisson blanc. On en retrouve la première attestation dans l’acte de concession du fief de Gosbois, gouverneur de Trois-Rivières. Comme l’illustre bien cette forme, le toponyme a connu de multiple orthographes. Notamment, Machiche, Ouabmachiche, Yabamachiche, Hyamachiche. Aussi Yamachiste, Amachis, à Machis, à Mashis Machis, Augmachiche, Ouamachiche, Yabmachiche, etc. Cela a surtout affecté le nom de la rivière, celui de la paroisse et de la municipalité demeurant plus stables ! Jadis lieu de pèlerinage très fréquenté, l’endroit constitue la patrie du poète yamachichois Nérée Beauchemin (1850-1931). Également du romancier Antoin Gérin-Lajoie (1824-1882), auteur célèbre de Jean-Rivard (1862-1864).