Péninsule d’Ungava
Très vaste région naturelle du Québec qui constitue l’extrémité nord-ouest de la province et qui fait partie de la région de Nunavik entre la baie d’Hudson, le détroit d’Hudson, la bai d’Ungava et la rivière aux Feuilles. La péninsule est presque entièrement occupée par un plateau dénudé, couvert d’un paysage de toundra sèche arctique et ponctué de très petites tourbières. La vallée de la rivière aux Feuilles, en son extrémité méridionale, fait figure d’exception, avec ses terrasses tapissées par la forêt boréale.
Le nom Ungava se perd dans la nuit des temps autochtone, enveloppé du mystère de ses origines, fascinant, lumineux et insaisissable comme une aurore boréale. La plus ancienne mention écrite du nom remonte à 1774, dans un article paru dans Philosophical Society Transactions, sous la plume du lieutenant Roger Curtis : Ungabaw y désignait une colonie d’Inuits, non pas la péninsule.
Par ailleurs, le terme Ungavamiut est la désignation traditionnelle des Inuits habitant la région de la baie Hopes Advance sur le littoral ouest de la baie d’Ungava, entre les rivières aux Feuilles et Arnaud. Certains traduisent Ungavamiut par les plus lointains Nordiques, en parlant des Inuits, ce qui présente un problème d’interprétation, puisque les Ungavamiut se trouvent plus au sud que d’autres bandes inuites du Québec, également porteuses d’un nom traditionnel. D’autres auteurs sont d’avis que ce terme signifierait ceux qui vivent très au loin, précisant que, malgré son origine inuite indiscutable, le nom Ungava aurait été détourné de son objet premier par des personnes qui n’étaient pas inuties.
Par ailleurs, de récents inventaires toponymiques réalisés en milieu inuit ont révélé l’existence de quelques noms géographiques comportant le radical ungava-et désignant des lieux près de l’embouchure de la rivière aux Feuilles, un peu au sud de la baie Hopes Advance. Cette proximité géographique comportant le radical ungava – permet de cerner une aire d’application originelle plausible du toponyme Ungava dans la région de l’embouchure de la rivière aux Feuilles.
La signification précise d’ungava apparaît quant à elle plus difficile encore à dégager. Pour certains, il signifie terre lointaine, éloignée, à une grande distance. L’idée de distance est en effet présente dans le nom géographique Ungammaq que les Inuits utilisent pour parler de I la baie d’Ungava.
On a aussi traduit ungava par cette chose au loin, avec le sens de « de l’autre côté de quelque chose » ou de « au-delà de quelque chose », ce qui rend le nom plus énigmatique encore en suggérant l’existence d’un lieu de référence non dit à partir duquel s’est bâti cet Ungava, « cet au-delà de »… D’autres enfin y ont vu les sens d’inconnu, de terre inconnue, et même le pays du sud et lieu que fréquentent les baleines blanches.
C’est en 1970 que la Commission de géographie du Québec a approuvé la dénomination Ungava pour désigner la péninsule entendue dans son extension actuelle. Ce qu’on identifiait au début du XXe siècle par Péninsule d’Ungava était un espace beaucoup plus vaste, l’ancienne péninsule du Labrador, soit la masse continentale, incluant le Labrador, qui se trouve au nord d’une ligne courant du sud de la baie James à un point de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, face à l’île aux Grues approximativement.
La Commission géographique du Canada a approuvé, en 1900, le remplacement du nom Péninsule du Labrador par celui de Péninsule d’Ungava. La Commission de géographie du Québec fit de même en 1922, alors que l’existence de deux espaces appelés Labrador – la péninsule du Labrador, d’une part, et la mince bande côtière terre-neuvienne appelée Labrador, de l’autre – rendait souhaitable de départager mieux les réalités géographiques. Cependant, la réduction, dans les usages, de l’aire désignée par Péninsule d’Ungava était déjà amorcée. C’est le célèbre cinéaste américain Robert Flahert (1884-1951), auteur de plusieurs films et documentaires centrés sur les rapports de l’homme et de la nature, qui aurait, le premier, en 1910 et en 1917, appliqué le nom Ungava à une partie de ladite péninsule, soit la portion du nord-ouest du Québec actuel depuis la rivière aux Mélèzes vers les eaux nordiques.
Par la suite, l’agrandissement du territoire du Labrador par le jugement du Conseil privé de 1927 et l’usage d’un Ungava péninsulaire rétréci chez les prospecteurs et les géologues ont réduit l’aire toponymique de la péninsule à son extension actuelle.
Le nom Ungava désigne aussi une circonscription électorale provinciale. Il a servi également de dénomination à un district fédéral des Territoires du Nord-Ouest, qui a été annexé à la province de Québec, en 1912, et immédiatement désigné sous le nom de Nouveau-Québec, aux termes de la législation québécoise. Ce district d’Ungava avait été cédé par le gouvernement fédéral au Québec à l’exclusion des îles côtières et d’une bande littorale appelée Côte du Labrador.
C’est toutefois en 1895 que le gouvernement canadien avait désigné officiellement sous le nom d’Ungava le territoire qu’il allait presque entièrement céder à la Province de Québec dix-sept ans plus tard. Antérieurement, ce territoire faisait partie de la Terre de Rupert et relevait depuis 1670 de la juridiction de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il fut transféré sous juridiction canadienne en 1870, la Compagnie de la Baie d’Hudson l’ayant vendu au gouvernement britannique qui l’a rétrocédé au Canada.
Circonscription électorale d’Ungava
Baignée par la baie James et la baie d’Hudson, à l’ouest, ainsi que par le détroit d’Hudson et la baie d’Ungava, au nord, cette circonscription électorale, la plus grande au Québec, couvre, avec ses 779 112 km2, près de 51% de la superficie de la province. Elle est bornée, à l’est, par le Labrador terre-neuvien, et, au sud, par les circonscriptions électorales de Duplessis, de Dubuc, de Lac-Saint-Jean, de Roberval, ainsi que par celles d’Abitibi-Est et de Laviolette.
Ce vaste territoire électoral est divisé en deux parties par le 55e parallèle. Au sud de cette latitude et à l’est, se trouvent le territoire non organisé de Caniapiscau et, à l’extrême est, celui de Lac-Juillet. À l’ouest, la population est concentrée dans les villes de Lebel-sur-Quévillon, de Matagami, de Chapais, de Chibougamau et dans la grande municipalité de Baie-James qui enclave, outre ces quatre villes, les villages cris de Waswanipi, de Mistissini, de Waskaganish, de Wemindji, de Nemiscau, d’Eastmain et de Chisasibi.
Au nord du 55e parallèle, s’étend le territoire non organisé de Baie-d’Hudson et s’échelonnent sur la côte de village cri de Whapmagoostui ainsi que les sept villages inuits suivants : Kuujjuarapuk, Umiujaq, Inukjuak, Povingnituk, Akulivik, Ivujivik et Salluit. Le reste de cette circonscription électorale est occupé par le territoire non organisé de Rivière-Koksoak et par les villages inuits de Kangiqsujuaq, de Quaqtaq, de Kangirsuk, d’Aupaluk, de Tasiujaq, de Kuujjuaq et de Kangiqusualujjuaq.
L’économie de ce vaste ensemble connu autrefois sous le nom de Nouveau-Québec est basée sur l’exploitation des ressources naturelles, dont l’hydroélectricité de la Grande-Rivière, et sur l’exploitation traditionnelle et commerciale de la faune par les autochtones principalement. Le nom d’origine amérindienne Ungava, pour désigner cette entité électorale, remonte à 1980.
Pointe Guinard
Cette pointe est située à environ 10 km au nord-ouest de l’embouchure de la rivière False dans la baie d’Ungava. Elle a été dénommée en 1978 pour honorer la mémoire du père oblat Joseph-Étienne Guinard (1864-1965). Né à Maskinongé, ce fils de fermier s’engage tardivement dans la prêtrise, sa première affection est la région occidentale de la baie James, dans le nord de l’Ontario, de 1892 à 1898. Il passe la plus grande partie de sa vie missionnaire en Haute-Mauricie, aux confins de l’Abitibi. Il s’attache aux populations amérindiennes qu’il dessert, en apprenant leurs langues et en explorant leurs territoires. En !960, il publie un ouvrage très utile en toponymie aborigène : Les noms indiens de mon pays : Leur signification, leur histoire. Environnementaliste avant l’heure, il critique fréquemment le développement anarchique des ressources du Nord, dénonce le sort réservé par les gouvernements aux Amérindiens et appréhende les conséquences de ces orientations sur le mode de vie amérindien et la nature québécoise.
Pointe Hubbard
Pointe du littoral de la baie d’Ungava, située à quelque 7 km à l’ouest de l’embouchure de la rivière George. On attribue l’origine de son nom à la volonté de rappeler la seconde expédition Hubbard, conduite en 1905 par Mina Benson Hubbard, l’épouse de Leonidas Hubbard Jr. Qui a perdu la vie au cours d’une précédente expédition au Labrador en 1903. La Commission de géographie a accepté le nom Pointe Hubbard en 1960. De leur côté, les Inuits appellent cette pointe Qarqakutaaq Nuvua (ou Qarqaakutaaq Nuvua), c’est-à-dire la pointe qui appartient à la longue colline.
Pointe de l’Igloo
La pointe de l’Igloo est située sur la rive nord de la rivière Arnaud, près de son estuaire qu’on appelle Bassin Payne, dans la baie d’Ungava. Le terme inuktituk igl (igluit au pluriel), qui a le sens de maison, habitation, couvre aussi bien la maison de neige que la tente et la maison de bois ou de pierre. Ce sont les Blancs qui ont spécialisé le terme igloo (ou iglou en français) pour lui faire désigner la maison construite en blocs de neige ou de glace. Ce toponyme a été relevé sur une carte hydrographique de 1956. D’autres documents ont également fourni les formes Igloo Point et Pointe Iglu. Une enquête toponymique a recensé le nom Illuluarjuit qui, en inuktitut, signifie qui sont comme des maisons. Le nom Pointe de l’Igloo serait donc d’origine métaphorique et ferait allusion à une particularité de cette pointe.
Rivière Ferrum
Ce cours d’eau, d’une longueur de 60 km environ, arrose le territoire non organisé de Rivière-Koksoak, à 150 km au nord-est du réservoir Caniapiscau, dans le Nord-du-Québec. Tributaire de la rivière Swampy Bay, il prend sa source dans le lac Myrtle, près de la ligne de partage des eaux entre le bassin de la baie d’Ungava et celui de la mer du Labrador. La rivière coule en direction nord-ouest pour se déverser dans le lac Wakuach. Arrosant un sol riche en fer, on lui a donné le nom latin Ferrum signifiant « fer ». Ce toponyme paraît dans les documents cartographiques depuis 1950.
Lac aux Feuilles
Large de 36 km, long de 55 km et d’une superficie de 611 km carrés, ce plan d’eau du Nord québécois, à 110 km au nord-ouest de Kuujjuaq, représente en fait un élargissement de la rivière aux Feuilles. Situé près de l’embouchure de cette dernière, il contient plusieurs îles et presqu’îles et, par sa configuration accidentée, forme entre autres les baies Profonde, Sèche et aux Baleines. Plusieurs cours d’eau l’alimentent, dont les rivière aux Feuilles le nom de Nepihjee, mot formé à partir de niipii, ce qui signifie « feuille, fleu ». La carte illustrant les rapports de R. Bell et de Albert Peter Low, publiée en 1900, indique Leaf Lake. Le Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec (1914) signale que le lac des Feuilles est une « nappe d’eau salée qui communique avec la baie d’Ungava par une passe étroite et profonde bordée de hautes falaises. Ce lac à près de cinquante milles de long et dix de large. Il se révèle intéressant de constater qui, dès 1914, l’appellation amérindienne est traduite par lac des Feuilles, ce qui indique que la toponymie s’est implantée peu après la constitution du Nouveau-Québec. La municipalité du village nordique de Tasiujaq, située sur ses rives, a été constituée le 2 février 1980. Ce toponyme inuit signifie qui ressemble à un lac.
Rivière aux Feuilles
Kuugaaluk ou « la grande rivière » : c’est ainsi que les Inuits désignent la décharge du lac Minto qui, sur quelque 480 km, traverse d’ouest en est la péninsule d’Ungava. Après un long voyage vers le nord-est, dans la zone de toundra arctique, les eaux de la rivière aux Feuilles se mêlent à celles du lac aux Feuilles, traversent le passage et la baie aux Feuilles, pour enfin rejoindre la baie d’Ungava, terme de leur périple. Exempte de chutes et de rapides, la rivière permet aux habitants du territoire de la remonter jusqu’à sa source. Saules et bouleaux arctiques poussent maigrement le long de ses berges, ce qui explique sans doute son nom. À la limite nord du territoire boisé, elle était connue sans l’appellation de Leaf River, au moins depuis la fin du XIXe siècle. Le Dix-huitième Rapport de la Commission de géographie du Canada (1927) précise que la rivière porte le nom naskapi Nephjee. Ce terme signifie rivière aux feuilles. La Compagnie de la Baie d’Hudson y pêchait le saumon et le marsouin. Elle a même ouvert un poste de traite à l’embouchure de la rivière vers 1905. Dans l’édition de 1914 du Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec, Rouillard cite sous la forme Rivière des Feuilles ce cours d’eau dont la propriété québécoise est alors récente. L’édition de 1925 du même ouvrage consignera la forme actuelle, stable depuis ce temps. Le nom inuit de cette entité qui est Ininiq signifie « où il y a de grandes marées ».
Lac Françoys-Malherbe
Lac de 25 km carrés situé à l’extrémité de la péninsule d’Ungava et qui se déverse dans la rivière Déception à une douzaine de kilomètres, à l’est de la baie du même nom, dans le détroit d’Hudson. C’est une nappe d’eau allongée de 20 km sur 1 à 1,5 km. La partie centrale se trouve au creux d’un encaissement spectaculaire des rives de 300 à 450 mètres. Son voisin, le lac Watts, de taille et de forme semblables, l’alimente par le sud. Le lac Françoys-Malherbe a porté le nom de Murray Lake d’après Murray Watts, l’un des fondateurs de la compagnie Murray Mining. Le ministre des Terres et Forêts a approuvé le nom Lac Françoys-Malherbe en 1961, en souvenir de cet ancien membre de la Compagnie de la Baie d’Hudson (mieux connue sous le nom de Compagnie du Nord). On avait aussi envisagé, la même année, de lui donner le nom de Dauberville, qui aurait rappelé un officier du régiment de Carignan. De leur côté, les Inuits connaissent le lac sous le nom de Pangaliriaq (ou encore Pangaligiaq ou Pangalikiaq), qui signifie un « animal qui galope ». Il fait peut-être allusion en cela à une harde de caribous qui passaient au galop dans les parages du lac.
Lac Gerido
Ce grand lac étroit est situé dans le territoire non organisé de Rivière-Koksoak, près de la baie d’Ungava. La région environnante est couverte d’alignements de collines entre lesquelles s’étirent plusieurs lacs dont le drainage s’effectue vers le nord ou vers le sud. D’une longueur de plus de 40 km et d’une largeur de 4,7 km, le lac Gerido contient un grand nombre de baies, dont la principale, la baie Duchez se trouve à son extrémité nord. Son voisin sud-est, le lac Prinzèles lui envoie ses eaux. À son tour, il se déverse du côté sud-ouest par une baie aux échancrures complexes au nord du lac Rale. Ce système rejoint ensuite le lac aux Feuilles, 30 km au nord, lequel communique directement avec la baie d’Ungava. En inuktitut, ce plan d’eau est connu sous le nom de Tasiakuarutaq, mais a été officiellement dénommé Gerido en 1951. Lucke Gerido ou Girido exerçait le commandement en second lors de la troisième expédition de Martin Frobisher dans les terres arctiques, en 1578. Variante : Lac Carol.
Lac Flaherty
Ce plan d’eau du Nord québécois, long de 10 km, se trouve dans la péninsule d’Ungava. Distant de 7 km au nord du lac Nantais, il appartient au bassin de la rivière de Povungnituk qui se jette dans la baie d’Hudson. Le toponyme honore la mémoire de Robert Flaherty (1884-1951), explorateur, prospecteur et cinéaste des États-Unis. En 1912, il a exploré une lisière de territoire comprise entre la baie d’Hudson et la baie d’Ungava à la hauteur des rivières Payne (maintenant Arnaud) et de Povungnituk. Mais c’est surtout comme réalisateur de films documentaires que Robert Flaherty est mondialement connu. Il a réalisé, notamment, Nanook of the North, 1922, où est présentée la vie quotidienne d’une famille d’Inuits du Nord québécois au fil des saisons, et Moana of the South Seas (1925), qui retrace les activités et coutumes des indigènes d’une île de Polynésie. Son œuvre a influencé l’évolution du film documentaire dans le monde entier. Ce nom de lieu a été approuvé vers les années 1950.
Rivière Goodwood
Cette rivière du Nord-du-Québec parcourt une distance d’environ 90 km depuis sa source au lac de la Frontière, non loin de la ligne de partage des eaux entre les bassins de l’Atlantique et de la baie d’Ungava, jusqu’à son embouchure dans la rivière Caniapiscau à 3,5 km en aval du canyon Eaton. La Commission de géographie du Québec a accepté le nom Rivière Goodwood pour ce cours d’eau en 1944. On retrouve la dénomination Goodwood dans le Rapport d’exploration dans la péninsule du Labrador (1895) rédigé par Albert Peter Low. La variante française Rivière du Bon-bois figure dans la version française de cet ouvrage incluse dans les Extraits de rapports sur le district d’Ungava publié par le ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries en 1915. Ces noms représentent l’équivalent en anglais et en français des noms autochtones de la rivière, qui les ont vraisemblablement précédés. Les Naskapis l’appellent Katataskastiw ou Katataskastiku, qui veut dire « la rivière boisée des deux côtés ou, selon d’autres sources, « les deux côtés de la rivière sont à niveau et couverts d’épinettes». De leur côté, les Montagnais dénomment la rivière Katataskutekuau Shipu, de Kameneshit Mestukut, c’est-à-dire, « où il y a du bon bois », pour désigner la région du cours inférieur de la rivière Goodwood, et encore Kattatashkueian Shipu, « la rivière où le bois est de même hauteur ».
Lac Hérodier
Ce plan d’eau nordique fait partie du territoire non organisé de Rivière-Koksoak, au sud de la baie d’Ungava. Ses eaux profondes de 42 m s’étendent sur 42 km carrés, drainant de multiples étangs et lacs avant de se déverser par le ruisseau Highfall et atteindre la rivière Koksoak à une dizaine de kilomètres de Kuujjuaq. La Commission de géographie a dénommé le lac en 1943 pour rappeler le séjour dans la région de Gaston Hérodier. À titre d’agent de la compagnie Revillon Frères, il a fondé plusieurs comptoirs commerciaux au début du siècle, dont celui de Port Harrison (Inukjuak) en 1909, sur la côte orientale de la baie d’Hudson. Des enquête toponymiques effectuées ces dernières années ont révélé l’existence de deux autres appellations : Tasikallak, en langue inuktitut, se traduit par le « petit lac », vraisemblablement par opposition au lac voisin, le lac Le Moyne, beaucoup plus étendu. Les Naskapis le nomment Mistaskamikw, ce qui signifie « grand marécage », évoquant sans doute les marécages qui l’environnement du côté est.
Rivière Lefroy
Longue d’environ 75 km, cette rivière coule d’abord vers le nord-est, puis vers l’est avant de se jeter dans la baie de Bonnard sur la côte ouest de la baie d’Ungava. Ce nom honore la mémoire de sir John Henry Lefroy (1817-1890)militaire anglais spécialisé dans l’artillerie et homme de science qui fut envoyé au Canada en 1842 pour étudier les caractéristiques géomagnétiques de l’Amérique du Nord, particulièrement celles des Territoires du Nord-Ouest. Il fut responsable de l’observatoire magnétique de Toronto, de 1844 et 1853, avant de devenir administrateur colonial aux Bermudes et en Tasmanie, de 1853 à 1882. Il revint au Canada en 1877, puis une dernière fois en 1884 à titre de président de la section de géographique de la British Association for the Advancement of Science. Il reçut à cette occasion un doctorat honorifique en droit du McGill College. Ce personnage peu connu est toujours honoré à deux autres endroits au Canada : en Ontario, le nom identifie une localité au sud-ouest du lac Simcoe, à 75 km au nord de Toronto, et, sur la frontière de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, il désigne un mont, à environ 125 km à l’ouest de Calgary. Variantes : Rivière de Bonnard, Nanuit Kuung.
Lac Minto
Les Inuits nomment Qasigialik, l’endroit où il y a des phoques mouchetés, cet imposant plan d’eau de la péninsule d’Ungava, long de 81 km, large de près de 22 km et d’une superficie de 596 km carrés, selon l’estimation du ministère de l’Environnement du Québec. Toutefois, d’autres sources, utilisant des paramètres géographiques différents lui accordent une superficie de 761 km carrés. Source la rivière aux Feuilles, que reçoit la baie d’Ungava à environ 265 km plus au nord-est, il se situe, à plus de 60 km à l’est de la baie d’Hudson, dans une vallée encaissée entre plusieurs rangées de collines. Certains explorateurs de la Commission géographique du Canada l’ont considéré comme l’un des plus beaux lacs de ce territoire nordique. L’un d’entre eux, Albert Peter Low, l’a baptisé, en 1898, en l’honneur de Gilbert John Elliot, comte de Minto (1845-1914), nommé gouverneur général du Canada en juillet de la même année. Officier dans l’armée britannique, le comte de Minto avait été de 1883 à 1885, secrétaire militaire de lord Lansdowne, gouverneur général du Canada, et il avait participé aux combats contre les Fenians, nationalistes irlandais qui tentèrent d’envahir le Canada à partir des États-Unis, et contre les Métis de Louis Riel. Lors de son mandat à la tête du pays, Minto a notamment favorisé l’envoi d’un corps expéditionnaire canadien pour lutter, aux côtés des Britanniques, contre les Boers. Il quitte le Canada en 1904 pour occuper, l’année suivante, la fonction de vice-roi des Indes.
Île Pissiulaarsiti
Petite île suse au sud de la baie d’Ungava, à 45 km au nord-est de l’estuaire de la rivière à la Baleine et à 20 km à l’ouest de l’estuaire de la rivière Lagrevé, elle est renommée pour son impressionnante colonie de guillemots à miroir, aussi connus sous le nom de guillemots noirs et de pigeons de mer (Cepphus grylle), oiseaux palmipèdes voisins du pingouin qui habitent les régions arctiques. Le nom Pissiulaarsiti, qui ressortit à l’inktitut, souligne cette particularité puisqu’il signifie « où il y a beaucoup de guillemots à miroir ». Variante : Inuksulik.
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