Quelques éléments du paysage de la région du Nord-du-Québec
Pointe Le Droit
Cette pointe nordique se trouve à une trentaine de kilomètres au nord du fjord Alluviaq, sur la côte est de la baie d’Ungava. Ce nom fait partie de la liste des quelque 150 toponymes approuvés en 1961 par le ministre des Terres et Forêts d’alors, dans le dessein de donner un visage français à la nomenclature géographique du Québec nordique.
Le nom attribué à cette pointe qui était présument innommée rappelle la mémoire de Théophile Le Droit (1825-1903), l’un des fondateurs de la Société de géographie de Québec et son premier trésorier. La liste des membres de 1880 de l’organisme présente son nom orthographié en un seul mot : Ledroit. En plus de ces activités, Le Droit fut le seizième président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec (1877-1879), de même que président de la Chambre de commerce de Québec (1887-1889), directeur du chemin de fer du Lac-Saint-Jean et président de la compagnie Drum. Des enquêtes toponymiques postérieures à l’approbation du nom ont révélé que les Inuits connaissent ce lieu sous le nom d’Amarutaliujaq ou Amarurtaliujaq qui, selon toute vraisemblance, signifie « la pointe où l’on dirait qu’il y a des loups. »
On lui connaît aussi le nom inuit de Cap Uivaksoak, mais il s’agit probablement dans ce cas d’une méprise avec le cap Uivajuaq, nom officiel d’un cap situé 3,5 km plus au sud. Uivaksoak voudrait dire « grand détour », qui ferait allusion à ce grand détour rendu nécessaire pour éviter le prolongement sous-marin dudit cap quand on navigue dans les parages.
Colline Qallirusillik
Cette faible élévation de forme allongée, petite et nettement délimitée d’une cinquantaine de mètres de hauteur, surplombe la pointe Hubbard dans la baie d’Ungava. Elle est située à 25 km à l’ouest du village inuit de Kangiqsualujjuq, Le toponyme, d’origine inuite, décrit particulièrement bien cette entité géographique puisqu’il signifie « il y a une extension, un prolongement sur le dessus, de quallik, sur le dessus, rusiq, extension et lik, avoir. Lors d’une enquête toponymique récente, on a aussi relevé le nom init Qarqakutaaq pour désigner cette entité que l’on pourrait traduire par « longue colline ».
Lac Qamanualuk
À 100 km au sud du village inuit de Kangiqsualujjuaq sur la côte est de la baie d’Ungava, le lac Qamanialuk appartient au bassin hydrographique de la rivière Ford. Du côté nord, les eaux qui proviennent du lac Tasirlaq s’y déversent. Au sud-ouest, comme au nord-ouest, les rives sont très escarpées et les monts qui les dominent atteignent jusqu’à 624 m, soit 300 m au-dessus du niveau du lac. Le toponyme, d’origine inuite, signifie « le grand renflement, le grand lac », de qamaniaq, vallée, lac, rivière et aluk, gros, grand, expansion.
Confluent Qanniq
Situé à 150 km de la côte ouest de la baie d’Ungava, Qanniq est le lieu de déversement des eaux de la rivière Lepelle dans la rivière Arnaud, connue jadis sous le nom de Rivière Payne, et qui s’écoule dans la baie d’Ungava. En inuktituk, Quanniq a le sens de « confluent », ce qui explique la redondance dans la forme française du toponyme, Le nom Kanniq a été relevé lors d’enquêtes toponymiques effectuées de 1983 à 1987.
Lac Qarliujaariik
Ce lac de la péninsule d’Ungava est situé à 175 km à l’ouest du village nordique de Kangirsuk dans le Nord-du-Québec. Il draine les eaux de multiples cours d’eau et se déverse vers la rivière Niungalupik, tributaire de la rivière Arnaud. Une importante presqu’île occupe la portion ouest du lac, créant du même coup deux bassins distincts de forme allongée évoquant la configuration d,un pantalon. Ce lac se déverse à l’est dans un autre plan d’eau par une passe étroite entrecoupée de chutes et de rapides et caractérisée par une dénivellation significative, d’environ 8 mé Qarliujaariik, mot inuit d’origine métaphorique, signifie ce qui ressemble à un pantalon, de « qarlik » ou « qarliik » pantalon, « ujaq, qui ressemble à et « iik », qui constitue une marque de duel – nombre servant à désigner deux personnes, deux choses = et entraîne, par extension, le sens de « paire ».
Lieu-dit Qarmait
À une dizaine de kilomètres au sud de la baie de Bonnard, sur la rive ouest de la baie d’Ungava, le nom du lieu-dit Qarmait sert aussi à désigner une colline, une pointe, une partie de la côte, une dune et un mouillage. Selon Lucien Schneider (1970), le terme inuit Quarmaq pourrait signifier « maison de pierre avec toit de peau ». Plusieurs fois relevé depuis 1968, le toponyme est encore mal expliqué.
Mont Qarqaaluk
Culminant à près de 1070 m et compris dans les monts Torngat., ce mont est situé à quelque 110 km à l’est du village nordique de Kangiqsualujjuaq. Avec son voisin, le mont Haywood, qui le flanque au nord, il surplombe le bassin supérieur de la rivière Koroc, aux confins de l’Ungava et du Labrador. Ce nom inuit signifie « la grande colline ». La toponymie du Québec recèle une demi-douzaine de monts ou de collines désignés par cette appellation. Celle-ci, recueillie en 1968, est officielle depuis 1971.
Monts Qijualuttalik
Situés à quelque 135 km au sud-est de la municipalité de Kangiqsualukkuaq, établie sur la rive est de la baie d’Ungava, ces monts s’étendnt sur une distance d’environ 5 km, dans un axe est-ouest, et dominent la rive nord de la rivière Ford à un endroit où celle-ci dessine un angle parfait de 90 degrés. Le sommet le plus élevé culminé à près de 700 m. Une piste du même nom permet, sur 3,5 km, de contourner les monts au nord et de relier la rivière Ford à la décharge du lac Laforme. Appellation inuite, Qijualuttalik signifie « grand dépôt de billots ». Auparavant, l’on empilait des billots de bois dans ces parages en vue de les acheminer, l’hiver venu, à Kangiqsualujjuaq. Le nom provient d’un inventaire toponymique effectué en 1982.
Île Qikirtaaluk
L’une des dix îles portant ce nom, dans le Nord-du-Québec, est située au fond de la baie Fisher qui donne sur le détroit d’Hudson et à 3 km au nord du mont Albert-Low qui culmine à près de 550 m d’altitude. L’Île mesure 1,8 km de longueur, 1 km dans la partie la plus large et s’élève à plus de 150 m de hauteur. Son nom inuit signifie « la grande île » et fait probablement allusion au fait qu’il s’agit de la plus grande des îles de la baie Fisher. Le nom de Chalmers Island qu’elle portait dan les années 1960 a été remplacé par Qikirtaaluk avant la parution du Répertoire toponymique du Québec en 1979.
Chute Qilalugarsiuviup
Rupture de pente de la Petite rivière de la Baleine, la chute Qilalugarsiuviup se trouve à environ 10 km à l’est de l’embouchure de ce cours d’eau, sur la côte orientale de la baie d’Hudson, soit à environ 100 km au nord-est de la municipalité de Kuujjuarapik. Dénomination d’origine inuite, Qilalugarsiuviup signifie « la chute d’eau du lieu de chasse au béluga ».
Colline Qairajutait
À 8 km à l’ouest de l’abrupt Salliarusiq, qui surplombe la rivière George dans le Nord-du-Québec, se dresse la colle Qairajutat. D’une altitude de quelque 450 m, elle est située à 100 km de la baie d’Ungava et doit son appellation à la nature et à l’aspect particulier du terrain. Sur toute sa surface, apparaissant des plaques rocheuses, érodées, polies, ce qui correspond au sens général du terme quarajutait en inuktitut.
Rivière Lepellé
Cette rivière du territoire non organisé de Rivière-Koksoak est un tributaire nord de la rivière Arnaud et prend sa source au centre de la péninsule d’Ungava, aux lacs Lesdiguières, Klots et Nalluajuk. La rivière Lapellé, qui parcourt une distance de 140 km en direction généralement nord-sud, a d’abord été désignée sous le nom de Rivière Payne Nord ou North Payne River, à l’époque où la rivière Arnaud portait le nom de Rivière Payne ou Payne River. Les Inuits la désigne sous l’appellation de Nalluajuup Kuunga. Suivant la demande du Service des ressources hydrauliques du ministère des Ressources naturelles, les autorités toponymiques québécoise ont approuvé cette nouvelle désignation de Lepellé, en 1962. Elle rappelle le souvenir d’Antoine Lepellé, dit Desmarets, nommé arpenteur et mesureur, le 1er juillet 1724.
Rivière Qurlutuq
La rivière Qurlutuq, dans le Nord-du-Québec, tire sa source principale du lac Cholmondely, près de la rivière George, à la hauteur du 57e parallèle. Coulant vers le nord, elle forme, respectivement à environ 80 km et 140 km de sa source, les lacs Qamanialuup et Tasirpak. Après une course totale de quelque 225 km, elle débouche enfin dans la partie sud-est de la baie d’Ungava, à proximité du cap Kernertut. Un camp sportif, dénommé Qurlutuq, est établi juste au nord de l’embouchure de la rivière. Géré par les Inuits, ce camp est accessible par la voie des airs et accueille les amateurs de chasse et de pêche. Le toponyme inuit Qurlutuk signifie « chute d’eau ». Les Naskapis identifient cette rivière sous l’appellation Chanwapiskakamau, « lac long et rocheux ». Variante : Rivière Turnulik.
Lac Le Moyne
Originaire de Normandie, Charles Le Moyne (1626-1685), futur seigneur de Longueuil et de Châteauguay, arrive au Canada en 1641. Il se marie treize ans plus tard à Catherine Thierry. Pierre Le Moyne d’iberville (1661-1706), est le plus illustre homme de guerre de la Nouvelle-France et Charles Le Moyne de Longueuil (1656-1729), le seul Canadien d’origine créé baron sous le Régime français. Vers la fin des années 1940, afin de souligner le rôle joué par les membres de cette famille dans l’histoire canadienne des XVIIe et XVIIIe siècles, on a donné leur nom à un important plan d’eau du Nord-du-Québec. D’une superficie de 233 km carrés, long de 64 km et large de 8 km, il se situe dans une région assez marécageuse, à plus de 150 km au sud de la baie d’Ungava. Ses eaux se déversent dans le lac Hérodier, puis par le ruisseau Highfall atteignent la rivière Koksoak, à quelques kilomètres en amont de Kuujjuak. Le lac Le Moyne était appelé Erlandson Lake depuis le XIXe siècle. John McClean, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, écrit le 11 janvier 1838 qu’il l’a ainsi baptisé pour rendre hommage au Danois Erland Erlandson (vers 1790-1875), employé de la compagnie depuis 1814, mais surtout premier Européen à traverser, au printemps de 1834, le territoire sauvage et inhospitalier séparant le détroit d’Hudson de la côte atlantique. Quatre ans plus tôt, Erlandson accompagnait, à titre de commandant en second, l’expédition de Nicol Finlayson dans L’Ungava et participait à la construction de Fort Chimo (aujourd’hui Kuujjuaq), à plus de 40 km au sud de l’embouchure de la rivière Koksoak. On désigne aussi ce lac par Tasirlaq ou Tasirlak, mot inuit signifiant « le grand lac », ou par les noms naskapis Mistamiskumi, « grosse glace » et Upiawakw, « sablonneux ». Sa longueur lui a également valu l’appellation de Lac Long.
Rivière Leridon
Tributaire droit de la rivière Vachon et sous-affluent de la rivière Arnaud, la rivière Leridon, dont l’embouchure se trouve à quelque 100 km à l’ouest-nord-ouest de Kangirsuk, commémore par son nom, approuvé en 1963, le souvenir de l’abbé J.B. Leridon de Sallières, prêtre du XVIIIe siècle. L’un de ses noms inuits, Kuurqusaq, la vallée encaissée, fait allusion à la morphologie des lieux. Il faut ajouter, pour compléter son portrait, que la rivière, longue de plus de 100 km, est régulièrement coupée de rapides. Son autre nom connu en inuktitut, Siuraaraaluup Sanirquitialunga, est descriptif également ; on peut le rendre approximativement par le « grand tributaire de celle où l’on trouve de grands bancs de sable, évoquant là les amas de sable qui bordent la rivière Vachon immédiatement en amont de l’embouchure de la rivière Leridon.