Histoire des minéraux de Chapais-Chibougamau
La vaste région de Chapais-Chibougamau fait partie de la région administrative du Nord-du-Québec qui s’étend jusqu’à la baie d’Ungava et au détroit d’Hudson. Elle occupe en tout, près de 60% du territoire québécois.
La première exploration des sous-sols de la région remonte à 1870. À cette date, le géologue James Richardson est envoyé dans la région de Chibougamau par le département des Recherches géologiques du Canada. Il travaille au cours de l’été sur l’île du Portage, dans la partie nord du lac Chibougamau. Dans son rapport, publié l’automne de la même année, M. James Richardson fait mention d’abondantes richesses minérales au Nord du Québec, tels que l’amiante, la pyrite, le fer, la magnétite et d’autres métaux.
D’autres explorateurs et géologues confirmeront le rapport de Richardson. Par exemple, en 1903, Peter McKenzie, gérant de la McKenzie Trading Co. recueille des échantillons de cuivre, à la pointe Copper sur l’île du Portage, et de pyrite de fer, et découvre un gisement d’amiante sur l’île Asbestos, dans la baie McKenzie, à la limite nord du lac Chibougamau.
En 1904, Joseph Obalski, inspecteur des Mines du Québec, impressionné par les échantillons de McKenzie, se rend à Chibougamau et découvre une veine de quartz aurifère sur l’île du Portage. Obalski envoie un rapport officiel adressé au ministre des Mines du Québec, dans lequel il se montre très optimiste quant au développement industriel de la région. Toutefois, l’exploration de ce gisement ne commencera qu’en 1959, quand la mine Portage ouvrira ses portes.
Pourtant, en 1905, John E. Hardmann de l’Institut minier du Canada atteste la présence de gisements d’or et d’amiante dans la région. Il constate toutefois qu’il faudra construire un chemin de fer pour rentabiliser les gisements.
Vers la fin 1905, la Chibougamau Gold & Asbestos Mining Co. est fondée à Montréal afin de construire une voie ferrée. Cette compagnie effectue des sondages et en 1909, le gouvernement québécois accorde un crédit pour la construction d’un chemin d’hiver (chemin recouvert de la neige pressée) entre Saint-Félicien et Chibougamau.
L’année suivante, cependant, le projet s’arrête à la suite d’un rapport défavorable sur la région du Nord-du-Québec. Cette fois, le gouvernement considère que la valeur des gisements minéraux n’est pas suffisante pour investir dans la construction d’un chemin de fer. Ce rapport entraînera un arrêt du développement de la région. Le crédit est remboursé au gouvernement.
Pendant l’entre-deux-guerres, on continue la prospection. On creuse trois puits de cuivre: le puit de Cedar Bay de Consolidated Chibougamau Goldfields, le puit Obalski d’Obalski Mining Corporation et le puit Opemiska d’Opemiska Copper Mines.
La production ne commence pas, parce que jusqu’à 1937, aucune voie n’est aménagée pour atteindre la région, hormis la route d’Oskélanéo joignant La Tuque à Senneterre, en Abitibi. En 1937, on ouvre un chemin d’hiver qui relie Chibougamau à Saint-Félicien, mais la Deuxième Guerre éclate, le prix du cuivre tombe et les mines sont condamnées.
C’est en 1949 qu’une route de gravelle est ouverte, reliant la région au monde extérieur. Grâce à ce moyen de communication, conjugué à une hausse considérable du prix du cuivre, l’industrie minière régionale prend son envol.
Les concentrés de cuivre approvisionnent la fonderie de Noranda via cette route. Ensuite, le 6 novembre 1957, le tronçon du chemin de fer Abitibi – Chibougamau est inauguré. En 1959, le Lac-Saint-Jean est à son tour relié à la région par le chemin de fer.
Dès 1953, l’Opemiska Copper exploite des gisements de cuivre dans les mines Springer et Perry. Ces mines donnent naissance à la ville de Chapais. En 1955, la Campbell Chibougamau commence l’exploitation de gisements au lac Chibougamau. Cette entreprise possède les mines Principal, Merrill Island, Cedar Bay et Henderson (cette dernière est située sous le lac Chibougamau).
En 1959, la mine Copper Rand de la compagnie Patino of Canada voit le jour. Dans les années 1960, plusieurs autres mines sont ouvertes.
Au total, de 1954 à 1960, sept millions de tonnes de minerai ont été extraits du sous-sol de la région de Chibougamau. De 1960 à 1970, on en extrait vingt-huit millions. En une seule année, en 1971, un record est atteint. En effet, plus de trois millions de tonnes de minerai sont extraits du sol. Ce fut l’année la plus prospère pour l’industrie minière de la région de Chibougamau-Chapais.
Ville de Chapais
En 1929, sur le territoire situé au nord-ouest du lac Saint-Jean, à l’ouest du lac Chibougamau, et occupé par la ville de Chapais érigée en 1955, la découverte d’une mine de cuivre, dont l’exploitation n’allait débuter qu’au détour des années 1950, devait assurer le développement urbain de cet endroit.
Le nom de la mine, Opemiska, parfois orthographié Opemisca, Opémisca, a identifié les lieux jusqu’à l’adoption de l’appellation de Chapais. Il en va ainsi du bureau de poste connu sous l’appellation d’Opemisca entre 1953 et 1956.
Le nom de la ville perpétue le souvenir de Thomas Chapais (1958-1946), né à Saint-Denis dans Kamouraska, avocat, homme politique, orateur, journaliste, auteur de nombreux ouvrages d’histoire, fils de Jean-Charles Chapais, l’un des Pères de la Confédération. Comme politicien, de 1892 à sa mort, il a œuvré dans le gouvernement de Taillon et celui de Duplessis à titre de ministre ; a été conseiller législatif (1892), sénateur (1919) et délégué du Canada à la Société des Nations. Comme journaliste, il a collaboré à La Presse, L’Événement, Le Vingt-quatre juin, La Voix du Patriotisme, etc. Il a été rédacteur en chef au Courrier du Canada (1884-1901) et propriétaire de ce journal (1890-1901). Sa réputation d’historien a été établie sur les deux œuvres maîtresses qui constituent « Le Marquis de Montcalm, 1712-1759 » et, surtout, le Cours d’histoire du Canada, 1760-1867, ouvrage en huit volumes, publié entre 1919 et 1933. Les Chapaisiens, notamment les premiers résidents venus du Nord-Ouest québécois et de l’Ontario – Nord, vivent surtout de l’industrie minière (cuivre, or) et de celle du bois, car le sol sablonneux de ce territoire ne permet pas la culture de manière satisfaisante.
Canton de McKenzie
Le canton de McKenzie, situé au nord-ouest du lac Chibougamau et au nord du lac aux Dorés, se trouve au cœur de la région minière de Chibougamau. La rivière du même nom et les lacs Bourbeau et Gilman constituent les principaux éléments de l’hydrographie de ce territoire, tandis que la voie ferrée du Canadien National en provenance de Senneterre termine sa course dans ce canton. Peter McKenzie, qui exploitait un poste de traite sur la rivière Ashuapmushuan, effectue, en 1903, une première exploration minière dans l’île du Portage, près du mont Paint, sur le lac Chibougamau. L’année suivante, une vérification effectuée par Joseph Obalski, inspecteur des Mines pour le gouvernement du Québec, confirme la richesse des gisements miniers. En 1906, l’arpenteur C.-S. Lepage a délimité les nouveaux cantons de McKenzie et d’Obalski, à l’ouest de l’île du Portage et du mont Paint. Cet arpentage marquait le début de l’exploration systématique de cette nouvelle région minière.

Voir aussi :
- Histoire de la Société d’Histoire régionale de Chibougamau
- Ville de Chapais
- Ville de Chibougamau
- Région administrative du Nord-du-Québec
- Armoiries de Chibougamau
- Planétarium Quasar de Chbougamau
- Parc Robert A. Boyd
- Parc Obalski
- Voyage au Nord-du-Québec
- Le Prospecteur
- Musée Minéralogique de Malartic
- Musée géologique René Bureau
- Mines en Estrie