Développement de l’industrie dans le Grand Nord du Québec
Entre 1870 et 1910, à la demande des gouvernements fédéral et provincial, des géologues explorent le territoire du Nord du Québec et font part des richesses minérales qui s’y trouvent. Toutefois, il faudra attendre le milieu des années 1950 avant de voir naître une véritable industrie minière en Jamésie. Parce que la demande mondiale pour les métaux, le bois et les sources d’énergie augment considérablement, le gouvernement Duplessis favorise la colonisation au nord du 49e parallèle, en débloquant des sommes d’argent pour donner accès à ce territoire par la route et le chemin de fer.
Née de l’industrie minière, la population des villes de Chibougamau, Chapais et Matagami augmente jusqu’aux années 1980, avant d’amorcer un long déclin. Parallèlement, le potentiel forestier est exploité au cours des années 1960, particulièrement à Lebel-sur-Quévillon, qui accueille la première usine de pâte kraft du Nord-Ouest québécois. En outre, l’industrie forestière permet d’atténuer les crises qui connaît l’industrie minière. Enfin, plus au nord, la rivière La Grande est aménagée pour la production de l’énergie hydroélectrique au tournant des années 1970. On y aménage de toutes pièces le village d Radisson qui, à l’image de certaines autres municipalités du territoire, se développe au rythme d’une entreprise.
Avec la prospérité des années 1960 et 1970, on assiste à l’implantation d’infrastructures destinées à répondre aux besoins d’une population jeune et en croissance : hôpitaux, arénas, commerces, écoles. Parallèlement sont construites des routes, des voies ferroviaires et des aéroports pour faciliter son développement économique et briser son isolement.
À partir des années 1980, le potentiel minier diminue en raison de l’épuisement des ressources. Si l’aide gouvernementale permet la relance de certaines mines, elle ne fera que retarder le long déclin des camps miniers de Chapais-Chibougamau et Matagami-Joutel. Petit à petit, l’industrie minière est remplace par le secteur forestier à titre de principal employeur et les villes perdent de plus en plus de résidents.
En somme, les agglomérations du Nord-du-Québec sont des villes de compagnies qui dépendent de la prospérité de ces dernières. Toutes les infrastructures qui y sont aménagées sont destinées aux compagnies minières et forestières et leurs travailleurs, créant ainsi une grande dépendance économique et ce malgré plusieurs tentatives de diversification.
L’exploitation des ressources
Lorsqu’on associe le Nord québécois à des fins commerciales, les mots fourrure, mines, bois et eau viennent tout naturellement à l’esprit. Plus récemment s’ajoutent les ressources paysagères que l’on associe à l’industrie touristique. Le son à des fins agricoles est à peu près ignoré. D’autres ressources sont oubliées ou n’ont guère été marquantes pour les populations qui habitent la Jamésie.
C’est l’exemple de la pêche commerciale en eau douce. En 1916, l’avocat Bill Kirvin fonde la Nottaway Fish et implante des sites de pêche sur la rivière Bell et au lac Parent, au sud, jusqu’au lac Matagami (au nord(, où l’on pêche surtout l’esturgeon. Pendant les années 1920, la compagnie emploie environ soixante-dix travailleurs et elle dispose de deux scieries pour la fabrication des boîtes d’expédition de poisson.
C’est à Senneterre, au siège social de la Nottaway Fish, que sont construites les bateaux. La compagnie en possède dix-sept, dont la taille varie entre 33 et 45 pieds de longueur, dispersés sur les lacs Waswanipi, Matagami et Gull, pour transporter les poissons. Comme il y a beaucoup de rapides, elle utilise des systèmes de chariots sur rails pour effectuer les portages. La Nottaway Fish fait faillite toutefois à la fin des années 1920 et les entreprises qui prennent la relève – la Québec Fisheries et la Commercial Fisher and Transport Limited mettent fin à leurs activ5tiés dans les années 1930.
Les investissements dans cette industrie de la pêche restent toutefois modestes comparativement à ceux que nécessitent les infrastructures équipement, réseau de transport, fondation de villes permanentes ou de villages temporaires) servant à l’exploitation des ressources minérales, forestières et hydroélectriques. En cela, l’exploitation de ces dernières ressources se distingue considérablement de celles de la fourrure et de la pêche. Elles ont cependant un point en commun : elles ne se renouvellent pas facilement.
(Sous la direction de Réjean Girard, Réginald Auger, Vincent Collette, David Denton, Yves Labrèche, Normand Perron. Histoire du Nord-du-Québec. Les Presses de l’Université Laval, 2012).
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