Le fjord Alluviaq et la rivière Alluviaq
Fjord Alluviaq
Ce fjord sinueux du Nord-du-Québec, long de 25 kilomètres et large de près de 2 kilomètres, met en contact les eaux de la rivière Alluviaq qui s’y jette et celles de la baie d’Ungava, où se trouve son entrée, à quelque 100 kilomètres au nord-nord-est de l’embouchure de la rivière George.
Alluviaq est un mot inuit, la version moderne de la forme Abloviak ou Abloviac. Il signifie « pas » dans le sens d’« un pas de marche ». Les premiers Européens à visiter l’endroit et à le décrire sont sans doute les missionnaires moraves Benjamin Kohlmester et George Kmoch. Ils y passent le 6 août 1811 et l’identifient sous la forme Abloriak Bay sur la carte accompagnant leur rapport d’expédition. On retrouve la graphie Abloviak, sans le générique Fjord, sur une carte du territoire d’Ungava de 1911 contenue dans le neuvième rapport de la Commission de géographie du Canada, de même que sur le feuillet nord de la carte de la province de Québec publiée en 1914 par le ministère des Terres et Forêts.
La version de 1935 de cette carte indique Abloviac. Dans tous ces cas, le nom semble désigner un élément topographique de la côte, près de la pointe Le Droit d’aujourd’hui. Sur la carte topographique 14NM de 1948, le toponyme apparaît avec un générique et il s’applique bien au fjord : Abloviak Fjord. C’est en 1956 que la Commission de géographie du Québec a accepté le nom Fjord Abloviac, qu’elle modifia plus tard en Fjord Alluviaq, graphie plus conforme à l’orthographe normalisée en inuktiut. C’est ce nom qui a paru au Répertoire géographique du Québec de 1969. Il est demeuré inchangé depuis. Le fjord a été également connu sous les noms Ablorialik et Adloylik. De leur côté, les Inuits utilisent à l’heure actuelle deux noms : Alluviaq pour la rivière et Allurilik pour le fjord.
Rivière Alluviaq
Cette rivière de la région administrative du Nord-du-Québec (Administration régionale Kativik, Territoire non organisé de Rivière-Koksoak) se jette dans le fjord Alluviaq, sur la côte est de la baie d’Ungava, après une course de 64 kilomètres depuis sa source dans les monts Torngat. La rivière du Vent d’Ouest est le tributaire principal de la rivière Alluviaq. En 1956, J.D.Ives, qui étudiait la géographie de la vallée de cette rivière, a proposé Abloviak comme dénomination de cette dernière, d’après le fjord où elle aboutit. La forme Rivière Abloviak a été acceptée par la Commission de géographie du Québec en 1961 et a paru dans sa version moderne et inchangée depuis, Rivière Alluviaq, au Répertoire géographique du Québec de 1969.
Cap Whales
Le cap Whales, dont la façade nord s’élève abruptement à 30 m de hauteur, s’avance sur la rive ouest de la rivière Koksoak, dans le Nord-du-Québec, à environ 10 km au nord de la municipalité de Kuujjuaq, soit à quelque 40 km en amont de son embouchure dans la baie d’Ungava. De l’autre côté de la rivière, directement en face de ce promontoire, la colline Chapel atteint environ 130 m de hauteur et le chenal maritime, d’une largeur de moins de 1 km entre les deux rives, porte le nom de Passe Qurngukuluk. C’est la forme particulière du cap, dont le pourtour dessine presque parfaitement la tête d’une baleine blanche (béluga), qui aurait inspiré le choix du toponyme. Ce promontoire est aussi connu sous la forme anglaise Whales Head, signifiant tête de la baleine. Des bélugas remontent parfois la Koksoak jusqu’à Kuujjuaq.
Monts Torngat
La plus haute chaîne de montagnes de l’Est de l’Amérique du Nord, partagée entre le Nord-du-Québec et le Labrador, est située entre le versant oriental de la baie d’Ungava et la mer du Labrador ; de ce côté, elle s’étend vers le sud jusqu’à la baie Saglek. Ces monts sont situés sur le territoire de l’Administration régional Kativik (Territoire non organisé de Rivière-Koksoak). Par ses paysages de parois spectaculaires, de neiges pérennes, de rivières encaissées, de vallées suspendues, de fjords et par son cortège de sommets qui dépassent les 1 000 m, elle rappelle les montagnes Rocheuses. On y retrouve le mont D’Iberville, le plus haut sommet du Québec, de même que les monts Jacques-Rousseau, Haywood et Qarqaaluk. Avec les monts Torngat, ou encore Tuurngaq (Ludger Mûller-Wille, 1987), Tûrngat, Tuurnaat, Tûrnât (Gilles-R. Lefebvre, 1964), Torugak (James White, 1911), Tunorn (Mina Benson Hubbard, 1908) et Torngets (Benjamin Kolhmeister et George Kmoch, 1814), on touche au cœur de l’animisme inuit ancestral.
Le mot veut dire les esprits, les fantômes ou les démons, des êtres qui, désincarnés ou revêtus d’une apparence étrange ou terrifiante, s’efforcent, suivant leur nature malveillante, de nuire aux humains. Ces esprits sont les Tornait ou Tuurngait (au singulier : Torngak, dans le nord du Labrador, et Tunbgak, dans l’Ungava et le sud du Labrador).
À l’origine, Torngak et Tungak ne signifiaient pas davantage qu’esprit, mais les rapports des missionnaires ont transformé la notion en celle de Satan. Ces esprits – ces Tornait ou Tuurngait – sont gouvernés par Torngarsoak, le Grand Esprit, appelé aussi Tuurngaq, qui contrôle en outre tous les esprits de la mer, ceux de la terre, du ciel, du vent, des nuages, bref tous les génies de la nature (les Inua). Tuurngaq vit dans une caverne située à l’extrémité nord des montagnes des esprits, ou encore au bout du cap Chidley, et il se manifeste aux shamans sous les traits d’un grand ours polaire. Pour certains, ce Tuurngaq n’est autre que la mort qui cherche éternellement à tourmenter et à hausser ceux que leurs esprits amènent auprès de lui. Selon d’autres sources, Torngarsoak serait plus particulièrement le dieu des animaux, plus particulièrement soak, déesse des animaux terrestres.
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