La musique à l’honneur avec Wilfrid Pelletier
La remise du doctorat honoraire de l’Université de Montréal à Wilfrid Pelletier, le chef d’orchestre du Metropolitan a revêtu un remarquable cachet de grandeur et d’élégance.
Rarement avait-on vu à Montréal la musique autant à l’honneur que samedi, le 29 février 1936, au Cercle universitaire, alors qu’une élite enthousiaste assista à la remise à M. Wilfrid Pelletier du doctorat honoraire de l’Université de Montréal. Cette cérémonie à laquelle M. Olivier Maurault présida avec toutes les élégances fut suivie d’un déjeuner auquel l’honorable Athanase David apporta une note éloquente autant que spirituelle.
Le directeur musical des Concerts Symphoniques de Montréal rappela avec un charme unique ses débuts comme pianiste, à l’âge de 14 ans, et dit à ses admirateurs qui débordaient la salle à manger du cercle, comment il avait découvert l’orchestre puis l’opéra, en assistant à une présentation du « Faust » par la Montreal Opera Company de brillante mémoire. Le chef d’orchestre du Metropolitain a eu à cœur en plus d’être un musicien possédant une culture générale, et out ce qu’il dit porte l’accent d’une chaude sincérité.
La remise du doctorat eut lieu dans le salon qui précède la salle à manger, devant les rideaux tirés. Le sous-secrétaire général de l’Université de Montréal, M. Damien Jasmin, lut d’abord la résolution de la Commission des études priant M. le recteur de conférer en séance solennelle le grade de docteur en musique honoris causa à M. Pelletier.
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Puis le recteur fit l’éloge du récipiendaire, n’oubliant aucun détail de la vie et de la carrière de M. Wilfrid Pelletier, depuis ses débuts avec l’excellente Madame Héraly, jusqu’au prix d’Europe, remporté à l’âge de 16 ans.
« Entré au Metropolitan en 1916, a dit M. Maurault, vous y fûtes l’assistant de Pierre Monteux, chef d’orchestre dans le répertoire français. Vous devenez en 1930 secrétaire du directeur de la maison, M. Gatti-Casazza, et assistant du premier chef d’orchestre. Depuis l’accession de M. Edward Johnson à la gérance du Métropolitan, vous avez été promu de diverses manières; devenu vous-même chef d’orchestre, vous avez assumé la direction des concerts dominicaux; vous voici maintenant chargé de conduire les principales représentations lyriques et l’on vient de vous nommer membre du jury qui examine les candidats au Metropolitan.
Puis M. Maurault rappela avec quelle générosité et quelle joie M. Pelletier répondit à l’invite de M. David qui venait de fonder l’Association des Concerts Symphoniques de Montréal.
Puis le recteur déclara M. Pelletier docteur en musique et déposa sur ses épaules la toge que lui tendit M. Antonio Létourneau, assesseur général du Conservatoire de musique. À ce moment, les vénérables parents du chef d’orchestre du Metropolitan, M. et Mme Elzéar Pelletier, qui assistaient à la cérémonie, s’approchèrent spontanément de lui et l’embrassèrent les larmes aux yeux. Ce fut une minute d’émotion générale. Outre les parents de M. Pelletier, on pouvait apercevoir dans la salle MM. Edmond Trudel et Victor Doré, président de l’exécutif de l’Université de Montréal.