
Forge-menuiserie Cauchon
C’est en 1882 que la forge-menuiserie Cauchon est construite par le forgeron Joseph Cauchon au bord de la rivière Malbaie (nom donné à la rivière par Samuel de Champlain). Depuis le 8 juin 1983, ayant cessé ses activités la Forge-Menuiserie Cauchon est classée monument historique, tandis que sa collection d’outils est déclarée bien culturel, par le Ministère des affaires culturelles du Québec.
Cette forge-menuiserie et cette collection de plus de 200 outils de confections artisanales dévoile l’histoire de forge et de menuiserie au Québec.
En visitant la forge nous saisissons l’ampleur et l’importance des forgerons de l’époque. La forge-menuiserie était autrefois située au cœur d’un véritable petit complexe industriel comprenant un moulin à scie, un moulin à farine et à carder, un moulin à bardeaux et un moulin à planer.
Les premiers forgerons, maréchaux et serruriers, arrivent en Nouvelle-France avec les premiers colons Européens, mais c’est vers 1732, avec l’ouverture (quoique d’une durée de quelques courtes années seulement) des Forges du St-Maurice, la Nouvelle-France commence la production des biens canadiens. L’essence du métier de forgeron, ses relations avec le feu et la bête (qu’est le cheval), font du forgeron un personnage bien en vue de la tradition populaire et du folklore.
Les forgerons ont réputation d’être d’une grande force physique et travailleurs infatigables. Leurs connaissances et la maîtrise du feu les met souvent, dans les contes, les légendes et les chansons populaires, en relation avec Satan, parfois du même côté, d’autres fois en conflit. La force physique et l’adresse permettent parfois aux forgerons, dans le folklore, de débouter et d’effrayer le diable, protégeant le village contre les méfaits du diable et du loup garou.
Le forgeron est connu comme soigneur des bêtes et parfois même des hommes. Il connaît des secrets des ancêtres et il peut guérir toutes sortes de maladies chez les chevaux, des problèmes de sabots et de postures jusqu’aux maux de dents en passant par les vers, les coliques, les bronchites et les diverses blessures.
Finalement, la boutique du forgeron est un lieu de rencontre du village et des rangs, réservé aux hommes, plus par tradition que par règlement. On y échange les dernières nouvelles et les plus récents commérages, on y joue des tours et raconte des histoires pas toujours vraies, on y parle de tous les sujets possibles, des futilités jusqu’au sens profond de la vie. Tout cela dans l’entourage du forgeron, qui prendra les rôles de médiateur, de porte-parole, de joueur de tours ou même de sage.
Après le début de la révolution industrielle, ce savoir-faire disparaît peu à peu au profit de l’ouvrier spécialisé d’abord, puis de l’opérateur d’une machine-outil pour la fabrication des pièces standardisées.
Les environs immédiats de la Forge Cauchon portent le nom populaire de « petit village ». Autour de la forge de Joseph Cauchon vont se greffer plusieurs autres boutiques d’artisans. À l’époque où Joseph s’installe, il existe déjà, de l’autre côté de la rue, un moulin banal.
Une telle activité ne pouvait qu’attirer les cultivateurs et résidents des alentours. Les moulins à farine, à carder, à scie et à bardeaux, les boutiques de forge, carrosserie, de charron et de menuiserie offraient des services essentiels à cette époque et justifient certainement l’appellation de « petit village ».
La boutique de la Forge Cauchon est un bâtiment exceptionnel par ses dimensions à deux étages et demi. Cela en fait une des plus grosses boutiques de forgeron au Canada. La présence d’un deuxième étage est également inusitée, de même que l’usage qu’on en faisait, la menuiserie. La grande majorité des boutiques de forgerons du Canada sont à un étage ou un étage et demi, de petites dimensions, et on s’y spécialise dans le travail du fer uniquement.
Les grandes dimensions de la boutique Cauchon justifient peut-être sa technique de construction en pièces sur pièces, assemblées à queue d’aronde. Il s’agit là d’une manière de construire très répandue dans tout le Québec rural, pour les bâtiments d’habitation, mais plutôt rare pour les ateliers d’artisans. Des considérations de confort (fraîcheur en été, chaleur en hiver) et de salubrité ont peut-être gouverné le choix de cette technique. Chose certaine, ce choix a permis au bâtiment de bien traverser son siècle d’existence et de nous parvenir à peu près intact.
Cette boutique est également exceptionnelle au Canada par l’emplacement du soufflet, situé dans un appentis attenant au mur nord.
Alors que l’on trouve, comme dans toutes les autres forges, des aires de travail plus ou moins bien délimitées, à la forge Cauchon, les dimensions du feu surprennent. Cela s’explique par la présence du maître – forgeron et de ses outils, l’enclume, le bac à eau et le soufflet. De l’autre côté, une autre aire de forge a déjà existé pour les apprentis, avec son feu attenant à celui du maître et son établi. La forge Cauchon avec ses maîtres – forgerons, a probablement été un lieu important de transmission du métier par apprentissage et compagnonnage.
Les autres aires de travail de la boutique sont la maréchalerie, avec le travail à ferrer, en étroite relation avec l’aire de la forge et charronnerie. L’étage était réservée à la menuiserie, et l’appentis, à la comptabilité, au soufflet, à l’urinoir et au rangement.
En mai de 1992, les outils ont été envoyés au Musée de Charlevoix pour nettoyage et inventaire, la boutique a été vidée de son contenu, reculée du chemin et assise sur des fondations solides. En 1993, la forge-menuiserie a été classée monument historique par le Ministère des Affaires culturelles du Québec.
Aujourd’hui, la forge Cauchon reprend vie auprès des visiteurs, après plus de 30 ans de silence. Elle est certes moins garnie qu’à l’époque mais cela permet de mieux distinguer les outils de valeur au travers des objets de moindre intérêt.
Coordonnées :
La forge-menuiserie Cauchon
323, chemin de la Vallée,
La Malbaie
G5A 1B8.
Téléphone : 418 665-3152.
Le site web de la forge Cauchon : forgecauchon.ca. C’est un site simple, mais présentant un récit historique très intéressant, une partie du lequel est reproduite ici. Toutefois, nous vous recommandons de vous rendre sur ce site pour mieux connaître cette partie de l’histoire du Québec.

La forge Cauchon, source de l’image – site Web du musée la Forge Cauchon.
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