
Communauté ukrainienne du Québec
Il est difficile de retracer les origines de la venue des immigrants ukrainiens au Québec, dans la mesure où les auteurs qui ont écrit sur ce sujet ne s’entendent pas quant à la date d’arrivée des premiers Ukrainiens.
À son arrivée à Montréal en 1905, Mykhaylo Kotsulym, l’un des premiers arrivants ukrainiens remarqua qu’il y avait déjà des Ukrainiens. Ivan Onyshkevych écrivit que les premiers immigrants ukrainiens du Québec provenaient d’un groupe qui était arrivé avant 1900 à Halifax et dont certains, après avoir remarqué la province de Québec, avaient décidé de s’établir à Montréal, alors que d’autres se rendirent dans l’Ouest canadien.
Stephen Mamchur et Charles Bayley estiment que les origines de la communauté ukrainienne du Québec remontent à 1904 tandis que Nadia Hrymak-Wynnycky écrit que la première famille ukrainienne arriva à Montréal en 1899.
À cette époque, les libéraux de Sir Wilfrid Laurier s’efforçaient de mettre en application la politique nationale élaborée par Sir John A. Macdonald en 1878. Cette politique avait trois buts principaux: l’établissement d’une protection tarifaire, la construction d’un chemin de fer transcontinental et une immigration massive. Sous l’égide de Clifford Sifton, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Laurier, cette politique connut un succès retentissant alors que le gouvernement abandonna sa politique traditionnelle qui consistait à favoriser une immigration en provenance du Nord-Ouest de l’Europe, de la Grande-Bretagne et des États-Unis. C’est cette nouvelle orientation qui permit aux Ukrainiens de s’enraciner tant au Canada qu’au Québec.
Il faut bien admettre cependant que cette nouvelle politique en matière d’immigration n’était pas dénuée de controverse. Plusieurs firent référence aux immigrants comme étant les protégés de Sifton ou encore comme étant les rebuts de l’Europe. Les nouveaux arrivants se sont souvent vus affubler des pires épithètes. Certains parlaient même d’une invasion barbare. À titre d’exemple, retenons le cas de Stephen Leacock, qui craignait que le tissu social canadien n’en soit grandement endommagé. Néanmoins, les immigrants continuèrent d’arriver en provenance du Sud-Est de l’Europe.
Sifton comptait envoyer les nouveaux immigrants dans les parties du Dominion qui n’avaient pas encore été développées, ces immigrants « de deuxième ordre » étant destinés à coloniser l’Ouest canadien et non à peupler les centres urbains de l’est du pays. Comme le rapportait le Montreal Star de l’époque, leur admission au pays ne visait pas à « congestionner nos villes ». Il s’agissait là, à toutes fins pratiques, d’un genre d' »impérialisme domestique à la canadienne », pour reprendre les mots d’Allan Smith, ou du moins d’un apartheid spatial, régi non par la couleur de la peau, mais par l’accent des nouveaux arrivants.
Malgré les objectifs du gouvernement, certains de ces nouveaux arrivants ne se rendirent pas dans l’Ouest canadien, préférant plutôt habiter les centres urbains de l’est du pays, y établissant ainsi des communautés ethniques, notamment la communauté ukrainienne du Québec.
Environ 90 % des Ukrainiens qui sont venus s’établir au Québec venaient de Galicie, en Ukraine de l’Ouest. Les autres venaient de Bucovine et d’Ukraine de l’Est. Peu d’Ukrainiens de l’Est sont venus s’établir au Canada, puisque leur émigration était strictement contrôlée, dans un premier temps par le gouvernement de la Russie tsariste, et ensuite par celui de l’U.R.S.S.
Suite à l’effondrement de l’empire austro-hongrois, dont elle faisait partie, la Galicie fut annexée par la Pologne pour ensuite passer sous le contrôle de l`U.R.S.S. après la Deuxième Guerre mondiale. Ces fréquents changements de juridiction, ainsi que l’état apatride de plusieurs Ukrainiens, compliquèrent leur identification, tant à l’intérieur de la communauté ukrainienne, qu’au sein de la population canadienne. En effet, lorsqu’on leur demandait leur nationalité, plusieurs immigrants ukrainiens répondaient qu’ils étaient Galiciens, Ruthènes ou même simplement des habitants de la Rus, l’ancien nom de l’Ukraine, qui était souvent confondu avec le mot « Russie. » De plus, bon nombre de ceux qui sont arrivés avant 1914, en provenance d’Autriche – Hongrie, s’identifièrent comme étant Austro-hongrois. Pendant l’entre-deux-guerres, plusieurs se présentèrent comme étant polonais parce qu’ils étaient arrivés au pays munis de passeports polonais, la Galicie ayant fait partie de la Pologne à cette époque.
Il faut noter que leur situation était d’autant plus compliquée que le terme « Ukrainien » ne commença à apparaître sur les formulaires de recensement canadiens qu’en 1931. Or, les données de ce recensement révèlent qu’il y avait, à cette époque, 4 340 Ukrainiens au Québec, dont 3 510 à Montréal, les autres s’étant établis à Val-D’Or et à Rouyn-Noranda pour la plupart.
Les statistiques officielles montrent qu’environ 8 000 Ukrainiens habitaient au Québec en 1941, mais il est difficile de déterminer avec précision le nombre de réfugiés qui arrivèrent à Montréal après 1947.
En 1951, la population ukrainienne du Québec avait grimpé jusqu’à 12 921 habitants. Parmi ceux-ci, 11 154 vivaient dans la région métropolitaine.
Enfin, le recensement de 1961 révèle qu’il y avait, à cette époque, 15 558 Ukrainiens au Québec.
D’après L’Histoire des Ukrainiens au Québec entre 1910 et 1960 de Yarema Gregory Kelebay.

Immigrants galiciens, débarqués à Québec en 1911. Photographie prise en 1911 par William James Topley, cette image est du domaine public.
Voir aussi :
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