Multiculturalisme

Le typhus de 1847

Le typhus de 1847

Typhus et son histoire au Québec

C’est en 1811 que le premier groupe d’immigrants irlandais arrive à la Rivière-à-la-Paix (avec quelques Écossais de lord Selkirk).

À partir de 1822, le Québec reçoit de 5 à 20 mille immigrants irlandais par année.

En 1846-47, les Irlandais sont chassés de leur pays par la grande famine suite à la maladie de la pomme de terre, mais le typhus éclate sur les bateaux insalubres et les immigrants trouvent la mort en grand nombre.

Environ 7 mille sont morts durant la traversée de l’océan et sept mille autres sont décédés après le débarquement.

Quarante deux prêtres, l’évêque Mountain, dix-sept diacres et des dizaines de religieuses prirent soin des malades au risque de leur propre vie.

Dix-huit religieuses et vingt-cinq prêtres, soit plus de la moitié, périrent dans cette bataille pour soigner les malades. Le maire de Montréal, John Mills décéda également après avoir contracté le typhus.

Un grand nombre d’orphelins sont adoptés par des familles canadiennes, dont la plupart sont de langue française. Ce fait explique que beaucoup de personnes portant des noms irlandais sont représentants de la culture française au Québec.

Typhoïde et para-typhoïde

1. Historique. – Il y a plus d’un siècle que l’affection décrite par Bretonneaux sous le nom de dothiénentérie avait retenu l’attention par l’intensité de ses troubles nerveux, en particulier le tuphos. C’est pourquoi Chomel, en 1834, lui substitua le nom de « fièvre typhoïde ».

Les anciens cliniciens avaient décrit des formes stuporeuses, ataxoadynamiques, ataxotrémulantes qui soulignaient la participation de signes nerveux dans la symptomatologie. La notion d’une véritable encéphalite typhoïdique s’affirma par les travaux de Chalier et Froment vers 1930, ceux de May et Kaplan (1929), la thèse de Stehelin (1031) et, surtout, les publications de H. Roger et ses élèves, en particulier, la thèse de Gastaut (Marseille, 1945). Ces derniers auteurs décrivirent toute une série de formes cliniques, suivant la prédominance de tel ou tel symptôme nerveux, généralement conditionné par une localisation anatomique au niveau du diencéphale (encéphalite végétative). H. Roger a donné plus récemment une étude des plus complètes de cette encéphalite typhoïdique (Ann. Méd. Psychol., décembre 1951).

II. Symptomatologie. – a) On peut voir des troubles mentaux précoces, décrits jadis sous le nom de « cérébro-typhus » (Audemard, thèse de Lyon, 1898) : le sujet semble entrer dans la maladie par un état confusionnel avec égarement, automatisme ambulatoire ou un état d’agitation insolite; il est hospitalisé dans un service de psychiatre, l’examen clinique suivi de réactions de laboratoire révèlent la fièvre typhoïde sous-jacente.

b) Et c’est surtout à la période d’état que l’encéphalite typhoïdique étale ses troubles neuro-psychiques, sous des formes variées en intensité, en dominantes symptomatiques ou régionales.

Il y a une forme d’encéphalite que l’on pourrait appeler la forme mineur ou légère et qui se traduit simplement par l’état confusionnel, avec ou sans onirisme, un peu de carphologie, parfois quelques réactions végétatives discrètes (tachycardie, sueurs, etc.).

Mais il y a des formes beaucoup plus graves où le tuphos peut être beaucoup plus profond, allant jusqu’à la stupeur et au coma, où le délire est beaucoup plus violent, l’agitation psychomotrice pouvant atteindre le diapason du délire aigu, les signes végétatifs présenter une gravité particulière : tachycardie sinusale, collapsus cardio-vasculaire, polypnée, hyperthermie, hyperazotémie.

À côté de ces formes particulièrement intenses, il faut placer certaines formes régionales bien mises en évidence par Roger et ses élèves : bulbaires, pontocérébelleuses; in convient d’y placer aussi un certain nombre de formes dites extrapyramidales (Janbon et Chaptal) ou sous corticales : la forme hypertonique (May, Chavany), rattachée autrefois à des réactions méningées que la ponction lombaire ne confirme pas, la forme catatonique, la forme encéphalo-myélitique avec fonte musculaire intense et rapide, rétractions tendineuses; on a même signalé des états parkinsoniens et le syndrome de Korsakoff .

De toutes les maladies infectieuses, la fièvre typhoïde est une de celles qui laisse le plus fréquemment des séquelles définitives, surtout lorsqu’il s’agit de sujets jeunes : troubles de l’humeur et du caractère (Heuyer, Mlle Badonnel), ou affaiblissement intellectuel, ou retard du développement psychique suivant l’âge, et, parfois, évolution vers une démence précoce. Toulouse, Courtois, Roubinovitch en ont publié des exemples caractéristiques dont quelques-uns avec vérification anatomique révélant des lésions d’encéphalite.

On a signalé aussi la persistance d’états parkinsoniens et la prolongation d’un état hébéphréno-catatonique pendant plusieurs années. Il existe enfin quelques faits bien établis d’épilepsie post-typhoïdique.

On a souligné que les complications neuropsychiques durables étaient plus fréquentes chez les jeunes sujets, mais que les états délirants se rencontraient surtout chez l’adulte.

III. Pathogénie. Traitement. La conception d’une encéphalite typhoïdique a trouvé sa justification dans les constatations anatomo-pathologiques faites par plusieurs auteurs, en particulier Poursines qui a souligné la majoration manifeste de ces lésions au niveau du diencéphale spécialement dans la région infundibulo-tubérienne. Il s’agit de lésions dues à l’action des toxines beaucoup plus qu’à la pullulation microbienne ce qui explique la grande rareté des abcès cérébraux à bacilles d’Eberth.

Il est bien établi aujourd’hui que l’encéphalite typhoïdique est due à l’intoxication profonde des centres nerveux par une endotoxine neurotrope libérée par la lyse des microbes qui ont leur gite principal dans les ganglions mésentériques (Reilly, Tardieu) et l’on sait que ces auteurs ont pu expérimentalement reproduire le tuphos par injections intra-ventriculaires de cette toxine.

Cette donnée pathogénique a permis de réglementer le traitement de la fièvre typhoïde et de son encéphalite par la chloromycétine. On sait les défervescences spectaculaires entraînées par cet antibiotique puissant et la transformation du pronostic qu’il a apportée. Mais deux recommandations s’imposent à propos de son usage :

a) L’administration doit s’en faire par la bouche, la voie intestinal l’amenant plus rapidement dans les ganglions mésentériques;

b) On ne doit employer que des doses modérées ; on avait d’abord pensé en effet que plus l’état était grave, plus il fallait forcer la dose et l’on prescrivait jusqu’à 6 g par jour ; c’était provoquer une libération trop brutale et trop massive de toxines qui créait un véritable danger pour les centres diencéphalitiques ; on a même signalé des bouffées délirantes survenant après ce traitement d’attaque: accès d’agitation passager (quatre à six jours) et curable. Aussi a-t-on remplacé cette dose dite de « charge » par des doses plus modérées de 3g. La dose, comme l’a fait remarquer Reilly, doit être d’autant moindre que l’encéphalite est plus grave ; on a même dû parfois subsister l’auréomycine à la chlorycétine (Benhamou).

Il ne faut pas perdre de vue les médications adjuvantes et en présence de certains phénomènes de persévération des troubles neuro-psychiques, quelques séances d’électrochocs ont eu des résultats très heureux (Euzière, Pages, etc.).

Dans les paratyphoïdes des réactions mentales peuvent aussi s’observer, mais avec moins de fréquence et moins d’intensité que dans la typhoïde.

Typhus exanthématique : Certains typhus ont pour manifestation initiale des accès d’agitation confusionnelle.

À la période d’état, le tableau confuso-onirique, de règle dans la maladie, se surajoute au typhus classique. Le délire aigu y est fréquent, parfois même au cours de la convalescence (délires méta-infectieux de A. Porot).

En période d’épidémie, de multiples formes mentales ont été observées (Aubin) : éveil or réveil d’une psychose périodique, syndrome dissociatif de type hébéphrénique ou paranoïde, etc., et cette étiologie est à rechercher, même en l’absence des signes cardinaux de la maladie.

Le traitement se confond avec celui des psychoses infectieuses.

croix des irlandais

Photographie de Gilles L’Heureux.

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