Le Québec en Fêtes
Nous reproduisons une partie de l’article paru sur le blogue routesamericaines.blogspirit.com/tag/JAZZ. Madame Martine Geronimi, professeure de géographie à l’UQAM. L’article est reproduit avec l’autorisation de Mme Geronimi.
Les liens internes à l’intérieur de l’article sont les nôtres.
[…] Mais le 21 juin, un événement un peu exceptionnel me faisait quitter cette île des sœurs pour me rendre Place Émilie Gamelin près de l’UQAM, en plein centre ville sur la Sainte-Catherine, dans ce lieu qui accueille manifestations et revendications. Cette fois, la place était transformée en un camp amérindien et une tribune était installée pour accueillir délégations de différentes tribus venant fêter le Jour national des Peuples autochtones.
Je ne pouvais rater un tel événement, moi qui avais vibré si fort lors de mon arrivée à Montréal en juin 2001 lors des fêtes de célébration de la signature de la Grande Paix de 1701.
Ce geste de réconciliation entre les peuples autochtones et les Québécois non amérindiens m’interpellait une nouvelle fois. Arrivée sur la place par le métro j’entendais les percussions indiennes et les cris des chanteurs, 4 gars installés sur une scène et qui se donnaient à fond à leurs musiques, concentrés sur leurs paroles que je ne comprenais évidemment pas mais que je sentais importantes à leurs yeux. Ce jour là, il n’y avait pas de grande mise en scène comme en juin 2001 et peu de monde car le battage médiatique n’avait rien de comparable. Moi, c’est le bouche à oreille d’un copain impliqué officiellement dans l’organisation de la matinée qui avait attiré mon attention sur ce moment un peu spécial où le ministre des affaires indiennes du Québec se déplaçait expressément et où la Place Émilie Gamelin, appropriée par les Peuples Autochtones reprenait son nom d’origine : Tiotake.
Cette année, la culture iroquoienne du Saint-Laurent a été particulièrement mise à l’honneur sur le site extérieur de Présence autochtone, en présence des représentants de la ville de Montréal, des gouvernements provincial et fédéral ainsi que des porte-parole des Premières Nations.
La matinée s’est déroulée avec une succession de discours et une femme m’a particulièrement émue lorsqu’en anglais elle a parlé de son peuple les ABENAQUIS.
Elle parlait également en français d’une exceptionnelle qualité mais son émotion passait véritablement dans la langue anglaise et j’en avais quasiment les larmes aux yeux lorsqu’elle parlait de ses ancêtres.
Cette femme est la présidente abénaquise des femmes autochtones du Québec.
Avec elle et d’autres femmes je participais au lancement de la nouvelle trousse d’information pour démystifier les discriminations vécues par les femmes autochtones à l’invitation de Femmes Autochtones du Québec, Droits et Démocratie et le réseau ENLACE.
Aussi, dans le cadre du lancement, un panel de discussion sur l’histoire des femmes autochtones et leur rôle dans l’édification des nations a été présenté sous la tente avec : Ellen Gabriel, présidente de FAQ et Antonia Alba de Edman, de la nation Kuna au Panama. Comme l’a expliqué Ellen Gabriel les femmes autochtones sont plus marginalisées que n’importe quel groupe au monde. « Il y a tout un système juridique qui entraîne de nombreuses discriminations pour les femmes et cela est une des principales conséquences de l’oppression que nos peuples ont vécue », « Les femmes autochtones au Canada vivent maintenant une forme de discrimination plus insidieuse, insérée dans des lois et des règlements. »
J’en ai profité pour signer la pétition en cours pour les Femmes et faire un petit tour des tipis.
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Martine Géronimi est professeure associée au Département de Géographie de l’UQAM depuis 2002.
Elle a participé en 2006, en tant que Chercheure – associée Université Paris VII à l’Équipe Mobilités Itinéraires Territoires sous la direction du Professeur Rémy Knafou. Depuis 2003, elle a mis sur pied le groupe de recherche sur les espaces festifs (GREF), au département de géographie sous la direction du professeur Sylvain Lefebvre.
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