Les conseils du Père Le Jeune
Ces conseils étaient donnés par le Père Le Jeune, vers 1632, à ses confrères Jésuites, pour se faire aimer des Amérindiens :
« Efforcez-vous de manger leur sagamité, quelque sale et insipide qu’elle soit. Supportez tout. Ne refusez rien de ce qu’ils vous offrent, de peur de leur déplaire. Efforcez-vous de manger dès le point du jour. Il faut être prompt à s’embarquer et à désembarquer.
Retroussez vos habits afin de ne pas porter de l’eau et du sable dans le canot. Allez nu-pieds et nu-jambes. Ne parlez pas trop le long du voyage.
Ne les pressez pas d’interrogations sur la langue. Vous n’y apprendrez rien, et cela les importune.
Le silence est un bon meuble en ce temps-là. Tâchez de vous montrer toujours joyeux. Chacun sera muni d’une demi-grosse d’alênes, de deux ou trois douzaines de petits couteaux, d’une centaine d’aims (hameçons), et de quelques rasades afin de fêter les Sauvages.
Efforcez-vous de porter quelque chose dans le portage. Si peu qu’on porte agrée fort aux Sauvages, ne fût-ce qu’une chaudière.
Il ne faut pas être cérémonieux avec eux. Qu’on prenne garde de nuire à personne dans le canot avec son chapeau. Il faut plutôt prendre son bonnet de nuit.
Ne commencez pas à ramer, si vous n’avez envie de ramer toujours.
Les Sauvages retiendront de vous dans le pays la pensée qu’ils en auront eue durant le voyage. Si vous avez passé pour une personne fâcheuse et difficile, vous aurez ensuite bien de la peine à ôter cette opinion.
C’est une chose incroyable comme ils remarquent et retiennent le moindre défaut. Faites bon visage à tous. Votre philosophie et votre théologie, ils ne s’en soucient guère. Si vous pouviez aller nus, et porter des charges de cheval sur votre dos, comme ils le font, vous seriez parmi eux un savant et reconnu comme un grand homme. »
(Relations des Jésuites).
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