Communauté chinoise

Communauté chinoise au Québec

À Montréal, les Chinois arrivent vers 1880 et s’établissent autour du port de Montréal. Selon la presse, en 1888, il n’y a qu’environ trente Chinois à Montréal, mais ce nombre augmente et en 1895, on compte déjà plus de 500 résidents de la ville qui sont d’origine chinoise. Vers le début du XXe siècle, le quartier chinois est formé dans les limites qui se sont conservées jusqu’à nos jours, soit la rue Jeanne-Mance, la rue Saint-Laurent, le boulevard René-Lévesque (boulevard Dorchester à l’époque) et l’avenue Viger. En 1904, selon un recensement, le Quartier Chinois est déjà habité par au moins 800 Chinoises et Chinois.

Cette croissance est due en grande partie à l’arrivée du chemin de fer Transcanadien du Canadien Pacifique qui débute (ou termine, selon le point de départ) en Colombie-Britannique. Désormais, Montréal sert de lieu de transit pour les Chinois qui se rendent aux Antilles, en Amérique du Sud et à New-York. The Montreal Gazette rapporte que le 4 juillet 1900, pas moins de 125 Chinois arrivent à Montréal en transit vers le sud. Le 21 mai 1902, ce nombre double, et un certain nombre d’entre eux décident de terminer leur voyage au Québec.

À Québec, les premiers Chinois viennent s’établir en 1891, mais l’histoire de la présence des Chinois dans la vieille capitale mérite un article à part : Chinois à Québec.

Au début du XXe siècle, les Chinois affrontent l’hostilité d’une partie de la population. En 1907, une Ligue Anti-Péril Jaune ouvertement sinophobe, est fondée au Canada qui entreprend de nombreuses actions contre les ressortissants d’Asie.

Les Chinois sont accusés de répandre des drogues comme l’opium. À l’époque, personne ne se soucie d’expliquer les usages et les coutumes d’autres peuples, voici en partie, la cause de cette discrimination envers des gens d’autres origines ethniques.

Un autre aspect est le salaire de misère qu’acceptent les immigrants chinois. En effet, les buanderies chinoises font travailler leurs compatriotes pour des salaires plutôt symboliques ce qui provoque la protestation des syndicats et contribue à cette atmosphère xénophobe.

En effet, déjà en 1888, selon le Montreal Star dans son édition du 19 août 1888, Montréal compte 12 blanchisseries. En 1894, selon le Montreal Gazette (édition du 13 juin 1894), on en compte déjà 70 et cela, sans compter les blanchisseries et des buanderies chinoises non officielles. En 1920, on en compte 800 et plus de 80% des Chinois sont occupés dans ce secteur de travail au Québec (lavage, nettoyage, repassage, etc.).

En 1921, on recense à Montréal plus de 1600 Chinois, mais ce nombre reste plus ou moins stable en raison d’une interdiction de l’immigration chinoise et asiatique au Canada. Cette interdiction entre en vigueur en 1923 à la suite de pressions d’une partie considérable de la société canadienne de l’époque.

C’est un cas assez rare d’unanimité entre les courants politiques nationalistes des Canadiens français et des courants qui se veulent représentatifs du Canada anglais, quoique les motifs de pression sont différents. En effet, tandis que les nationalistes canadiens français évoquent la défense de la religion catholique, de la «race française» et des traditions, le Canada anglais est un peu plus «pragmatique» et se plaint de la concurrence des travailleurs chinois, ainsi que de la prolifération du crime relié aux drogues et aux jeux de hasard «apportés par le Chinois».

Pour conjurer leur marginalisation sociale, les Chinois se concentrent autour de quelques rues appelées Tangren Jie ou Rues chinoises. Ces quartiers sont appellés Quartier chinois ou Chinatown partout en Amérique du Nord.

Ce regroupement permet aux Chinois de préserver leur mode de vie traditionnel et des institutions religieuses, politiques, financières, sociales et culturelles y sont fondées pour répondre aux besoins de la communauté.

Dans les années 1910, par exemple, la communauté chinoise au Québec est divisée politiquement entre les partisans du Kuomintang, un parti nationaliste et la société Chi Kong Tong qui prône la création d’une monarchie constitutionnelle en Chine. On sait que le Kuomintang ou le Parti Nationaliste de la Chine comptait 120 membres actifs dans la ville de Québec, soit,  près de la moitié de la population masculine des Chinois de la ville.

Néanmoins, les associations d’entraide naissent au fil des ans et les gens célèbrent ensemble leurs fêtes comme le Nouvel An chinois.

Dans les années 1920, au Québec, on compte une douzaine d’associations œuvrant au sein de la communauté chinoise, dont la Chinese Christian Endeavour Society, une mission religieuse protestante qui aurait été la première association chinoise, fondée vers la fin du XIXe siècle, le Chinese Young Men’s Christian Institute, fondé en 1910 pour regrouper les jeunes Chinois et la Chinese Benevolent Association, fondée vers 1920.

Les lois sur l’immigration sont modifiées à plusieurs reprises au fil des ans, mais elles ont restreint l’immigration chinoise pendant longtemps. Par exemple, l’entrée des épouses et des enfants chinois était interdite jusqu’en 1960. Ensuite, la situation change radicalement. Si, au début de 1960, on compte au Québec moins de 3 mille Chinois, en 1971, on en dénombre environ 11 mille et vers la fin des années 1970, le nombre des résidents d’origine chinois arrive à plus de 25 000.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les changements au sein de la communauté chinoise sont très importants et on compte aujourd’hui des douzaines d’organismes et associations politiques, culturelles, spirituelles, économiques et autres (la Montreal Chinese Cultural Society, la Chinese Medical Society, la Chinese Arts Association, etc.).

En tout cas, pour plusieurs membres de la communauté chinoise (de l’âge d’or en particulier), ces associations constituent un réseau de relations sociales très important. Les Chinois ne sont plus uniquement blanchisseurs ou restaurateurs. Aujourd’hui, la communauté chinoise participe activement à toutes les formes de la vie socioculturelle du Québec.

portes du quartier chinois
Les portes d’entrée au Quartier chinois de Montréal. Photo : GrandQuebec.com.

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