Chinois à Québec
Selon Christian Samson, les premières traces de la présence de Chinois à Québec remontent à 1891 quand deux Chinois s’installent dans le quartier de Saint-Roch qui constitue à cette époque le véritable centre-ville de Québec.
Les deux pionniers sont rejoints très vite par des dizaines de compatriotes et en quelques années, un Quartier chinois est né dans la ville de Québec. À vrai dire, ce n’est qu’un quadrilatère de quelques rues avec quelques commerces gérés par les résidents de la ville venus de Chine ou d’Asie.
Le quartier chinois de Québec était situé entre le boulevard Charest et la rue Saint-Vallier. Il n’en reste que des traces. Pourtant le restaurant Wok & Roll et l’ancien immeuble de l’Association de bienfaisance chinoise sont toujours en place. Il existe aussi le centre d’arts martiaux de Sainte-Foy.
Le journal Le Soleil, dans son édition du 2 mai 1910, rapporte qu’à cette date, 60 Chinois habitent à Québec. Christian Samson cite le chercheur Ban Seng Hoe qui est d’avis que la progression très lente de la population chinoise de Québec, en comparaison avec les autres villes canadiennes, est due au manque de moyens de transport appropriés. C’est-à-dire, selon Ban Seng Hoe, le fait que le chemin de fer Transcanadien ne passe pas directement par la ville de Québec. En effet, les villes situées le long du chemin de fer transcontinental se sont peuplées beaucoup plus vite que Québec.
En 1923, au moment de l’interdiction officielle de l’immigration chinoise au Canada (voir l’article Communauté chinoise à Québec), on dénombre à Québec entre 450 et 500 Chinois. Curieusement, ce sont majoritairement des hommes seuls, alors que les femmes sont très peu nombreuses. Selon un recensement de 19212, à Québec, pour chaque 20 personnes d’origine chinoise, 19 sont des hommes et 1 seule est une femme.
Depuis 1923, à Québec, le nombre de Chinois diminue et ce processus continue jusqu’à la fin des années quarante. De plus, la population chinoise demeure presque exclusivement masculine.
Dans la première moitié du XXe siècle, les Chinois de Québec se concentrèrent dans les domaines de la restauration et de la blanchisserie. Souvent, un groupe de Chinois s’associe dans un commerce de buanderie pour amasser l’argent nécessaire au démarrage de l’entreprise.
Déjà en 1910, on dénombre pas moins de 20 buanderies chinoises à Québec qui offrent des tarifs très avantageux pour la clientèle. Il n’est pas rare que les Chinois travaillent six ou sept jours par semaine et plus de 14 heures par jour. Dans la plupart des cas, les propriétaires des buanderies et des employés habitent en groupe dans de minuscules appartements adjacents à leur lieu de travail dans des conditions d’insalubrité. Certains Chinois ouvrent des restaurants servant des mets chinois au grand public. Évidemment, ces mets sont modifiés pour convenir au goût des Occidentaux. En 1936, selon le Père Adrien Caron (cité par Christian Samson), on compte trente restaurants à Québec.
Parfois, ils doivent affronter l’hostilité d’une partie de la population blanche. Par exemple, une Ligue Anti-Péril Jaune ouvertement sinophobe existait à Québec et à Montréal dès 1907. Elle était toutefois moins virulente dans ses actions que sa contrepartie de l’Ouest canadien et des États-Unis.
Pour conjurer la marginalisation sociale, la diaspora chinoise a eu recours à divers stratagèmes internes à leur communauté. Cependant, si d’autres villes nord-américaines ont vu naître des quartiers appelés Tangren Jie (rues chinoises, Quartier Chinois en français ou Chinatown en anglais), à Québec, le nombre restreint de Chinois ne justifiait pas la création d’un quartier plus ou moins isolé.
Par contre, les Chinois de Québec, comme partout ailleurs dans le Canada et dans les États-Unis, fondent des institutions sociales et culturelles pour répondre aux besoins de leur communauté et préserver leur identité nationale. Ces institutions aident les immigrants chinois, particulièrement dans le domaine économique et c’est à travers ces institutions que les membres les plus fortunés de la communauté accordaient des prêts aux moins bien nantis. Signalons que les taux d’intérêt étaient en général très avantageux.
Ces institutions servaient aussi de lieux de soutien spirituel, comme des centres de pratique de religion et de diffusion d’idées politiques. Par exemple, le Kuomintang ou Parti Nationaliste de la Chine comptait pas moins de 120 membres actifs dans la ville de Québec, soit, près de la moitié de la population masculine des Chinois de la ville. Il semble que l’autre moitié inclinait vers un mouvement qui luttait pour l’établissement de la monarchie constitutionnelle en Chine.
Aujourd’hui, le nombre de Chinois à Québec ne dépasse pas 1000 personnes (environ 200 familles) qui se concentrent pour la plupart dans Sainte-Foy-Sillery et à Beauport, mais leur présence est très visible. Depuis le début du XXIe siècle, on célèbre chaque année le Festival culturel chinois de Québec qui présente une programmation où la tradition chinoise est mise à l’honneur dans le quartier Saint-Roch.
On parle également d’un projet de nouveau quartier chinois à vocation commerciale et touristique dans la zone du carré Lépine, où se trouvait l’ancien quartier chinois, avec des commerces, des restaurants et des boutiques. On ne sait pas encore si ce projet se réalisera.
Finalement, rappelons qu’une fameuse pièce de théâtre La Trilogie des dragons de Robert Lepage, est consacrée aux relations entre les Chinois et les autres résidents du quartier Saint-Roch de Québec. Robert Lepage qui a grandi dans le quartier Saint-Roch, décrit l’évolution du quartier chinois de Québec des débuts jusqu’à sa disparition.
Pour en apprendre plus :
- 魁北克
- Communauté chinoise au Québec
- Figurines de farine
- Ligne du temps : 1923 (L’interdiction aux Chinois d’immigrer au Canada)
- Ville de Québec
- Sainte-Foy-Sillery
- Beauport
- Saint-Roch
- Région administrative de la Capitale nationale
- Festival de Bateaux Dragons à Montréal
- Quartier chinois de Montréal
- Magie des Lanternes (à Montréal)
- Biographie de Norman Bethune
- Biographie de Robert Lepage
- La ville de Vancouver
- 400ième anniversaire de Québec