Les chamans dans la société autochtone
Le chaman est en spécialiste religieux qui a acquis un pouvoir unique de sa propre initiative. On pense en fait que ces personnes possèdent des capacités exceptionnelles pour traiter avec les forces et les êtres dits « surnatureles ».
En général, le chaman traite des questions religieuses à temps partiel. À la fois prêtre, sorcier, magicien et devin, le chaman remplit le rôle d’intermédiaire entre les hommes et les esprits. Il entretient une relation privilégiée avec la nature et les animaux sauvages… (Bonte et Izard, 1991, page 132). Avant de pouvoir exercer sa pratique, le chaman doit suivre une formation, durant laquelle il acquerra pouvoirs reconnaissances.
Au terme de sa formation, il aura le don de guérir et de prédire l’avenir. De retour dans la collectivité, il exercera les fonctions de chaman ou de médecin.
Dans de nombreuses cultures, les hommes comme les femmes peuvent devenir des chamanes. Si on s’attend bien entendu à ce que celui qui prétend détenir un don manifeste des pouvoirs spéciaux, c’est toutefois sur la sincérité de l’individu que repose la valeur de l’expérience.
*
Le chaman est une sorte d’intercesseur, de médiateur religieux, qui agit pour le compte d’autrui, souvent afin de guérir une personne ou de prédire un événement. Pour ce faire, il cherche à influencer les forces surnaturelles ou à leur imposer sa volonté. Pour sa part, le prêtre ou la prêtresse s’adresse plutôt aux divinités.
Alors que le prêtre ou la prêtresse indique souvent à autrui la conduite à adopter, le chaman s’efforce d’infléchir à son gré l’action des forces surnaturelles. En échange de ces services, le chaman reçoit parfois une rémunération en nature, que ce soit de la viande, des légumes ou un objet qu’il apprécie. Dans certains cas, le prestige, l’autorité et le pouvoir social liés à son statut constituent sa récompense.
Quand le chaman officie une cérémonie, il met parfois une touche spectaculaire, en introduisant par exemple un élément de risque dans sa prestation. Fréquemment, il doit entrer en transe pour pouvoir voyager vers le monde des esprits, voir les esprits présents et interagir avec eux. Il tente alors de conclure avec eux des alliances ou de leur imposer sa volonté. Dans ce dernier cas, la lutte peut s’avérer dangereuse, étant donné les pouvoirs redoutables qui sont sensés posséder certains esprits.
Les danses en état de transe qu’effectuent les Juoansis, dans le désert de Kalahari, en Afrique australe, en sont un exemple. Chez ce peuple, les chamans constituent en moyenne environ la moitié des hommes et le tiers des femmes les plus âgés d’un groupe. Ils entreront en état de transe le plus souvent pour provoquer la pluie, maîtriser les animaux ou encore soigner les malades.
Le chaman comme le guerisseur
La pratique de base de tous les chamans comprend la guérison des malades et la communication avec le monde des esprits. Cependant, tout ne passe pas par des états de conscience altérés (comme des transes) pour accéder à leurs pouvoirs surnaturels. Dans plusieurs traditions chamanistes, la transe donne au guérisseur une sorte de vision qui lui permet de déterminer l’endroit du corps où se trouve la maladie. Elle permet de chasser les esprits qui rôdent aux alentours. En outre, la quasi-totalité des chamans ont aussi recours à un rituel spécial, à la musique sacrée et à la danse.
Plusieurs chamans recourent à une certaine mise en scène et transforment leur rite de guérison en un spectacle de bravoure. Les chercheurs estiment d’ailleurs que cet élément dramatique constitue une des clés de leur efficacité. La guérison qui se produit dans l’esprit de celui qui y croit est-elle réelle ou imaginaire ? Les guérisseurs chamanistes comptent sur les mêmes probabilités de succès que les médecins traditionnels car, avec le temps, la très vaste majorité des affections se résorbent d’elles-mêmes.
*
Les rhumes, les maux de tête, les douleurs musculaires, les maux de ventre et même la grippe sont susceptibles de se dissiper sans intervention médicale. La médicine peut simplement accélérer le rétablissement est diminuer la durée de la maladie, ce qui représente tout de même en avantage certain. Plutôt que de prescrire des médicaments, le chaman prépare des tisanes et des décoctions. Spécialiste des plantes médicinales, il sait comment atténuer les symptômes de plusieurs problèmes fréquents de la santé.
Il ne faudrait cependant pas sous-estimer la pertinence des rites de guérison. La mise en scène théâtrale qui entoure ces rites procure souvent au malade une sensation d’extase et un relâchement de la tension. Le malade se voit également rassuré par le chaman qui maîtrise des forces surnaturelles échappant généralement à l’emprise humaine.
*
Bien que le traitement ne soit pas toujours efficace sur le plan médical, l’état d’esprit enduit c’est le malade peut jouer un rôle crucial dans sa guérison. Lorsque on est atteint d’un vilaine rhume, peu importe le type de soins qui est privilégié, n’est-ce pas en soi bénéfique d’avoir à ses côtés un être cher qui prend soin de soi ? En cas d’infections mineures, on peut se demander s’il n’est pas préférable d’être accompagné par un chaman bien intentionné que l’on connaît, plutôt que d’être allongé sur une civière et entouré d’étrangères au service d’urgence d’un hôpital.
La fonction de chaman n’est cependant pas sans risque. Celui qui possède autant de capacités et de pouvoirs peut agir en mal comme en bien et devient donc potentiellement dangereux. Le groupe peut interpréter les trop nombreux échecs du chaman comme une preuve de sa mauvaise pratique et ainsi le chasser, voire le tuer. Inversement le chemin peut contribuer au maintien de l’ordre grâce à sa capacité de repérer de punir les individus malfaisants.
Voir aussi :
