Marché Maisonneuve dans l’arrondissement montréalais Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Marché Maisonneuve : De la campagne à la ville
Construit entre 1912 et 1914, le Marché Maisonneuve accueille à ses débuts quelque 3 000 agriculteurs par année, ce qui en fait l’un des plus importants marchés de détail de Montréal. Il abrite alors des épiceries ainsi qu’une vingtaine d’étals de bouchers et de poissonniers équipés de réfrigérateurs, les premiers de Maisonneuve. À l’extérieur, des cultivateurs des environs de Montréal font étalage des odeurs et des saveurs de leur campagne: poulets et dindons vivants animent les présentoirs bigarrés ou entassent fruits et légumes de toute sorte à côté des produits laitiers et de ceux de l’érable.
En 1932, des arches extérieures sont construites dans le cadre des projets gouvernementaux de lutte au chômage. Les maraîchers et les horticulteurs y prennent place à proximité de la Fermière, une fontaine en bronze signée Alfred Laliberté.
Dans les années 1960, la venue des supermarchés sonne le glas de plusieurs marchés publics montréalais, tant et si bien que celui de Maisonneuve ferme ses portes en 1962.
Depuis 1980, le Centre culturel et sportif de l’Est, un important centre communautaire de quartier, occupe l’ancien marché Maisonneuve. En 1995, on inaugurait un nouveau marché public sur l’ancien site des arches.
Un édifice de style
Construit dans l’axe du boulevard Morgan, le marché est le plus imposant édifice de Maisonneuve. Il présente une architecture de style Beaux-Arts ponctuée d’éléments de style Second Empire. Telle la toiture flanquée de quatre tourelles cornières à quatre pans. Il s’agit de l’œuvre la plus originale et la plus personnelle de Marius Dufresne, ingénieur de la ville de Maisonneuve. Les quatre murs extérieurs du marché sont en pierre de taille, contrairement aux autres édifices de la municipalité dont seule la façade est faire avec ce matériau. Ainsi, même pour les voyageurs qui empruntaient la voie ferrée située à l’arrière, l’édifice imposait sa magnificence.
Le marché Maisonneuve est un lieu de rassemblement animé. Sa vaste salle accueille des assemblées politiques, des événements culturels, voire des matches de boxe. La célèbre chanteuse populaire Mary Tavers, alias la Bolduc, y triomphe à plusieurs reprises. Cette Gaspésienne légendaire, première véritable auteure-compositeur-interprète du Québec. Agrémente de « turlutage » ses quelque 300 chansons remplies d’humour – « un un bouton sur la langue », « Toujours l’R 100 », « Le jour de l’an… » Plusieurs d’entre elles évoquent la dépression des années 11930 et la misère qui accable les petits gens. C’est dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve que la chanteuse élit domicile. Atteinte de cancer, elle s’éteint à l’Institut du radium (logé à l’époque dans l’ancien hôtel de ville de Maisonneuve), le 20 février 1941. Elle n’a que 46 ans.