Maison Dubuc
Cette maison de trois étages qui évoque les châteaux de la Renaissance française a été commandée par Arthur Dubuc (1847-1895), premier propriétaire de l’immeuble dès 1894, mais qui est décédé en 1895. La maison est vendue par sa succession en 1901.
Située dans le quartier francophone bourgeois de l’époque, la maison réunit dans un ensemble exubérant plusieurs des traits de l’architecture éclectique victorienne de la fin du XIXe siècle. La composition de la façade principale met l’emphase sur l’asymétrie, sur les jeux de saillies et sur l’agencement de formes et de styles différents pour créer ainsi un effet de spontanéité, de variété et d’opulence.
La Maison Arthur Dubuc est un modèle du pittoresque et de l’ornementation fantaisiste qui marquent le style victorien tardif. Un grand oriel s’élève du soubassement jusqu’au premier étage. On y remarque une tourelle en saillie et un porche d’entrée au volume cubique d’inspiration néo-romane. Le toit conique de la tourelle, le pignon ornementé de la lucarne au-dessus du porche d’entrée et le pignon à redent d’influence hollandaise forment une silhouette de toit irrégulière et dramatique qui est l’un des éléments les plus caractéristiques de l’éclectisme des deux dernières décennies de l’architecture victorienne.
Bien que la maison s’inscrive dans le style château, une analyse plus attentive révèle qu’elle combine plusieurs composantes d’époques et de pays variés témoignant d’une interprétation libre des modèles historiques.
Arthur Dubuc fut représentant du quartier Saint-Louis au conseil de Ville de Montréal 1879 à 1894. Maçon et entrepreneur en construction, il s’associe avec Élie Plante, également maçon et entrepreneur, sous la raison sociale de Plante et Dubuc. Cette entreprise construit notamment l’édifice du Catholic Sailors’ Club, au 329 de la Commune Ouest, en 1883, et le Monument national, au 1182 Saint-Laurent, en 1893.
C’est en 1894 qu’Arthur Dubuc achète trois lots contigus du Séminaire de Québec, sur la rue Sherbrooke, au sud du quartier Saint-Louis.
Les plans de l’édifice ont été conçus et réalisés par l’architecte Alphonse Raza (1846-1903), très en demande à l’époque. C’est lui qui a réalisé aussi des édifices publics montréalais parmi les plus connus construits à la fin du XIXe siècle. C’est d’ailleurs lui qui a agrandi la maison des douanes de la place Royale (150 Saint-Paul Ouest), en 1881, et le bureau de poste du village de Saint-Henri (540 place Saint-Henri), entre 1890 et 1893.
La maison change de mains à plusieurs reprises par la suite. Remarquerons qu’entre 1912 et 1920, la résidence a été propriété d’Ucal-Henri Dandurand (1866-1941), promoteur immobilier et responsable – avec l’homme d’affaires Herbert Holt – du développement d’une grande partie du quartier Rosemont au début du XXe siècle, celui qui a nommé ce quartier en souvenir de sa mère Rose Phillips. Dandurand a aussi été impliqué dans le développement de Lachine, d’Outremont et de Verdun.
Le Club Canadien devient propriétaire de l’édifice en 1927 et l’agrandit avant d’y emménager. À l’occasion, l’architecte Lucien Parent conçoit une salle de réception au rez-de-chaussée, une salle de quilles au sous-sol et un ajout de deux étages à l’arrière de la résidence.
Un autre ajout de trois étages, toujours à l’arrière de la résidence, mais du côté ouest, est construit d’après les plans de l’architecte Charles Grenier en 1947. En 1964, on fait installer une cage d’ascenseur sur la façade ouest du bâtiment.
Le Club Canadien quitte les lieux en 1979, mais en reste propriétaire jusqu’en 1984. En 1993, la résidence est achetée par l’entrepreneur Béranger Lessard qui commande des travaux de restauration et de transformation de la maison en logements à l’architecte Charles Grenier.
La Maison Dubuc a été classée Monument historique par la Ville de Montréal en 1989.
Adresse de la Maison Dubuc : 434, rue Sherbrooke Est.
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